Lorsqu’il s’agit de Wagner, Vladimir Poutine retourne régulièrement sa veste. Des variations particulièrement nombreuses depuis que le leader de la milice, Evgueni Prigojine, a lancé puis avorté une marche sur Moscou. Dernière version en date, «Wagner n’existe pas», comme l’a expliqué le chef du Kremlin au journal russe Kommersant.
Dans cet entretien, Poutine faisait pour la première fois le récit de sa réunion avec les cadres de Wagner, le 29 juin, au Kremlin. Une rencontre où était présent Prigojine, dont le sort après l’insurrection est resté flou pendant de nombreux jours.
«Lors de la réunion, j’ai évalué ce qu’ils avaient fait sur le champ de bataille [en Ukraine] et ce qu’ils avaient fait pendant les événements du 24 juin. Troisièmement, je leur ai montré les options possibles pour la suite de leur service, y compris l’utilisation de leur expérience de combat. C’est tout.»
Interrogé sur de futures collaborations entre la milice et l’armée régulière russe, Poutine a émis une réponse surprenante. «Eh bien, Wagner n’existe pas! Nous n’avons pas de loi autorisant les organisations militaires privées! Cela n’existe simplement pas !»
«86 milliards de roubles» versés
Si le chef de l’Etat assure que cette structure n’existe pas, la Russie lui a pourtant versé d’importantes sommes pour se rendre sur le front. Alors que Poutine s’exprimait à la télévision le 27 juin, quelques jours après l’insurrection avortée, il a reconnu avoir «entretenu» la milice.
«De mai 2022 à mai 2023, pour l’entretenir, l’État a payé à Wagner 86 milliards de roubles» (près d’un milliard d’euros), a indiqué Vladimir Poutine. Par ailleurs, Evguéni Prigojine, à travers sa société Concord, «a gagné 850 000 euros en fournissant la nourriture à l’armée» russe. Bientôt trois semaines après la rébellion avortée, les sorts de Wagner et de Prigojine restent brumeux. Les soldats devraient se mettre au service d’Alexandre Loukachenko et de la biélorussie mais n’ont, a priori, pas encore quitté leur camp. Le leader biélorusse avait également annoncé l’arrivée de Prigojine sur son sol, celui-ci étant finalement resté en Russie.
Les autorités américaines ne semblent pas le croire en sécurité. «Dieu seul sait ce qu’il va faire. Je ne suis même pas sûr où il est et quels contacts il a. Si j’étais lui, je ferais attention à ce que je mange. Je surveillerais le menu», a déclaré Joe Biden le 13 juillet.