Secteur des forêts à Boumerdès : Un précieux patrimoine à protéger

24/08/2022 mis à jour: 00:01
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Photo : D. R.

Les forêts couvrent 23 000 ha, soit 16% de la superficie de la wilaya de Boumerdès.

Réputée pour être une wilaya côtière par excellence, Boumerdès compte aussi de belles forêts. Les plus importantes sont celles d’El Kahla à Larbatache, Béni Khalfoun à Chabet El Ameur, Mizrana, Sahel de Zemmouri et celle de l’oued Chender près de Naciria. La préservation de ce précieux patrimoine, jusque-là épargné par les grands incendies, doit être la préoccupation de tous. Les forêts couvrent 16% de la superficie globale de la wilaya, soit 23 000 ha, a-t-on appris à la Conservation des forêts.

En proie à de multiples agressions, ces étendues du couvert végétal se réduisent d’année en année, d’où la nécessité de renforcer les moyens de leur protection et, pourquoi pas, œuvrer à la reconstitution des superficies détruites par les incendies et la main irresponsable de l’homme. Cette année, la wilaya n’a pas vraiment été touchée par les feux de forêt. La Protection civile y a dénombré 37 départs de feu ayant ravagé une superficie de 56,5 ha dont plus de 80% sont des maquis et de la broussaille.

Mais il est encore trop tôt pour crier victoire. «L’année passée, nous avons passé un été relativement calme, mais la catastrophe est survenue à la dernière minute sur les hauteurs de Béni Amrane et Tidjellabine. Souvenez-vous que cette région a été réduite en cendres dans la soirée du 13 septembre 2021.

On y a enregistré plus de 20 blessés et plusieurs maisons avaient pris feu. C’est pourquoi nous ne devons pas baisser la garde. L’été est toujours là», souligne Hocine Bouchachia, chargé de communication de la Protection civile.  Revenant aux forêts, la plus vaste à travers la wilaya se trouve sur les hauteurs de la Larbatache. Elle s’étend sur 1476 ha dont la plus grande  partie est située aux alentours du barrage de Keddara, offrant une vue panoramique sur le plan d’eau et la plaine de la Mitidja.

On y trouve surtout du pin d’Alep et du chêne liège. Comme à Sahel de Zemmouri, Naciria ou Harrour à Khemis El Khechna,  cette forêt fait l’objet d’actes d’abattage au quotidien. «C’est l’une des premières forêts qui ont été créées à l’échelle nationale dans le cadre de la politique de reboisement. Même le président Ben Bella avait assisté à l’opération de plantation d’arbres, mais les autorités ne font rien pour la préserver. Même les pistes n’ont jamais été aménagées.

En cas d’incendie, les pompiers auront du mal à y accéder», dira Hassan, un ex-élu à l’APW, précisant que le programme d’ouverture de pistes semble bloqué depuis plusieurs années à cause du manque de crédits. Le nombre (9) de tranchées pare-feu à travers la wilaya reste le même depuis plusieurs années, a-t-on encore appris.

En 2021, la Conservation des forêts a bénéficié d’une enveloppe de 17,82 millions de dinars. Néanmoins, seulement 7,38 ont été consommés. Durant la même année, l’APW a accordé une enveloppe de 3,37 millions pour l’acquisition de moyens de désherbage Cette aide reste aussi à ce jour dans les caisses, selon le rapport du dernier compte administratif.

Même les projets portant aménagement de sites de récréation dans les forêts de Bouarbi de Dellys, Baghla (Bordj Menaiel) et Ouled Salem (Khemis El Khechna) semblent tombés à l’eau malgré l’achèvement des études techniques. Quand une administration met des années pour réaliser une petite opération comme l’ouverture d’une piste, il est illusoire d’attendre d’elle de mettre un terme au phénomène d’abattage des arbres.

A Sahel, ce genre d’infraction n’a jamais cessé. A défaut de préserver la flore de ce magnifique site d’une superficie de 309 ha, les autorités ont eu le loisir de céder une partie de la forêt au secteur du tourisme. Comme si les parcelles octroyées pour l’Enpi n’ont pas suffi.

Des parcelles où ont été érigés des villas et des bungalows au profit de  hauts responsables et de membres influents de l’ancien régime.

Jardins publics à l’abandon

Après les plages, les jardins publics constituent la 2e attraction des familles à Boumerdès. Mais l’aménagement de ces espaces de détente ne semble pas figurer parmi les priorités des autorités locales. Même les jardins du chef-lieu de wilaya n’échappent pas à la règle.

En juin dernier,  l’APC de Boumerdès a dégagé une enveloppe financière de 16 millions de dinars pour embellir les jardins Ennasr et celui du 21 Mai, mais cet argent n’a pas servi à grand-chose, estiment des habitués de ces lieux très prisés par les estivants. «C’est du bricolage. On y a fait juste des travaux de peinture et installé quelques toboggans et des chaises.

Rien de plus. Ce type d’opération est mené chaque année. Parfois, les gens s’assoient à même le sol car même le gazon a fini par disparaître parce qu’il n’est jamais taillé ou arrosé», déplore un père de famille. En 2017, au moins 16 points d’arrosage ont été réalisés pour assurer l’entretien régulier de ces lieux de repos.

Cela n’a jamais été fait malgré les moyens dont dispose la commune ou l’Epic de wilaya Madinet. Ailleurs, loin des édifices officiels et des regards des hauts responsables, les espaces verts sont complètement abandonnés. C’est le cas du jardin jouxtant le Titanic qui se trouve dans un état lamentable en dépit des requêtes des résidants des cités alentour qui n’ont jamais eu de cesse de réclamer son aménagement.

Dans les autres villes, la situation est critique. La wilaya compte une trentaine de jardins publics, mais la quasi-totalité est infréquentable. Aux Issers, les deux jardins qui, jadis, constituaient les lieux de repos idéals pour les personnes du 3e âge sont totalement abandonnés. Réalisée en 1930, La place des Marins, sise près de la gare ferroviaire, est envahie par les herbes sauvages tandis que le jardin de la haute ville ressemble plutôt à un dépotoir. R. Kebbabi 

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