Réserve naturelle de Beni Salah à Guelma : 4467 ha de forêt pour protéger des espèces endémiques

27/06/2023 mis à jour: 21:43
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Plusieurs projets ont été élaborés pour la protection de la faune et de la flore ( photo : El Watan)

La réserve naturelle de Beni Salah dans la wilaya de Guelma a été classée en aire à protéger par arrêté de wilaya en 2015. Située à l’extrême nord-est du pays, cette étendue boisée de quelque 4667 hectares constitue le dernier sanctuaire du cerf de Barbarie (Cervus elaphus barbarus) en plus d’autres espèces en voie d’extinction ou menacées de disparaître. 

Les incendies, le pacquage illicite et le braconnage de ces quatre dernières décennies ont eu un impact dévastateur sur la faune et la flore de ce lieu jadis paradisiaque qui, faudrait-il le souligner, fait partie d’une forêt domaniale éponyme qui s’étend également sur les wilayas de Souk Ahras, El Tarf et déborde sur des massifs frontaliers en Tunisie, soit approximativement 35 000 hectares au total. 

En effet, les affres des incendies sont encore visibles à Beni Salah ou chaque année, ce sont des centaines d’hectares de chêne-liège et de chêne zen qui sont soient léchés ou calcinés par les flammes, a constaté El Watan, sur place. «Heureusement que la nature reprend ses droits et la végétation renait plus verdoyante», a déclaré un forestier en poste à Beni Salah, lors de la récente visite de la ministre de l’Environnement à Guelma. 

En plus du cerf de Barbarie en voie d’extinction se sont des espèces telles la hyène rayée, le porc-épic, la mangouste, la genette, la belette de Numidie, la loutre qui sont protégés par la loi au même titre que des oiseaux comme le chardonneret élégant ou des plantes endémiques à l’image de la Sanguisorba minor, Cerastium atlanticum, Lavatera arbora. 

Histoire d’un projet  

Ainsi, la forêt domaniale de Beni Salah, particulièrement sa réserve naturelle, aurait pu connaître un meilleur sort si l’on se réfère à son historique. Et pour preuve, rappelons-nous, du projet de coopération algéro-canadienne a été élaboré en 1972 pour justement protéger la faune et la flore et  spécialement le cerf de Barbarie. 

Une clôture avait été installée à cette époque pour circonscrire près de 2000 hectares de cette réserve sur une hauteur de 2,5 mètres pour un périmètre de 19,7 kilomètres et entourée d’une tranchée pare-feu de 50 mètres de largeur. 

Dotée d’une maison forestière, 20 miradors, 5 points d’eau, 6 portails, dont deux principaux avec un système empêchant le dernier cervidé d’Afrique de sortir de la réserve et leur permettre par contre d’y rentrer. 

«A cette époque, un troupeau de 200 têtes de cerf de Barbarie y vivait en toute quiétude», a révélé à El Watan un forestier au fait du dossier. S’en suivra par une étude d’aménagement de la forêt de Beni Salah réalisée en 1977-1978 par le BET CICAB d’Annaba ainsi qu’un autre projet d’aménagement intégré de ce massif en mars 1992 par un autre bureau. 

Mais le lieu n’avait jamais bénéficié d’un statut de réserve naturelle. «Bien évidemment avec la chape de plomb de la décennie noire et des incendies à répétition, le lieu s’est totalement dégradé», nous dit-on. 

Le dernier projet en date remonte au programme de soutien FSGSL de 2019, intitulé réhabilitation de la réserve naturelle de Beni Salah en 4 lots. A savoir,  l’aménagement de 50 kilomètres de pistes forestières, la réparation de la maison forestière en trois unités, l’aménagement de tranchées par feu sur 200 hectares et la réalisation d’une clôture en Zimmerman sur 18 kilomètres. 

Ledit projet a été doté d’une enveloppe de 155 millions de dinars. Quant au taux physique d’avancement des travaux, il est, selon la dernière fiche technique, de 95%. 

Quoi qu’il en soit, le cerf de Barbarie, n’est toujours pas visible dans cette réserve à Beni Salah ou du moins nous ne l’avons pas vu ce jour la. «C’est un animal sauvage et craintif. Il vit hors des regards des humains», nous dit-on «et le seul moyen d’évaluer le nombre de spécimens est le comptage de brame» en clair, il s’agit d’entendre le brame (cri du cerf) en période de rut (chaleur). 

Dans ce contexte bien précis, il va falloir attendre le mois de septembre prochain pour en évaluer le nombre de spécimens à Beni Salah. Bien évidemment,  d’autres indices peuvent être exploités par les forestiers  telles les empreintes des sabots et la présence de crottes fraiches.

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