Plusieurs salles de soins sont squattées ou fermées à cause du manque de personnel médical ou du laxisme de certains responsables locaux.
La santé de proximité reste un vain mot dans plusieurs localités de la wilaya de Boumerdès. Parfois, ce ne sont pas les infrastructures qui manquent. Des efforts et des progrès considérables ont été accomplis dans ce domaine, mais cela s’est avéré insuffisant. A Chabet El Ameur, trois salles de soins sont fermées, faute de personnel médical ou à cause de réserves que les autorités locales peinent encore à lever.
Le cas de la salle de soins construite en 2016 à Aït Saïd est édifiant. «Cette salle n’a pas été ouverte parce qu’on a découvert un câble électrique au niveau des escaliers. L’APC a mis plus de 5 ans pour demander à Sonelgaz de le déplacer. Entretemps, la structure s’est nettement dégradée et a subi des actes de saccage.
Maintenant, il faut lui consacrer un budget pour sa réhabilitation», s’indigne un habitant. A Aït Ali, la salle de soins est occupée par une famille alors que celles d’Ouled Bentafat et Ouled Boudoukhane nécessitent des travaux de mise en conformité, indique un élu à l’APC. «Parfois, on oublie qu’il y a une salle de soins chez nous. Pour une simple injection ou changement de pansement, on est obligés de se rendre à la polyclinique du chef-lieu», se plaint un retraité de Socothyd.
Aujourd’hui, même les responsables du ministère admettent que ces structures de proximité sont le maillon faible du système de santé. En avril 2023, le ministre avait instruit toutes les directions de wilaya de remédier à cette situation, rappelant que «l’amélioration des soins de proximité constitue l’une des priorités du secteur».
Mais la tâche est loin d’être aisée et sa réussite implique l’adhésion d’autres acteurs, comme les APC et les organismes intervenant dans la réalisation des salles de soins. A Naciria, ce sont les habitants des hauteurs de Sidi Ali Bounab qui souffrent en matière d’accès aux soins de base. «La situation était nettement meilleure dans les années 1980», avoue Hamid (42 ans), habitant à Iwaryachen. «A l’époque, il y avait même un bureau de poste ici.
La salle de soins était opérationnelle, mais elle a cessé de fonctionner au début du terrorisme et n’a, depuis, plus jamais rouvert. Elle a été aménagée par l’APC avant d’être squattée par une famille», poursuit-il. Boualem Khelladi, vice-P/APC, jette la balle à la direction de la santé. «Il ne reste que l’affectation du personnel pour la mettre en service.
Les équipements ont été acquis et la famille en question sera relogée provisoirement dans un logement à l’école primaire», souligne-t-il. Les villageois ne demandent pas trop. «Un médecin une fois par semaine pour la vaccination et un infirmier pour les soins de base suffisent», glisse Slimane (49 ans).
Ailleurs, dans d’autres villages, comme Chender, Boudjlal El Ghorf et Taâzibt, la santé de proximité est réduite au strict minimum. «Même l’infirmier ne vient pas tous les jours», fulmine Saïd.
A Ighmorassen, dans la commune des Issers, la salle de soins réalisée dans les années 1980 est livrée totalement à l’abandon, ce qui contraint les villageois à effectuer de longs déplacements pour une moindre consultation.
Même problème à Khemis El Khechna où de nombreux villageois ont protesté récemment devant le siège de la wilaya pour exiger, entre autres, l’ouverture de la salle de soins d’Ouled Ali fermée depuis plus de quinze ans.
Au lieu de réhabiliter cette salle, en vue de la mettre en service, l’APC a construit une autre structure similaire au village voisin d’Ellouz. Mais son ouverture n’est pas pour demain.