Des centaines de Dominicains ont manifesté samedi à Saint-Domingue pour exiger que le président Luis Abinader tienne sa promesse d'expulser 10 000 Haïtiens sans-papiers par semaine tout en empêchant leur retour.
Selon les chiffres officiels, près de 500.000 Haïtiens vivent en République dominicaine, pays caribéen de 10,5 millions d'habitants qui partage la même île avec Haïti, dévasté par un terrible séisme en 2010, en pleine crise économique et sous la coupe des gangs.
«Dehors les Haïtiens», «Si Abinader ne les met pas dehors, nous le ferons», «Non à l'invasion des Haïtiens», ont scandé les manifestants sur la place du Drapeau dans la capitale Saint-Domingue. «(Nous sommes ici) pour que le président ne revienne pas sur sa décision et qu'il commence à sanctionner les clandestins», a déclaré à la presse Angelo Vasquez, le président de l'Ancien ordre dominicain, la formation nationaliste à l'initiative du rassemblement. Quelque 250 000 Haïtiens ont été expulsés en 2023, selon les statistiques officielles.
Si Luis Abinader tient sa promesse de 10 000 expulsions par semaine, le chiffre annuel dépassera les 500 000. «Il ne peut y avoir deux pays en un, une culture très différente, idiosyncratique, une religion, on ne peut pas supporter la charge d'Haïti (...) ils n'ont même pas de papiers dans leur pays, ça suffit, nous atteignons la limite», a dit à l'AFP Lidia Baez, gérante. Les protestataires ont également réclamé que les Haïtiens expulsés soient empêchés de revenir, dénonçant des «irrégularités». De son côté, la communauté haïtienne affirme être victime de discriminations.
Des militants, à l'instar du coordinateur du Bureau des migrations et des réfugiés de République dominicaine William Charpentier, d'origine haïtienne, évoquent une «persécution raciale» de la police lors de nombreuses descentes. Les Haïtiens représentent 30% de la main-d’œuvre dans l'élevage, l'agriculture et le bâtiment en République dominicaine, d'après le Fonds des Nations unies pour la population.