Des manifestants anti-Rwanda ont brûlé les drapeaux de pays occidentaux hier à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les accusant de soutenir Kigali à travers la rébellion du M23, rapporte l’AFP.
La province du Nord-Kivu, dont Goma est le chef-lieu, est en proie depuis fin 2021 à un conflit qui oppose le M23 (Mouvement du 23 mars), appuyé par des unités de l’armée rwandaise, à l’armée congolaise associée notamment à des groupes armés dits «patriotes». Les manifestants, qui étaient plusieurs dizaines, ont piétiné les drapeaux des Etats-Unis, de l’Union européenne (UE), de la France ou encore de la Pologne.
«Nous sommes dans la rue pour dénoncer les crimes dont les Congolais sont victimes», a déclaré à l’AFP Espoir Mwinuka, militant du mouvement Lucha (Lutte pour le changement). «Le Rwanda nous tue chaque jour et est soutenu par la communauté internationale, c’est pourquoi nous avons brûlé ces drapeaux», a-t-il ajouté.
Partis du centre-ville, les manifestants, essentiellement des jeunes hommes, ont marché jusque sur la route menant vers Sake, avant de faire demi-tour.
Les combats se sont intensifiés récemment au niveau de Sake, cité située à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Goma et considérée comme un dernier «verrou» sur la route de la capitale provinciale. Samedi, l’armée congolaise a accusé le Rwanda d’avoir attaqué avec «des drones» l’aéroport de Goma. La manifestation a été interdite par la mairie de Goma, mais s’est déroulée dans le calme, rencontrant par endroits les forces de la police ou l’armée sans accrochage.
Rébellion majoritairement tutsi, le M23 apparu en 2012, et vers la fin de cette année-là, avait brièvement occupé Goma, avant d’être vaincu militairement l’année suivante. Il est réapparu en novembre 2021, en reprochant au gouvernement de ne pas avoir respecté des accords sur la réinsertion de ses combattants. Depuis lors, il s’est emparé de vastes territoires dans la province du Nord-Kivu.
De son côté, la RD Congo accuse le Rwanda et ses «supplétifs» du M23 de vouloir faire main basse sur les minerais de l’Est congolais. Le M23 affirme pour sa part défendre une frange menacée de la population et réclame des négociations, que Kinshasa refuse, excluant de discuter avec des «terroristes».