Sauver le voilier du célèbre Jacques Brel : Une aventure de 15 ans pour deux frères flamands

31/07/2023 mis à jour: 22:14
AFP
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Le bateau de 20 mètres a été sorti de son hangar pour des travaux

Dans le port de Zeebruges, sur la côte belge, deux frères passionnés par le célèbre chanteur Jacques Brel veulent offrir une seconde vie à son voilier l’Askoy II, récupéré à l’état d’épave il y a quinze ans sur une plage néo-zélandaise.

A en croire Gustaaf et Piet Wittevrongel, ce projet «inouï» n’a jamais été aussi près de son but. Depuis juin, le bateau de 20 mètres pesant 40 tonnes a été sorti de son hangar pour les derniers travaux dans la cabine, l’aménagement d’une cuisine. La coque rouge et bleue semble comme neuve et sa première remise à l’eau, maintes fois retardée par les aléas d’un chantier très coûteux, est désormais programmée pour septembre, assurent les deux frères. Le mât est encore à l’horizontale. 

Il reste quelques interventions «techniques», explique Gustaaf, l’aîné. «Et puis le feu vert de l’inspection maritime, sans lequel on ne peut avoir de police d’assurance pour aller en mer.» Gustaaf et Piet Wittevrongel, aujourd’hui âgés de 84 et 75 ans, sont intimement liés à l’histoire de l’Askoy II, et de la traversée de deux océans jusqu’aux îles Marquises que Brel entreprend en 1974 avec ce yacht alors considéré comme un des plus beaux du monde. Avant de lever l’ancre à Anvers, c’est dans le commerce de voiles et de gréements, tenu par le père Wittevrongel, à Blankenberge entre Ostende et  Zeebruges, que le chanteur-aventurier (1929-1978) vient s’équiper.
 

«Naufrage en Nouvelle-Zélande»  

Gustaaf y travaille alors comme apprenti. Il raconte qu’il ne reconnaît pas Brel quand ce dernier passe la porte du magasin familial, «à l’improviste, sans s’annoncer». «Je ne savais pas qui me parlait. Je lui dis que son achat va se chiffrer en centaines de milliers de francs belges... Quand il me dit son nom, je comprends qu’il a les moyens de s’offrir un jeu de voiles», poursuit l’octogénaire dans un éclat de rire. «Alors on a fait les voiles pour lui.» Sur l’Askoy II, qu’il a acheté d’occasion à un homme d’affaires anversois, l’auteur de Ne me quitte pas emmène sa compagne Maddly Bamy, avec laquelle il passera la fin de sa vie aux Marquises. Le bateau a eu une vie mouvementée après que Jacques Brel (1929-1978), qui s’était mis à l’aviation, a décidé de le revendre en Polynésie. Selon les Wittevrongel, il y a eu au moins trois autres propriétaires, «des hippies, des trafiquants de drogue etc.». Avec le temps, la trace du voilier se perd dans le Pacifique, avant de réapparaître au début des années 2000 au détour d’une discussion à la Fondation Brel à Bruxelles, lors d’un hommage au «Grand Jacques». Les frères apprennent que le voilier a fait naufrage en Nouvelle-Zélande où il a ensuite été abandonné.
 

«Retourner aux Marquises» 

Désensabler l’épave rongée par la rouille paraît hors de portée. 
Un amateur belge de yachting a caressé un temps le projet, mis de côté faute d’argent. Les frères Wittevrongel, eux, ne se laissent pas décourager, et décident de relever le défi avec l’aide d’entrepreneurs néo-zélandais qui apportent grues et bulldozers. Et celle d’un transporteur maritime qui accepte de ramener gratuitement de Tauranga (près d’Auckland) vers Anvers la coque du voilier calée entre deux conteneurs. Dans le hangar de Zeebruges, un mur entier de photos témoigne du moment mémorable que fut ce chantier sur une plage des antipodes. «Avant le retour de la marée haute qui l’inondait, on n’avait que quatre heures pour voir le bateau et creuser, tirer, pomper», poursuit Gustaaf. «On a fait ça trois jours et on l’a sorti.» En avril 2008, l’Askoy II était de retour en Belgique. 

Désormais, les deux frères rêvent de le faire de nouveau voguer sur un océan. L’intérieur a été réaménagé avec des couchettes supplémentaires. «Brel l’a fait à deux, mais il faut au minimum six équipiers si on veut retourner aux Marquises dans le futur», lâche Piet Wittevrongel.
 

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