République démocratique du Congo : L’organisation HRW met en garde contre les violences électorales

17/12/2023 mis à jour: 03:12
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Les élections en RDC s’annoncent à haut risque - Photo : D. R.

Dans un rapport, HRW dit avoir documenté depuis début octobre «des affrontements à travers le pays entre des partisans de partis politiques rivaux, qui ont conduit à des agressions, des violences sexuelles et au moins un décès».

Les violences électorales menacent le déroulement du scrutin du 20 décembre en République démocratique du Congo (RDC), a mis en garde hier Human Rights Watch en appelant les autorités à «agir d’urgence» pour les prévenir, rapporte l’AFP.

Dans un climat politique et sécuritaire tendu, près de 44 millions d’électeurs congolais sont appelés aux urnes mercredi prochain pour l’élection présidentielle, à laquelle se représente le chef de l’Etat sortant Félix Tshisekedi, ainsi que des élections législatives, provinciales et locales.

Dans un rapport, HRW dit avoir documenté depuis début octobre «des affrontements à travers le pays entre des partisans de partis politiques rivaux, qui ont conduit à des agressions, des violences sexuelles et au moins un décès». Selon l’ONG de défense des droits humains, «des partisans du parti au pouvoir, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), ont été impliqués dans des menaces et des attaques contre des leaders de partis de l’opposition ainsi que des journalistes». «Des partisans de l’opposition ont également été impliqués dans des violences», ajoute HRW, qui souligne que «des incidents violents liés aux élections continuent d’être signalés».

Ces violences «risquent de compromettre la tenue des élections générales», selon HRW. «Les autorités congolaises devraient agir de toute urgence pour prévenir les violences avant, pendant et après le scrutin, afin d’empêcher qu’une situation déjà dangereuse ne dégénère», recommande Thomas Fessy, chercheur principal sur la RDC à HRW. Selon lui, les partis et les candidats devraient de leur côté «prendre publiquement position contre les violences et aider à garantir que les citoyens aient la possibilité de voter pour les candidats de leur choix».

HRW rappelle, par ailleurs, dans son rapport que plus de 1,5 million de personnes «ne pourront pas voter dans les zones affectées par des conflits», notamment dans l’est du pays, et «des millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays pourraient également être dans l’incapacité d’aller voter».

«Activités subversives»

Par ailleurs, Kinshasa a convoqué hier l’ambassadeur kényan et rappelé pour consultations son ambassadeur au Kenya, selon une source officielle. Cette convocation intervient suite à l’annonce la veille à Nairobi par un opposant congolais de la création d’une alliance politico-militaire.

Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale de la RDC, devenu opposant et désormais en exil, a annoncé vendredi devant la presse, dans un grand hôtel de la capitale kényane, la création d’une alliance avec plusieurs groupes armés, dont la rébellion du M23. L’objectif serait, selon lui, de «sauver» la RDC et d’y garantir «le retour de la paix».

Interrogé vendredi soir à Kinshasa, lors d’un briefing de presse, le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication de RDC, Patrick Muyaya, a jugé que cette annonce relève d’un «comportement antipatriotique», dont Corneille Nangaa «devrait avoir honte». «Je pense que cet acte aura des conséquences... Le Kenya nous doit des explications», a-t-il ajouté.

«Comment un pays avec lequel nous travaillons, avec lequel nous sommes dans des processus qui doivent permettre le retour de la paix dans l’est (de la RDC) peut-il accueillir des activités subversives ?» s’était-il interrogé. «Il y aura évidemment des conséquences diplomatiques, en tous cas une procédure diplomatique qui sera mise en place», a-t-il poursuivi.

Des médias congolais ont ensuite indiqué hier que l’ambassadeur du Kenya en RDC a été convoqué par les services du ministre des Affaires étrangères, qui comptaient lui demander des explications. Le magazine Jeune Afrique annonçait de son côté que Kinshasa a rappelé pour consultations ses ambassadeurs à Nairobi ainsi qu’auprès de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC). Des informations confirmées par P. Muyaya.

Après plusieurs années de sommeil, les rebelles du M23 (Mouvement du 23 mars) ont repris les armes fin 2021 et se sont emparés, avec l’aide de l’armée rwandaise, de vastes pans de la province du Nord-Kivu, dans l’est de la RDC. Une force de l’EAC, à composante kényane notamment, avait été déployée dans la région à partir de fin 2022. Mais Kinshasa n’a pas voulu prolonger son mandat au-delà de ce mois de décembre, estimant qu’elle n’avait pas combattu les rebelles mais plutôt cohabité avec eux.        

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