Résolution de l’Assemblée générale des Nations unies sur la Guerre russo-ukrainienne : L’ONU appelle à un «retrait immédiat» des troupes russes

25/02/2023 mis à jour: 00:18
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L’ambassadeur et le ministre ukrainiens des Affaires étrangère, réagissant ce jeudi aux Nations unies

L’Assemblée générale des Nations unies a voté, jeudi, à une majorité «écrasante» une résolution appelant à un retrait «immédiat» des troupes russes en Ukraine. La résolution non contraignante a recueilli 141 voix pour, 7 contre (Russie, Bélarus, Syrie, Corée du Nord, Mali, Nicaragua, Erythrée) et 32 pays se sont abstenus, dont la Chine et l’Inde, sur les 193 Etats membres des Nations unies... Lors d’une précédente résolution adoptée en octobre 2022, 143 pays avaient condamné les annexions de plusieurs territoires ukrainiens par la Russie, cinq pays ayant voté contre. La résolution de l’Assemblée générale réaffirme l’«attachement» à l’intégrité territoriale de l’Ukraine et «exige» que la Russie «retire immédiatement, complètement et sans condition toutes ses forces militaires du territoire ukrainien à l’intérieur des frontières internationalement reconnues du pays». Le texte appelle également à une «cessation des hostilités» et «souligne la nécessité de parvenir, dans les meilleurs délais, à une paix globale, juste et durable en Ukraine conformément aux principes de la Charte des Nations unies».

Dans un communiqué publié sur le site de l’Assemblée générale des Nations unies à l’issue du vote, l’instance onusienne précise que dans le cadre de sa onzième session extraordinaire d’urgence, reprise à quelques heures seulement du premier anniversaire de l’invasion de l’Ukraine, il a été adopté, à une large majorité, une nouvelle résolution destinée cette fois à défendre les principes de la Charte des Nations unies «sous-tendant une paix globale, juste et durable en Ukraine». Adoptant un ton exhortant au retour à la paix et à la désescalade, l’Onu observe que «si les condamnations de l’agression russe ont dominé les interventions des Etats membres, de nombreuses voix se sont également fait entendre pour appeler au dialogue et à la diplomatie en vue d’un règlement négocié du conflit». Une manière pour l’Onu de ne pas se joindre à la curée anti-russe qui a accompagné le vote de la résolution de ce jeudi par les alliés de l’Ukraine, pour laisser une chance à la paix et ne pas pousser la Russie à la radicalisation dont personne ne sortira gagnant. «Même si ses résolutions sont non contraignantes, ce n’est pas seulement un bout de papier», a commenté jeudi le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, qui y voit le reflet des préoccupations de la communauté internationale.

«Nous avons obtenu une victoire (…). Le monde comprend de quel côté est la vérité», s’est félicité le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Yermak. Et c’est «bien plus que l’Occident», a souligné le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba.

La Chine : «le dialogue, la seule voie possible pour la paix»

La Chine, qui s’est toujours abstenue face aux résolutions successives de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité adoptées depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie tout en se tenant aux côtés de Moscou pour atténuer les effets des sanctions européennes et américaines sur l’économie russe, a justifié son abstention en faisant valoir que le dialogue et les négociations sont les «seules voies possibles» pour mettre fin à cette crise.  Exhortant la communauté internationale à unir ses forces pour faciliter de tels pourparlers, elle a aussi estimé qu’envoyer des armes en Ukraine ne fait que «verser de l’huile sur le feu» et prolonger le conflit, une position appuyée par Cuba.  Plus mesurée, l’Inde a noté que si la résolution met à bon escient l’accent sur l’importance d’une intensification des efforts diplomatiques, elle montre aussi les limites du système de l’ONU pour régler les nouveaux conflits. Pour sa part, l’Iran a expliqué que son vote contre la résolution est motivé par le fait que le texte «n’aborde pas de manière impartiale et globale tous les aspects de cette crise, y compris les provocations qui l’ont rendue possible». La République islamique d’Iran a proposé au secrétaire général de créer un groupe transrégional chargé de favoriser un dialogue constructif et d’envisager des solutions de règlement à la crise. 

«Ne soyons pas neutres quand il s’agit de faire respecter la Charte», a pointé le ministre des Affaires étrangères du Danemark, au nom des pays nordiques.  «Se taire face à l’injustice, c’est se placer du côté de l’oppresseur», a-t-il martelé, résumant le sentiment d’une majorité de délégations, selon lesquelles le droit de l’Ukraine de se protéger est consacré par l’article 51 de la Charte. Aucun pays ne peut se sentir en sécurité dans un monde où une grande puissance, «qui de plus est dotée de l’arme nucléaire et membre permanent du Conseil de sécurité», décide de s’en prendre à ses voisins, a souligné la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la France.  Les réactions les plus virulentes sont venues des pays baltes, des Etats nordiques et des autres pays de la région, tels que la Pologne, qui sont à la pointe de la mobilisation européenne contre l’invasion Russe. Les appels à juger la Russie pour «crime de guerre» ont fusé à cette occasion lors des interventions des alliés de l’Ukraine. Dans ce contexte, le ministre des Affaires étrangères de la Pologne a jugé fondamental de veiller à ce que la Russie réponde pleinement de ses crimes. Il a été rejoint par ses homologues de la Lituanie, de la République tchèque et de la Roumanie, qui ont plaidé pour la création d’un tribunal spécial pour juger le crime d’agression commis contre l’Ukraine, la Cour pénale internationale n’étant pas compétente à cet égard. Cuba a cependant estimé que la résolution ne saurait constituer une base juridique pour créer un tribunal international, en l’absence d’un mandat de l’Assemblée générale. La vérité, a relevé la ministre des Affaires étrangères de l’Allemagne, est que si la Russie arrête de se battre, cette guerre prendra fin.  «Si au contraire l’Ukraine arrête de se battre, elle disparaîtra de la carte.» Un avis partagé par le chef de la diplomatie du Japon, pour qui une paix décidée par un Etat agresseur serait une «paix injuste» et un «terrible précédent pour le reste de la planète»

Selon Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la France, le vote doit permettre de rappeler ces règles et principes, sans lesquels la paix et la sécurité ne seraient que des mots vains. Le projet de résolution de l’Ukraine est le fruit d’un processus de négociation transparent et universel, que la France soutient totalement, a conclu la ministre. Ignazio Cassis, ministre des Affaires étrangères de la Suisse, réputée pour ses positions de neutralité, a fustigé la poursuite de l’agression militaire de la Fédération de Russie contre l’Ukraine, qui «menace l’ordre sécuritaire qui prévalait en Europe, avec des conséquences désastreuses».

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