La famine s’est installée dans cinq nouvelles régions du Soudan déchiré par la guerre. C’est ce qu’a indiqué hier un rapport du système de classification de la sécurité alimentaire (IPC) utilisé par les agences de l’ONU, prévoyant une nouvelle propagation dans la région du Darfour d’ici le mois de mai 2025, rapporte l’AFP.
Au total, 638 000 personnes sont désormais confrontées à la famine dans trois camps de réfugiés du Darfour du Nord et dans les monts Nouba, dans le sud du Soudan, selon le rapport. En août, l’IPC a déclaré l’état de famine dans le camp de déplacés de Zamzam, au nord du Darfour. Une telle situation marque une aggravation alarmante de la faim et de la malnutrition au cours de la saison des récoltes, où les disponibilités alimentaires devraient être les plus importantes.
En l’absence d’un accès humanitaire immédiat et sans entrave et d’une aide internationale urgente, la famine risque de s’étendre davantage en 2025, menaçant la vie de millions de personnes, principalement des enfants, et exacerbant ce qui est déjà l’une des crises alimentaires les plus graves au monde. Les conflits, le déplacement des populations et la restriction de l’accès à l’aide humanitaire restent les principaux facteurs à l’origine de cette crise. Dans le camp de Zamzam, au Darfour-Nord, où la famine a été confirmée pour la première fois en août, la situation reste critique malgré quelques livraisons d’aide alimentaire humanitaire. La violence persistante et les difficultés économiques ont perturbé les marchés, déplacé des millions de personnes et porté les prix des produits de base à des niveaux inabordables pour la plupart des habitants.
Agir au plus vite
La prochaine vague de famine devrait commencer bien avant la prochaine saison des pluies (la période entre les récoltes où l’insécurité alimentaire augmente généralement) et l’accès humanitaire se heurte à la fois à des blocages provoqués par l’homme et à des problèmes logistiques. Il est essentiel d’agir immédiatement pour préparer des stocks d’approvisionnement afin d’éviter des souffrances humaines d’une ampleur sans précédent.
Par ailleurs, les zones de conflit intense, y compris certaines parties de Khartoum et d’Al Jazeera, pourraient déjà souffrir de la famine. Toutefois, l’absence de données fiables ou récentes dans ces régions ne permet pas de le confirmer. Il est donc urgent de procéder à de nouvelles évaluations pour confirmer l’ampleur de la crise et fournir l’aide humanitaire requise d’urgence. Le Soudan est déchiré par 20 mois de combats entre l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par des généraux rivaux, qui ont conduit à une terrible crise humanitaire.
La guerre, déclenchée en avril 2023, a tué des dizaines de milliers de personnes et déraciné 12 millions de Soudanais, créant ce que les Nations unies ont appelé la plus grande crise de déplacement au monde. Entre décembre 2023 et mai 2024, l’IPC a déclaré que 24,6 millions de personnes, soit environ la moitié de la population du Soudan, devraient être confrontées à «des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë».