Second tour des législatives en France : La gauche remporte le scrutin, l’extrême droite est défaite

08/07/2024 mis à jour: 01:02
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Photo : D. R.

Le scrutin a réservé hier un magistral retournement de situation avec la défaite cuisante du bloc RN. En tête, le Nouveau Front populaire renverse la table en décrochant une majorité relative. Autre surprise, le camp présidentiel reste puissant en deuxième position.

La perspective de l’extrême droite «a repolitisé beaucoup de gens», notait le site de Libération hier soir. Vers un vote de gauche. Les chiffres livrés hier soir à 20h l’indiquaient. La Chambre parlementaire sera ingouvernable mais avec une tendance à gauche, alors que tous les sondages donnaient le Rassemblement national en tête !

Le RN qui reçoit une tannée monumentale et finit en troisième position derrière le camp présidentiel d’Ensemble pour la République. Cependant, à écouter les toutes premières réactions hier soir après les premières estimations, la France entre dans une ère de turbulences. Politique d’abord. Quel gouvernement pour la France ? Telle était la question sous-tendue après la sanction inédite du second tour des législatives, qui donne l’avantage à la gauche qui grille la politesse à l’extrême droite.

Car le président de la République, Emmanuel Macron, est désormais minoritaire et devra nommer un nouveau Premier ministre dans le camp des vainqueurs. «Le Président a le devoir d’appeler le Nouveau Front populaire à gouverner», déclarait dans la foulée des résultats Jean-Luc Mélenchon.

Une situation politique nouvelle

En ce mois de juillet 2024, la France est dans une situation jamais expérimentée, puisqu’aucune majorité absolue ne s’est dégagée alors que la participation des votants aura été exceptionnelle, aux alentours de 68%, jamais atteinte depuis 1997. Hier, La Tribune du dimanche titrait «L’impasse ?» et le Journal du dimanche affichait sur toutes les colonnes «Ingouvernable».

Ces deux unes résumaient par anticipation les plateaux télévisés d’hier soir après l’annonce des résultats. Si le cauchemar RN est différé à plus tard, les menaces des extrémistes de droite sur la stabilité du pays demeurent, avec des milliers de policiers et gendarmes mobilisés. A Lyon et Paris, de nombreux commerces avaient d’ailleurs choisi de barricader leurs devantures contre la casse, notamment aux Champs-Elysées.

Les forces de l’ordre n’auront finalement qu’à canaliser la joie du peuple de gauche qui s’apprêtait à fêter sa victoire ; lui qui s’est engagé à fond, toutes associations confondues, pour éloigner le «R-haine», dans une remontada spectaculaire.

Une recomposition politique à venir 

Pour les candidats du Nouveau Front populaire, le résultat est détonnant, puisque entre 180 et 190 députés sont envoyés à l’Assemblée nationale. Avec une recomposition interne politique à venir, car des personnalités se sont affirmées.

Si Jean-Luc Mélenchon depuis 2017 a été le moteur de la reconstruction d’une force à gauche, d’autres tempéraments sont apparus l’incitant à prendre du champ – ce qu’il a toujours souhaité –, entre autres, François Ruffin, qui prend ses distances avec LFI et lorgne vers la ligne de la présidentielle de 2027 ; et Marine Tondelier, chef de file des Ecologistes, dont les prestations pendant la campagne ont révélé une battante. A droite et au centre, le LR (canal historique), UDI et MoDem réussissent péniblement à envoyer au Parlement 70 députés.

Un échec cuisant pour le RN

Quant au RN et ses alliés dissidents de LR, les premières estimations accordaient un maximum 152 députés. Un échec patent pour le RN qui se prétendait émanation du peuple. Marine Le Pen clamant avec prétention, le 30 juin au soir, que «quand le peuple vote, il gagne». 
Alors que son slogan était «L’alternance commence» et que son leader Jordan Bardella s’affichait en potentiel Premier ministre.

Il allait jusqu’à se mettre en scène dans l’entre-deux tours lors d’une conférence de presse qui avait toutes les apparences altières des grands rendez-vous du genre initiés par le général de Gaulle entre la fin des années 1950 et les années 1960.

Il va redescendre de haut. Le RN, placé aux portes du pouvoir le 30 juin dernier, devra donc pour l’heure rogner ses ambitions, mais il n’a jamais eu autant de députés et sa nuisance s’est renforcée. Ses millions d’électeurs se transformeront en millions d’euros d’argent public qui entreront dans les caisses chaque année. 

Cela l’aidera à financer ses actions politiques. Avec une telle défaite, le RN va-t-il se remettre en cause ? Pourra-t-il accéder à la magistrature suprême lors de la présidentielle prévue en 2027 ? Telles sont les clés de l’avenir politique inquiétant de ce côté de l’échiquier partisan. Les enjeux de la vie politique française vont connaître de nouveaux rebondissements dès cette semaine avec la place retrouvée de la gauche et le résultat honorable du camp macroniste. 

 

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