De violents combats ont éclaté hier dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) à la suite d’une nouvelle attaque des rebelles du M23, selon l’AFP citant l’armée congolaise. L’attaque a visé la ville de Bunagana, ex-fief de ce mouvement rebelle repris par l’armée congolaise en 2013, dans la province du Nord-Kivu, à la frontière avec l’Ouganda.
«Les combats sont là et continuent en ce moment», a déclaré le général Sylvain Ekenge, porte-parole du gouverneur militaire de la province, placée en état de siège par les autorités de Kinshasa. Selon Damien Sebusanane, responsable d’une association locale de la société civile, la majorité de la population a fui le centre de la ville, important point de passage pour les marchandises entre le Congo et l’Ouganda.
Les troupes des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) ont été attaquées par le M23 (Mouvement du 23 mars) à Bunagana et dans la localité voisine de Tshengerero, selon le colonel Muhindi Lwanzo, administrateur militaire local.
Selon D. Sebusanane, des chars de l’armée ont tiré au canon contre les assaillants. Le même jour, le médecin congolais Denis Mukwege, prix Nobel de la paix 2018, pour son action en faveur des femmes victimes de viols, a appelé la Belgique à intervenir dans la crise entre la RDC et le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir la rébellion du M23.
«L’agression du Rwanda à travers le M23 n’est pas une nouvelle chose», a déclaré le médecin devant la presse à Bukavu (Sud-Kivu, est de la RDC), juste avant la visite dans son hôpital de Panzi, à la périphérie de la ville, du roi des Belges et de son épouse, qui achèvent une visite de six jours en RDC, ancienne colonie belge. «La Belgique a une expertise sur le Congo (...), ce qui lui donne une certaine responsabilité», a estimé le Dr Mukwege.
Contre «la violence qui se passe actuellement au Congo, la Belgique peut jouer un rôle très important», a-t-il dit, en rappelant qu’en 2012, quand le M23 a «attaqué, pour la première fois, le président des Etats-Unis Barack Obama avait appelé (...) le président rwandais pour lui demander d’arrêter». «Une semaine après, ce mouvement s’était replié au Rwanda, donc cet appel téléphonique nous a donné la paix pendant dix ans», a-t-il ajouté.
«L’agression est claire, il faut la nommer, et la Belgique peut le faire», a indiqué le docteur, qui «pense que la Belgique peut porter un plaidoyer très fort auprès de l’Union européenne et au niveau des Nations unies». Rébellion à dominante tutsi vaincue en 2013 par Kinshasa, le M23 a repris les armes fin 2021, en accusant les autorités congolaises de ne pas avoir respecté les accords de paix signé au Kenya entre les deux parties belligérantes après la défaite militaire de la rébellion. Le gouvernement de Kinshasa accuse le Rwanda de soutenir le M23. Ce que Kigali dément.