Le chef du Hamas palestinien Ismail Haniyeh a réclamé hier au président Mahmoud Abbas «la fin de la coopération sécuritaire» avec Israël et des «arrestations politiques» en Cisjordanie lors d’une réunion des factions palestiniennes en Egypte, rapporte l’AFP.
Ce nouveau sommet pour «mettre fin à la division» entre les gouvernements parallèles du Hamas dans la bande de Ghaza sous blocus israélien et du Fatah de Mahmoud Abbas en Cisjordanie, occupée depuis 1967 par Israël, intervient alors que les Palestiniens dénoncent la radicalisation du gouvernement israélien, le plus à droite de l’histoire du pays. «Le coup d’Etat et la division qui a suivi (...) doit cesser immédiatement», a déclaré le président Abbas, en référence aux affrontements qui ont suivi les élections de 2006, remportées par le Hamas mais dont les résultats n’ont jamais été reconnus ni par le Fatah ni par la communauté internationale. L’année suivante, des affrontements sanglants avaient opposé les deux camps. «Il faut revenir à un seul Etat, un seul système, une seule loi et une seule armée légitime», a-t-il encore plaidé. Le Hamas, lui, a réclamé des élections générales, jusqu’ici sans cesse repoussées. «Il faut redessiner l’Organisation de libération de la Palestine (OLP)», l’ombrelle qui chapeaute l’ensemble des factions palestiniennes à l’exception du Hamas et du Jihad islamique, et «former un nouveau Parlement inclusif sur la base d’élections démocratiques libres», a affirmé I. Haniyeh à l’ouverture de la réunion.
L’OLP est «l’unique représentant légitime du peuple palestinien», a répondu Abbas, exhortant à «la résistance populaire pacifique» alors que le Hamas appelle à «la résistance totale». L’ensemble des factions palestiniennes sont représentées à Al-Alamein sur la côte nord à l’exception de deux factions minoritaires et du Jihad islamique, puissant à Ghaza mais aussi en Cisjordanie, qui a dit boycotter «en raison de la poursuite des arrestations politiques en Cisjordanie et la persécution de la résistance». Ces absences ont rendu la rencontre d’El-Alamein «incomplète», a estimé I. Haniyeh. L’un des dirigeants du Jihad islamique, Khaled al-Batch, a affirmé avoir «espéré une réaction de Mahmoud Abbas aux doléances et aux appels à la libération» des membres de plusieurs factions arrêtés en Cisjordanie. Mais, a-t-il poursuivi, «nous avons été surpris d’incursions sécuritaires inédites contre les résistants». Les violences liées au conflit israélo-palestinien ont fait plus de 230 morts depuis janvier (au moins 203 Palestiniens, 27 Israéliens, une Ukrainienne et un Italien), selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles.
Affrontements fratricides au Liban
Par ailleurs, un responsable militaire du Fatah, principale organisation palestinienne et quatre de ses «camarades» ont été tués hier, a indiqué la formation, portant à six le nombre de morts dans les affrontements opposant le Fatah à des groupes islamistes depuis l’aube, dans le plus grand camp palestinien au Liban. Une seconde source palestinienne à l’intérieur du camp a indiqué, sous couvert de l’anonymat, que les affrontements survenus dans la nuit de samedi à dimanche ont opposé des membres du Fatah, mouvement du président palestinien Mahmoud Abbas, à des groupes islamistes du camp, tuant un «islamiste du groupe Al-Shabab Al-Muslim» et blessant six autres personnes, dont un dirigeant du groupe. Ces affrontements nocturnes ont repris au cours de la journée. Dans un communiqué dimanche après-midi, le Fatah a confirmé la mort du commandant Achraf Al-Armouchi et de quatre de ses «camarades», lors d’une «opération odieuse», dénonçant un «crime abominable et lâche», visant à saper «la sécurité et la stabilité» des camps.
L’armée libanaise a de son côté indiqué sur Twitter, rebaptisé «X», qu’un de ses soldats a été blessé par des éclats d’ «obus de mortier tombé dans un des postes militaires», résultant des affrontements à Aïn Al-Héloué, ajoutant que son état de santé est stable. Le bilan des affrontements dans le camp de réfugiés palestinien, le plus grand du Liban, qui échappe à l’autorité du gouvernement, s’élève désormais à six morts et sept blessés. Des affrontements entre groupes rivaux ont souvent lieu à Aïn el-Héloué où vivent 54 mille réfugiés palestiniens, auxquels s’ajoutent des milliers d’autres Palestiniens ayant fui la guerre en Syrie.
En vertu d’un accord de longue date, l’armée ne pénètre pas dans les camps palestiniens où la sécurité est assurée par des factions palestiniennes. En conséquence, il existe des zones de non-droit au sein des camps, et Aïn Al-Héloué est connu pour avoir accueilli des extrémistes et des fugitifs. Plus de 450 mille Palestiniens sont enregistrés en tant que réfugiés au Liban auprès de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés palestiniens au Proche-Orient (Unrwa).