Saison estivale à Jijel : Une déferlante exceptionnelle

29/08/2022 mis à jour: 05:25
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Photo : D. R.

La wilaya a enregistré des records jamais réalisés en matière d’accueil d’estivants venus de l’intérieur du pays où la moindre parcelle de plage n’a été laissée «en jachère».

Jamais de mémoire, la wilaya de Jijel n’avait connu par le passé la déferlante qui s’est abattue sur elle, comme celle de la présente saison estivale ayant vu la présence sur ses routes de pratiquement la quasi-majorité des plaques d’immatriculation des wilayas du pays. Celles qui manquaient au tableau pouvaient se compter sur les doigts des deux mains.

En ces jours d’été baignés de chaleur et de moiteur, on sentait avec le temps que quelque chose d’exceptionnel s’y produisait. Une sorte de libération après les deux précédentes années marquées par la pandémie de la Covid-19. Le même topo est relevé partout dans la wilaya, de Ziama Mansouria à l’ouest jusqu’au rivage de Oued Z’hour dans la commune d’El Milia à l’est, le moindre coin est désormais assailli par les estivants de l’intérieur du pays, avides de faire trempette.

Pas la moindre parcelle de plage n’a été laissée en «jachère», alors que la congestion de la circulation sur les routes a été, une fois encore, et plus qu’auparavant, l’un des points noirs de cette «souffrance estivale» pour les automobilistes qui devaient patienter parfois plusieurs heures pour parcourir une vingtaine de kilomètres.

Au chef-lieu de la wilaya, la situation a poussé à bout de nerfs plus d’un et on rend compte, hélas une fois encore, de l’utilité des deux trémies prévues dans la ville et qui auraient certainement amélioré la fluidité de la circulation. Pour le moment, leurs dossiers semblent dormir d’un bon sommeil dans les tiroirs.

Les sites de la région en bord de mer ou en montagne ont été investis par des dizaines de milliers d’estivants arrivées des wilayas de l’est, du sud et de l’ouest, faisant que cette fois-ci les bailleurs d’appartements et les hôteliers s’en sont tirés après deux années de vaches maigres. Des estivants que nous avons rencontrés se disent heureux des conditions dans lesquelles ils ont loué des appartements, en évitant les intermédiaires.

Des saletés partout et des prix en hausse

Les autres bénéficiaires de cette ruée vers le littoral sont les restaurateurs qui ont pratiquement travaillé à la chaîne, et dont certains ont eu la géniale idée de s’adapter à cet afflux en proposant des menus classiques à des prix abordables. Le «surtourisme» qu’a subi la région a été aussi marqué par un afflux d’estivants, dont les moyens se limitaient presque à cette seule volonté d’être au bord de la mer. La notion de vagabondage étant difficile à cerner.

La plage Kotama en a été la parfaite illustration. Elle s’est transformé pour l’occasion en un gigantesque terrain de camping informel sans aucune mesure avec les images que nous avions vues les années d’avant la pandémie de la Covid-19. D’où les appellations de «Plus grand hôtel de la wilaya» ou encore «Camps de réfugiés».

Une autre catégorie d’estivants s’est, quant à elle, contentée des espaces fournies par les camionnettes ou fourgons pour aménager des espaces pour passer la nuit, alors que pour d’autres, ce sont carrément les bords des routes qui servaient de lieu d’hébergement.

Outre la circulation automobile et les saletés qui ont investi le moindre coin, la cherté a atteint des niveaux insoupçonnés. Si cette frénésie de la mercuriale a débuté, il y a plusieurs mois, l’arrivée massive d’estivants a encore renforcé la tendance haussière des tarifs des produits de consommation.

Certains produits ont connu des hausses allant du simple au double. La sardine qui, d’habitude, devenait relativement «moins chère» en pareille saison s’est stabilisée cette année entre 600 et 800, voire 900 dinars, selon la qualité, bombant parfois le torse pour s’afficher à 1200 DA/kg.

Une tension sur l’huile de table s’est fait sentir de même que pour le pain, ces derniers temps, où la baguette à 10 dinars est devenue une denrée rare que certains justifient par une perturbation dans la distribution de la farine.

Mais on ne manquera pas à la fin de revenir sur un point négatif qui s’est reproduit cette année aussi, au grand bonheur de certains qui s’en réjouissent, mais qui a suscité, d’un autre côté, la plus grande désapprobation des amoureux de la nature meurtris de voir le site de Dar El Oued, qui fait partie du Parc national de Taza, classé en 2004 Réserve de la biosphère par l’Unesco, et plus précisément l’oued éponyme, transformé en «Salle à manger pieds dans l’eau», sans que l’on se soucie le moins du monde, ni de la perturbation de la faune ni de la destruction de la flore existante à ces endroits empiétés.                                   

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