Révision du numerus clausus pour les pharmacies d’officine contestée : L’Ordre des pharmaciens appelle le ministre de la Santé à revoir sa copie

16/02/2022 mis à jour: 02:44
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Dr Nourredine Mettioui président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) / Photo : D. R.

Le président du CNOP appelle à la promulgation des textes d’application de la loi sanitaire 18-11, qui sont en attente depuis trois ans, portant le statut du pharmacien assistant.

Choqué», «ahuri», «surpris» et «inquiet», tels sont les qualificatifs utilisés par le président du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), le Dr Nourredine Mettioui, lors de la conférence de presse animée hier au siège de l’organisation, en réponse à l’annonce par le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, de la révision du texte réglementaire lié à l’installation des officines pharmaceutiques.

«Le ministre de la Santé nous a énormément heurtés et choqués par ses déclarations, surtout lorsqu’il a affirmé que la décision a été prise en concertation avec le Conseil de l’Ordre. Je tiens à préciser que le CNOP n’a en aucun cas été associé, ni consulter pour la révision de l’arrêté de janvier 2015 relatif aux installations et aux transfert des pharmacies d’officine», a souligné le Dr Nourredine Mettioui.

Selon lui, «deux demandes d’audience ont été adressées au ministre de la Santé en septembre et en novembre 2021, dont l’objet est justement de discuter du problème des jeunes pharmaciens diplômés et lui suggérer des propositions pour les différentes catégories, mais elles sont malheureusement restées sans suite». Le président du CNOP dit regretter les propos utilisés par le représentant du gouvernement qui «nous ont mis dans le désarroi». «De quelle concurrence parle-t-il  en mettant une pharmacie entre deux pharmacies ?

De la concurrence déloyale ? De la dispensation de médicaments sans ordonnance, de l’automédication ou de la promotion du produit cabas ? Qu’on nous explique alors de quelle concurrence s’agit-il, car le pharmacien n’est pas un épicier monsieur le ministre. Le pharmacien d’officine est un professionnel de la santé qui a toujours répondu présent», a-t-il indiqué, tout en rappelant le rôle joué par les pharmaciens d’officine lors de cette pandémie de Covid-19. Des solutions existent, a-t-il fait savoir, pour résorber le problème du chômage des diplômés en pharmacie et qui attendent un poste de travail.

Pour lui, il est d’abord urgent de mettre des pharmaciens à la tête des 800 agences d’Endmed, qui «sont des structures qui dispensent des médicaments sans les pharmaciens». Comme il appelle à la promulgation des textes d’application de la loi sanitaire 18-11, qui sont en attente depuis trois ans, portant le statut du pharmacien assistant, les bonnes pratiques officinales, les gardes en officine, les remplacements au niveau des pharmacies.

Concernant l’arrêté de 2005 portant les installations et les transferts, le CNOP ne s’oppose pas, a-t-il précisé, à la révision, mais cela doit se faire dans le cadre de la réglementation et ne pas pousser ces jeunes pharmaciens à «un suicide financier». «Je rappelle que le numerus clausus est une valeur universelle et il ne faut pas la bafouer», a-t-il ajouté.

Le Dr Mettioui a signalé que le réseau officinal est actuellement saturé au nord du pays, où «nous enregistrons une pharmacie pour 3460 habitants. Maintenant, si des régions du pays, notamment le Sud, sont dépourvues de pharmacies, nous sommes prêts à collaborer et à revoir les dispositions à ce niveau-là et toujours dans le cadre de la loi».

La solution, selon le président du CNOP n’est pas dans la révision du numerus clausus, qui ne peut être que temporaire, mais plutôt dans «la révision par le ministère de l’Enseignement supérieur du processus de la formation pléthorique dans 10 facultés de pharmacie à travers le pays, dont des milliers de pharmaciens diplômés sont en attente d’emploi. Il est temps de mettre un numerus clausus pour l’accès à l’université».

Il a indiqué : «Nous attendons la sortie de la promotion de 2932 pharmaciens pour l’année 2022 et ils seront 2280 pour l’année 2023. Actuellement, nous avons 20 000 dossiers en instance, dont 4500 à Alger qui attendent leur décision d’installation. Seulement 10 à 20% de ces pharmaciens ont accès aux postes de graduation, même pour le profil biologique. Le meilleur quota revient aux médecins.

On doit agir à ce niveau si on veut régler le problème du chômage des pharmaciens.» Pour lui, les solutions sont nombreuses pour mettre un terme à ce problème.

Le Dr Mettioui lance un appel au ministre de la Santé afin de revoir sa position, qui risque de «mettre en péril la sécurité sanitaire des citoyens». Le président du CNOP a tenu à exprimer son soutien au Syndicat national des pharmaciens d’officine, qui a décidé d’une grève nationale renouvelable le 28 février et qui organisera une conférence de presse aujourd’hui au niveau de son siège.

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