Selon les talibans : L’interdiction aux femmes de travailler est une affaire interne

29/04/2023 mis à jour: 01:01
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L’interdiction faite aux femmes afghanes de travailler avec les Nations unies est une «affaire sociale intérieure» à l’Afghanistan, a réagi hier le gouvernement taliban, après l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution la dénonçant, rapporte l’AFP. 

Les 15 membres du Conseil de sécurité ont voté jeudi à l’unanimité une résolution condamnant en particulier la décision prise début avril par les autorités talibanes d’étendre aux Nations unies une interdiction empêchant les ONG d’employer du personnel féminin afghan, laquelle «compromet les droits humains et les principes humanitaires».

«Conformément aux lois internationales et à l’engagement fort des Etats membres (de l’ONU) de respecter les choix souverains de l’Afghanistan, c’est une affaire sociale intérieure à l’Afghanistan, qui n’a pas d’impact sur les Etats extérieurs», a répondu dans un communiqué le ministère afghan des Affaires étrangères. «Nous restons engagés à garantir tous leurs droits aux femmes afghanes, tout en soulignant que la diversité (des opinions) doit être respectée et non politisée», a ajouté le ministère. 

Le Conseil a aussi lancé un appel plus large au gouvernement taliban pour qu’il «revienne rapidement» sur l’ensemble de ses politiques restreignant les libertés fondamentales des femmes et exhorté «tous les Etats et organisations à utiliser leur influence» pour obtenir leur annulation. 

«Le monde ne restera pas silencieux pendant que les femmes en Afghanistan sont effacées de la société», a commenté l’ambassadrice des Emirats arabes unis Lana Zaki Nusseibeh, qui a rédigé le texte avec le Japon. Un peu plus tôt dans la journée, un haut responsable taliban Anas Haqqani a indiqué sur son compte Twitter que «le Conseil de sécurité ne devrait pas continuer à appliquer la politique de pression qui a échoué». Et «toute position adoptée qui n’est pas basée sur une compréhension profonde (de l’Afghanistan) ne donnera pas les résultats escomptés et sera toujours inefficace», a ajouté A. Haqqani, qui n’occupe pas de poste officiel mais est le frère de l’influent ministre de l’Intérieur, Sirajuddin Haqqani. 

Il a également appelé le Conseil à renoncer aux sanctions diplomatiques et financières ciblées, qui «équivalent à une punition collective» de tous les Afghans. L’ambassadeur russe, Vassili Nebenzia, malgré son vote favorable à la résolution, a regretté que les Occidentaux aient «bloqué» une approche plus «ambitieuse» notamment sur la question des sanctions financières. «Si vous êtes sincères, pourquoi ne pas rendre les avoirs volés, sans précondition», a-t-il observé.

Après le retour au pouvoir des talibans en août 2021, Washington a gelé 7 milliards de dollars d’avoirs de la Banque centrale afghane déposés aux Etats-Unis. En septembre, les Américains ont annoncé la création d’un fonds en Suisse pour gérer la moitié de ces avoirs. Amnesty International a accueilli vendredi avec satisfaction le vote de la résolution, mais a aussi observé que le texte «échoue à présenter des mesures concrètes» que les Etats membres de l’ONU pourraient prendre pour aider à restaurer les droits des Afghanes.

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