Au Sahel central, composé du Mali, du Burkina Faso et du Niger, plus de 16 millions de personnes, affectées par le changement climatique et les conflits armés, ont besoin d’assistance humanitaire, selon un rapport publié hier par l’ONG américaine International Rescue Committee (IRC), relayé par l’AFP.
Ce chiffre «sans précédent» constitue «une augmentation de 172% depuis 2016», indique l’IRC, qui ajoute que «les trois pays ne représentent que 0,9% de la population mondiale mais 5% des besoins humanitaires mondiaux». Le Burkina Faso, le Mali et le Niger sont confrontés à des violences djihadistes meurtrières sur plusieurs pans de leur territoire, depuis près d’une décennie.
En parallèle, une grande partie du Sahel central «est hautement exposée aux changements du climat. Les températures s’élèvent 1,5 fois plus vite que dans le reste du monde et une augmentation d’entre 2 et 4,3°C est prévue d’ici 2080», indique le rapport. Des saisons sèches «plus longues» où des inondations «bouleversent l’agriculture», qui fait vivre «78% de la population» dans cette région.
Un «cercle vicieux», selon l’IRC, qui souligne que le changement climatique et la pauvreté augmentent le risque de conflits armés, qui accroissent encore cette dernière. L’ONG ajoute que cette crise multiple, qui touche notamment les femmes de manière «disproportionnée», «force les populations à quitter leur maison et détruit leurs sources de revenus».
Près de 3 millions de personnes sont déplacées, dont 2 millions rien qu’à l’intérieur du Burkina Faso, écrit l’organisation. Le rapport pointe également «la faible capacité» des trois Etats, parmi les dix les moins développés au monde, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), cité par le rapport. Selon l’IRC, cette situation humanitaire est tant due aux «autorités coloniales françaises», qui ont «négligé» le développement de certaines zones rurales, qu’aux gouvernements post-indépendance.
L’ONG souligne enfin que de «fréquents coups d’Etat», 17 au Sahel central, depuis 1960, ont bouleversé les politiques économiques et poussé les gouvernements à concentrer leurs dépenses dans la défense. Elle recommande de fournir une aide humanitaire immédiate aux pays du Sahel central, en y améliorant notamment l’accès.