Mustapha Zerhouni, responsable local de l’Office d’alphabétisation et d’enseignement des adultes, a affirmé qu’une stratégie implacable est actuellement menée pour maximaliser le pourcentage d’alphabétisation, notamment dans les régions les plus reculées de Tiaret.
Après la rentrée des classes dans l’éducation nationale, celle de l’enseignement et la formation professionnelle, l’office national d’alphabétisation et d’enseignement des adultes a elle aussi inauguré sa rentrée des classes 2024/2025. Cérémonie sobre et empreinte de cordialité tenue, dimanche, au niveau du musée du moudjahid pour donner le coup de starter à la 17e session de formation.
«La wilaya de Tiaret a fait, elle, et depuis 2008, un saut qualitatif dans la lutte contre cet analphabétisme, grâce à une stratégie nationale ambitieuse», dira Mustapha Zerhouni, responsable local de l’ONAEA. «Stratégie nationale qui a été pour beaucoup dans la donne dans cette quête de promouvoir l’alphabétisation dans une région où certains endroits sont un terreau propice à l’abandon voire à la non-scolarisation d’enfants en âge d’aller à l’école» dira notre interlocuteur.
Quand on a été voir le siège de cet Office, il y a quelques semaines, non sans avoir pris rendez-vous, plusieurs fois, l’on a été face à une réalité implacable : cette institution, il faudrait bien la qualifier ainsi, bien qu’elle reste un appendice du système éducatif national ne semble pas bénéficier, paradoxalement, des sollicitudes du mouvement associatif local. Installé à l’étage de la bibliothèque municipale à la cité «El Manar», en périphérie du centre-ville, le centre d’alphabétisation semble relégué en marge de la vie quotidienne, loin de l’accessibilité qu’exigerait sa mission fondamentale. Cela souligne à la fois l’emplacement excentré et son inadéquation avec sa fonction ô combien salvatrice.
Qu’à cela ne tienne, Mustapha Zerhouni nous a reçu avec un sourire large et sincère car «peu de médias en dehors de la radio l’ont jusque-là sollicité», assène-t-il. Et pour cause, il n’a pas été par quatre chemins pour mettre en lumière les efforts déployés pour réduire l’analphabétisme depuis 2008, dix années après la création de l’annexe.
Maximaliser le taux de scolarisation
L’objectif, dira notre interlocuteur, étant de «maximaliser le taux de scolarisation d’enfants en âge d’être scolarisés, actuellement estimé à plus de 97% dans la wilaya», dira en préambule ce responsable qui ajoute que «l’une des approches majeures consiste en plus de maximaliser le taux de scolarisation, la réduction de l’échec scolaire qui reste aussi au centre des priorités».
«Stratégie veut dire ‘approches’, celle préventive et celle curative», quand bien même, il y ait une volonté de l’Etat de «garantir l’encadrement, assurer transport, cantine et même un suivi sanitaire pour les élèves». «Malgré ces efforts, entre 2 et 3 % des enfants échappent encore au système scolaire, souvent à cause de situations sociales précaires, notamment parmi les familles transhumantes au sud de la wilaya», regrette notre interlocuteur. Pour répondre à ce problème, «des solutions comme les classes mobiles ont été proposées et seraient même envisagées», plaide-t-il.
Pour assurer les cours, l’Office dispose de 137 établissements scolaires, de 29 collèges ainsi que de classes dans 9 mosquées, 6 maisons de jeunes et même dans un foyer pour personnes âgées et handicapées (FPPAH). «En 2023, 426 apprenants, dont une majorité de femmes, ont participé à ces cours d’alphabétisation, répartis en niveaux 1 et 2 et un certificat d’études de base a sanctionné leurs parcours».
Cela a permis à beaucoup d’apprenants de s’inscrire en première année moyenne dans le CNEG et des établissements du genre. Pédagogiquement parlant, le programme spécifique est assuré par 425 enseignants, dont 398 contractuels avec l’aide de bénévoles. Des résultats encourageants sont enregistrés puisque «le taux d’analphabétisme, qui était de 30% en 1998, est tombé à 11,73% en 2023 localement alors que celui national est estimé à 7,40%». Depuis sa création, l’Office a accueilli plus de 73 000 apprenants.
En plus de l’enseignement de la langue arabe et des mathématiques, l’Office s’est engagé dans un processus de numérisation pour moderniser son approche et s’aligner sur les autres institutions éducatives et, malgré des ressources humaines limitées, l’Office continue de jouer un rôle clé dans la réduction de l’analphabétisme, offrant aux apprenants des opportunités diverses et à d’autres de se libérer des pesanteurs sociales et sociologiques. Il constitue pour certains une planche de salut si l’on évoque des cas de réussite enregistrés. Les inscriptions pour la présente session ont débuté le 30 juin et seront clôturées le 31 décembre.