Confrontée à une situation de stress hydrique en raison des changements climatiques, l’Algérie place tous ses espoirs sur le dessalement de l’eau de mer, une option coûteuse et énergivore, pour remédier au déficit important en matière de ressources en eau.
Le président Tebboune a insisté, avant-hier, lors de la réunion du Conseil des ministres, sur l’impératif d’accélérer l’entrée en exploitation des cinq stations de dessalement. Après avoir suivi un exposé sur le diagnostic relatif à l’eau potable dans les wilayas d’Alger, Oran et Constantine, le président de la République a affirmé que la «sécurité hydrique en Algérie ne saurait se réaliser sans le dessalement de l’eau de mer, d’où l’impératif d’accélérer l’entrée en exploitation des cinq stations de dessalement», a indiqué un communiqué du Conseil des ministres.
Le chef de l’Etat a donné des instructions pour l’«arrêt de toutes les opérations de forage de puits destinés à approvisionner les réseaux d’alimentation avec les eaux souterraines, dans l’objectif de préserver les réserves stratégiques et de protéger la flore contre les risques écologiques».
A en croire Karim Hosni, ministre des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique, la réalisation de stations de dessalement de l’eau de mer était l’unique option pérenne pour venir à bout du problème des perturbations dans l’alimentation en eau potable.
Pour ce faire, il a demandé l’accélération des travaux de construction de cinq stations réparties dans la région nord du pays : Tipasa, Boumerdès, Béjaïa, El Tarf et Oran. Ces unités auront une capacité de production de 300 000 m3/jour chacune.
Le projet de réalisation des unités de dessalement d’eau de mer a été décidé dans le cadre d’un plan national, mis en place par le gouvernement. Elles vont permettre d’augmenter la contribution de l’eau dessalée à hauteur de 70% des ressources globales de la capitale.
Le groupe Sonatrach participe à la mise en œuvre du programme d’urgence de réalisation de ces unités. En juillet 2021, un partenariat entre deux filiales du groupe, Algerian Energy Compagny (AEC) et la Société nationale de génie civil et bâtiment (GCB), a été conclu avec la société Cosider canalisation pour la réalisation de trois stations de dessalement à Bordj El Kiffan, El Marsa (Alger) et Corso (Boumerdès).
Mohammed Arkab, ministre de l’Energie et des Mines, avait souligné qu’un plan d’urgence prévoyait dans une première phase la réalisation d’une unité d’une capacité de 250 000 m3/j à Alger-Ouest, d’une deuxième à Cap Djenat de 400 000 m3/j et d’une troisième de 250 000 m3/j à El Tarf.
L’objectif est d’implanter, d’après lui, une station de dessalement dans chaque wilaya côtière. Cependant, l’option prise par l’Etat en faveur du dessalement de l’eau de mer aura des conséquences sur la consommation nationale d’énergie, qui évolue de +10% en moyenne annuelle ces dernières années, selon des experts.
Les stations de dessalement sont énergivores car le fonctionnement de ces usines nécessite une grande quantité d’énergie électrique, produite essentiellement par le gaz naturel.
Pour rappel, le programme national de dessalement, lancé en 2003, prévoyait la réalisation de 13 stations de dessalement d’une capacité nominale totale de 850 millions de mètres cubes par an, et devant desservir 8 millions d’habitants. Jusqu’ici, seulement 11 stations ont été réalisées et mises en service, dont le coût a atteint 2,9 milliards de dollars.