Saddek Bourouina, handicapé moteur à Guelma : «Je suis emprisonné chez moi depuis 2016 !»

09/08/2023 mis à jour: 08:11
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Saddek Bourouina, natif de la ville de Guelma, cadre retraité du secteur des travaux routiers, est un septuagénaire handicapé moteur à 100% depuis 1985. 

Atterré par la maladie et la douleur qu’elle génère, l’homme n’a jamais cessé de crier aux autorités locales et à qui veut l’entendre son désir le plus hardant de pouvoir sortir de son domicile, quand bon lui semble, ne serait-ce que pour un bol d’air. Nous l’avons rencontré, hier, chez lui, au deuxième étage du bâtiment n° 29, porte n°06 de la cité Touahri Ahmed, sur les hauteurs de la ville. 

L’installation d’un monte-malade sur la façade de l’immeuble est l’unique solution pour mettre fin à son calvaire. Mais son vœu est resté vain! En effet, si la détresse a un visage, c’est celui de aâmi Saddek. Digne, mais le reflet de l’âme dans le regard en dit long sur sa blessure. «Je suis emprisonné chez moi depuis 2016. 

En surpoids et handicapé, je n’ai que mon épouse pour m’aider à changer de position sur mon lit. Si je dois me déplacer pour une consultation chez le médecin, il faut au minimum trois gaillards pour descendre l’escalier. 

Même le fauteuil électrique, dont j’ai bénéficié il y a quelques mois, je ne peux pas l’utiliser, faute de ne pouvoir descendre. Il est garé chez un ami ici dans la cité», révèle d’emblée l’homme assis inconfortablement sur son lit, les deux pieds enflés jusqu’aux genoux. 

Et de poursuivre : «Malgré mes démarches auprès des autorités locales compétentes et à tous les niveaux pour installer un monte-malade depuis la fenêtre de ma chambre au rez-de-chaussée, je n’ai reçu que des promesses verbales, des embrassades et des tapes amicales sur l’épaule. Pourtant, des assurances, j’en ai reçues, croyez-moi, notamment des walis que j’ai eu l’occasion de rencontrer lors des célébrations de journées dédiées aux handicapés. 

Certains ont été franchement favorables à mon projet et d’autres n’ont pas donné suite. Un wali avait instruit sur place pour que toute l’aide nécessaire me soit apportée, notamment financière.» Et de conclure : «Récemment, une commission est venue chez moi composée, si ma mémoire est bonne, du chef de daïra et proches collaborateurs. Visiblement,  rien n’a été engagé pour régler mon problème. Le P/APC m’a lui aussi donné des assurances de son soutien, mais sans plus. Les directeurs aussi, des DAS que j’ai eu à rencontrer, lorsque je pouvais le faire encore… mais rien ! » Ainsi, la solution au calvaire de Saddek Bourouina existe avec l’aménagement d’un monte-malade. 

Les correspondances, qui ont été adressées notamment celle à l’OPGI, en date du 20 octobre 2017 pour une autorisation, a essuyé un refus catégorique à l’époque pour des raisons «d’esthétiques» qui dénatureraient la façade de l’immeuble. «J’avais même contacté un fournisseur à Alger pour ce type d’équipement. Il m’a transmis une facture proforma que j’ai joint au dossier de l’OPGI», tient à préciser notre interlocuteur. 

Quoi qu’il en soit, c’est un véritable appel de détresse en direction du ministre de la Solidarité nationale, ainsi que celui de la Santé, que lance aâmi Saddek aujourd’hui, contrairement à celui lancé aux autorités locales dans un article paru en mars 2018 sur les colonnes d’El Watan. Il faut d’abord préciser que le logement, un F5, dans lequel vit cet homme avec sa famille est sa propriété. 

Ce qu’il demande aujourd’hui, au plus haut niveau de l’Etat, en plus de l’octroi d’une autorisation pour aménager son monte-malade avec une aide financière conséquente, est de bénéficier d’une assistance médicalisée à domicile, comme le prévoit la réglementation en de telles circonstances. 

Une doléance qui est restée lettre morte elle aussi à Guelma. «S’ils (les membres d’une éventuelle commission d’enquête) veulent venir me voir ici chez moi, qu’ils viennent constater de visu. Je suis joignable au 0660 809 419», nous lance l’homme dans un sursaut de force. A méditer ! 
 

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