République démocratique du Congo : Plus de 100 000 déplacés en une semaine, selon l’ONU

09/01/2025 mis à jour: 06:02
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Des acteurs humanitaires préviennent que l’afflux de personnes déplacées

Les récents combats dans certaines parties de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ont déplacé plus de 100 000 personnes la semaine dernière, a estimé mardi le bureau des Affaires humanitaires de l’ONU (Ocha). «Entre le 1er et le 3 janvier 2025, d’intenses affrontements entre l’armée congolaise et un groupe armé non-étatique à Masisi-Centre, dans la province du Nord-Kivu, ont déplacé environ 102 000 personnes, selon des informations locales», a indiqué l’Ocha. La rébellion du M23, groupe armé soutenu par le Rwanda qui ne cesse de gagner du terrain, a pris samedi le contrôle de Masisi, une localité-clé dans l’est de la RDC.

Masisi, qui compte 40 000 habitants, est située à environ 80 km au nord de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu. Un calme relatif a été constaté dimanche dans cette localité, incitant certaines familles déplacées à commencer à revenir, a indiqué l’Ocha. «Des acteurs humanitaires préviennent que l’afflux de personnes déplacées pourrait aggraver la situation désastreuse de Masisi, avec plus de 600 000 déplacés au 30 novembre 2024», a-t-il ajouté. «Entre vendredi et lundi, les équipes de Médecins sans frontières (MSF) et du ministère de la Santé ont pris en charge 75 blessés à l’hôpital de Masisi et au centre de santé de Nyabiondo», a indiqué mardi Stéphane Goetghebuer, chef de mission de MSF au Nord-Kivu. «Outre ces soins, ces deux structures de soins ont abrité pendant quelques jours des centaines de civils venus s’y réfugier pour y bénéficier d’une protection accrue», a-t-il dit. 

Depuis novembre 2021, la rébellion du M23 (Mouvement du 23 mars) s’est emparée de vastes pans de territoire dans l’est de la RDC, riche en ressources naturelles et déchiré depuis 30 ans par des conflits. En décembre, les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame devaient se rencontrer pour un sommet organisé à Luanda par le chef d’Etat angolais Joao Lourenço, médiateur désigné de l’Union africaine (UA) dans le conflit entre Kigali et Kinshasa. Un accord «pour le rétablissement de la paix et de la stabilité dans l’est de la RDC» devait être mis sur la table, mais les deux parties n’ont pas réussi à s’accorder sur les termes, aboutissant à l’annulation en dernière minute du sommet.


«Exploitation minière illégale»

Par ailleurs, quelques centaines de personnes ont manifesté hier en RDC contre l’exploitation minière illégale dans l’est du pays, où les sociétés chinoises sont dans le viseur des autorités.  «Les minerais du Sud-Kivu doivent servir au développement et au bien-être des communautés locales», pouvait-on lire sur des banderoles lors de la manifestation organisée à l’appel d’organisations pro-démocratie et de syndicats à Bukavu, capitale de la province. Ce rassemblement fait suite à l’annonce dimanche de l’arrestation de trois ressortissants chinois en possession de lingots d’or et d’importantes sommes en liquide, selon le gouverneur du Sud-Kivu Jacques Purusi.Dans la province riche en ressources naturelles, des centaines d’entreprises minières, principalement chinoises, extraient de l’or sans déclarer leurs bénéfices et souvent sans permis valide, selon les autorités locales. 

En juillet, le gouvernement local s’est lancé dans une bataille contre les entreprises minières qui ne sont pas en conformité avec la loi congolaise en déclarant la suspension de leurs activités. L’est de la RDC détient dans ses sous-sols d’abondantes réserves en or, diamants et minéraux utilisés notamment dans la fabrication de téléphones portables et de voitures électriques. Ces richesses sont au centre des conflits qui déchirent la région depuis trente ans et se sont aggravés avec la résurgence fin 2021 de la rébellion du M23. 

Kinshasa accuse le Rwanda, qui soutient les rebelles, de vouloir faire main basse sur les ressources.
Fin 2022, la RDC a tenté de «briser les circuits d’exportations de minerais vers le Rwanda», en confiant le monopole de l’exportation d’or au Sud-Kivu à la société Primera Gold. Mais en manque de liquidités, celle-ci n’a pas réussi à freiner le marché noir, selon le Bureau d’études scientifiques et techniques, une ONG congolaise spécialisée dans les questions de gouvernance minière.
 

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