Sauvetage en mer : SOS Méditerranée contre les vagues de l’égoïsme

16/05/2024 mis à jour: 00:00
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L'équipe de l'ONG SOS Méditerranée a remporté une grande victoire - Photo : D. R.

Le conseil d’Etat français vient de trancher. Les aides des collectivités locales à l’association SOS Méditerranée sont légales et ne sont pas anormales.

Le Conseil de Paris avait en juillet 2019 entériné une subvention de 100 000 euros à l’organisation non gouvernementale (ONG) SOS Méditerranée qui affrète des navires pour sillonner la mer en vue de secourir les migrants naufragés. Des personnes opposées à ces secours maritimes ont porté ce vote devant la justice, ainsi que la subvention de 15 000 euros du Département de l’Hérault.

Ils ont gagné par deux fois à la barre du tribunal administratif. Mais la mairie de Paris ainsi que SOS Méditerranée avaient fait appel devant le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction pour les différents d’ordre administratif. L’instance a considéré que Paris, ou toute autre collectivité locale, étaient fondées à verser cette somme à l’association pour «mettre en œuvre ou soutenir toute action internationale annuelle ou pluriannuelle de coopération, d’aide au développement ou à caractère humanitaire».

Face au grand vent de l’égoïsme des pays européens de plus en plus fermés derrière leur  dispositif Frontex, rien n’a jamais empêché les migrants de tenter la traversée et d’affronter les vagues d’indifférence, secours ou pas ! Ainsi, la démarche humanitaire de SOS Méditerranée ne fait aucun doute.

Grâce aux bateaux Aquarius et Ocean Viking, des centaines de personnes ont été sauvées. Le Conseil d’Etat dénie ainsi tout but politique à l’ONG, au grand regret de ses opposants. Pour eux, on n’a pas à aider une action qui revient à encourager l’immigration illégale.

Sur ce point, l’analyse d’un contributeur du grand journal quotidien de la droite française, Le Figaro, dénonce le parti pris de débarquer les migrants « systématiquement sur la rive nord », alors que l’objet de SOS Méditerranée statutaire est de « les conduire au port le plus proche », écrit le rédacteur qui y voit « une dimension politique à son action : dénoncer le repli sur soi égoïste des pays occidentaux et d’en finir avec les frontières » Avec l’idée que le soutien en mer des humanitaires « incite les migrants à entreprendre une traversée périlleuse et facilite le négoce des passeurs ».

Plus de 2500 morts en 2023

Une position trop éloignée de la réalité des migrants qui n’ont pas besoin d’être encouragés pour entreprendre leur périple. On pourrait du reste se poser la question du nombre de morts supplémentaires qu’il y aurait en mer si des structures internationales de secours comme SOS Méditerranée n’étaient pas présentes. En 2023, plus de 2500 hommes, femmes et enfants sont morts ou disparus en Méditerranée, selon l’ONU. Une augmentation de 50% par rapport à 2022.

Du reste, l’ONG SOS Méditerranée est soutenue en France par 116 collectivités territoriales qui l’abondent pour 9% de son budget.  
Par ailleurs, le soutien à SOS Méditerranée ne s’est jamais démenti. Un dessinateur nommé Hippolyte a passé plusieurs mois à bord de l’Ocean  Viking où il a croqué en images des scènes du quotidien avec les personnes sauvées en mer et il a recueilli des témoignages.

Cela donne un album intitulé «Le murmure de la mer» (Les Arènes BD 2024) qui permet de donner chair à ces hommes et femmes qui tentent le tout pour le tout à leurs risques et périls pour une meilleure vie ailleurs.

A Marseille, le 23 mai prochain, à 21h, le dessinateur sera présent pour donner vie à son ressenti en dessinant et racontant en direct, au théâtre de la Criée (Vieux Port). Avec des invités comédiens et chanteurs, il s’agira d’une lecture de ces notes, dessins et histoires de traversée, accompagnée par des musiciens, en présence de Sophie Beau, directrice de l’Association de recherche et sauvetage en haute mer et un membre de l’équipage de l’Océan Viking.
 

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