Révolution ou gadget : L’IA générative de vidéos Sora divise les créateurs du net

09/03/2024 mis à jour: 03:25
AFP
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Une vidéo créée à partir de texte par Sora, la nouvelle IA d’OpenAI, le créateur de ChatGPT

Comme des millions d’internautes, Anis Ayari, ingénieur IA, a découvert avec fascination les quelques vidéos échantillons postées par la société californienne sur X le 15 février. «J’ai été choqué par leur qualité», confesse à l’AFP le jeune homme, plus connu sous le pseudonyme Defend Intelligence sur les plateformes Youtube et Twitch, où il diffuse des vidéos de vulgarisation de ces technologies. 

Si cette nouvelle IA générative n’est pas encore disponible pour le grand public, sa promesse fait rêver les créateurs : des vidéos réalistes d’une minute générées grâce à une simple phrase par un outil «capable de gérer des scènes complexes avec plusieurs personnages, des types de mouvements spécifiques et des détails précis», selon la start-up. «En tant que créateur de vidéos, je me sens peut-être un peu plus menacé à l’idée de voir une IA faire mon travail. Donc je suis particulièrement impressionné», a réagi sur Youtube l’Américain Marques Brownlee (18,5 millions d’abonnés).
 

Youtubeur virtuel  

«Ça va être un game changer (une révolution, ndlr)», pronostique Michael Ducatez, monteur pour les vidéastes français Micode (1,24 million d’abonnés) et Simon Puech (618 000 abonnés). «J’utilise déjà des IA de génération de vidéo comme Stable Video Diffusion», explique le jeune homme de 24 ans, qui pointe toutefois les limites de ces outils en termes de durée et de qualité. Parmi les usages les plus poussés qu’il anticipe, «générer une vidéo de quelqu’un qui ressemble» au vidéaste pour ensuite créer une sorte de double numérique, en combinant des IA recréant le visage et la voix. 

Un avatar qu’il pourra mettre dans les situations qu’il souhaite, assis à un bureau ou sautant en parachute. «Des Youtubeurs complètement virtuels ? Je pense que ça pourrait marcher», estime pour sa part Defend Intelligence, qui imagine d’ici quelques années une chaine Youtube secondaire animée par son «clone virtuel».  Michael Ducatez ne «crain(t) pas pour (son) travail» pour autant.

 Selon lui, ces IA resteront cantonnées au rôle d’assistant. Sora permettra notamment de créer des séquences d’illustration pour ses montages. «Un gain de temps, plutôt que d’aller chercher du stock footage», des vidéos génériques vendues sur Internet et massivement utilisées par les créateurs. «Ce qui fait les Youtubeurs, c’est leur personnalité, leur originalité. Et c’est un truc que (les IA) ne pourront jamais faire», conclut-il. Defend Intelligence voit également dans cet outil le début d’une «nouvelle ère pour Youtube» : «Ça va diminuer la barrière à l’entrée, avec le fait de payer pour du montage vidéo, d’avoir accès à des images de bonne qualité. Et ça je pense que c’est positif».
 

«Fatigue énorme»  

«La vraie question, c’est combien ça va coûter de faire une vidéo avec Sora, et est-ce que ça vaudra le coup ?», tempère le streameur Fibre Tigre, pour qui l’outil ne sera qu’un «gadget». L’animateur de l’émission «Game of Rôles» sur la plateforme de streaming Twitch a utilisé pendant plusieurs mois une IA générative pour illustrer en direct ses parties de jeux de rôle. «Le résultat n’était pas très intéressant, du coup, on a arrêté, (...) on ne reviendra plus dessus», affirme l’auteur de «IA, Miroirs de nos vies». 

Au-delà du coût écologique lié à la consommation énergétique et aux questions éthiques que soulèvent ces IA, notamment sur l’utilisation du travail des artistes pour les entraîner, Fibre Tigre déplore un problème de «direction artistique» dans le produit final. «C’est juste moche», assène-t-il, et je pense qu’il va y avoir une fatigue énorme des spectateurs, «ce qui va valoriser tout ce qui n’est pas de l’IA». 

Si Youtube n’a pas officiellement réagi à l’annonce de Sora, la plateforme a dévoilé en septembre «Dream screen», sa propre fonctionnalité d’IA générative qui permettra par exemple «d’ajouter des arrière-plans vidéo ou images générés par IA». 

En novembre, elle a annoncé qu’elle allait mettre en place de nouveaux garde-fous, notamment un étiquetage spécifique des contenus IA et la possibilité pour les créateurs, spectateurs et artistes de demander la suppression de contenus générés par ces outils les concernant. 
 

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