République démocratique du Congo : Les Nations unies appellent à des négociations

13/03/2023 mis à jour: 06:16
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Une délégation du Conseil de sécurité de l’ONU a appelé hier à des négociations pour mettre fin aux violences qui ensanglantent de plus en plus l’est de la République démocratique du Congo (RDC), en terminant une visite de trois jours dans le pays, rapporte l’AFP. 


L’est de la RDC, frontalier notamment du Rwanda, est en proie à une flambée de violence depuis que la milice du M23 a repris les armes fin 2021, et s’est emparée de pans entiers du territoire. Les combattants du M23 ont également progressé ces derniers jours, menaçant désormais de bloquer toutes les routes d’accès à Goma, principale ville de l’est de la RDC, toute proche du Rwanda et qui compte plus d’un million d’habitants. Les combats entre les forces congolaises et le M23, que la RDC et d’autres pays disent soutenu par le Rwanda, ont jusqu’ici déplacé plus de 800 000 habitants, d’après l’ONU.

 La délégation d’ambassadeurs envoyée par le Conseil de sécurité de l’ONU, arrivée mardi en RDC, y a notamment rencontré le président Félix Tshisekedi, et s’est rendue samedi à Goma où elle a rencontré des responsables locaux et visité un camp de déplacés. Membre de cette délégation, l’ambassadeur de France à l’ONU, Nicolas de Rivière a estimé hier devant la presse que le M23 devait se retirer des territoires qu’il occupe, ajoutant qu’«il n’y a plus à démontrer que le Rwanda soutient le M23» et que des éléments rwandais font régulièrement des incursions dans la province congolaise du Nord-Kivu, dont Goma est le chef-lieu. 

Seul un dialogue pourra résoudre ce conflit, a-t-il ajouté. «La sortie de ce conflit ne peut-être que politique, et ne peut se faire que par des négociations», a-t-il souligné. Un autre délégué, l’ambassadeur du Gabon à l’ONU, Michel Xavier Biang, a abondé dans ce sens, estimant que «la diplomatie doit prévaloir». Cette visite intervient juste après l’échec d’un cessez-le-feu dans l’est de la RDC, négocié avec la médiation de l’Angola et rompu mardi, le jour même où il devait entrer en vigueur. D’autres initiatives de paix similaires ont échoué par le passé. Samedi, cinq civils ont été tués par des bombardements lors d’affrontements entre forces congolaises et M23 à Kahumiro, à 120 km au nord de Goma, d’après des responsables de sécurité et des habitants. La RDC, mais également des experts de l’ONU, les Etats-Unis, la France et plusieurs autres pays estiment que le Rwanda soutient directement le M23, ce que Kigali dément formellement.

 Par ailleurs, une nouvelle attaque attribuée aux Forces démocratiques alliées (ADF) dans l’est de la RDC a fait une dizaine de morts, ont annoncé hier les autorités locales. L’ancien gouverneur du Nord-Kivu, Carly Nzanzu Kasivita, a fait état sur Twitter d’un bilan provisoire de 19 morts. Une précédente attaque imputée aux ADF a fait plus de 40 morts dans la nuit de mercredi à jeudi, dans deux villages également situés sur le territoire de Beni. Les ADF sont à l’origine des rebelles ougandais majoritairement musulmans qui ont fait souche depuis le milieu des années 1990 dans l’est de la RDC, où ils sont accusés d’avoir massacré des milliers de civils. Ils ont fait en 2019 allégeance au groupe Etat islamique, qui présente désormais les ADF comme sa branche en Afrique centrale. Les Etats-Unis ont annoncé début mars offrir une récompense pouvant aller jusqu’à 5 millions de dollars pour toute information susceptible de mener à leur chef, un Ougandais d’une quarantaine d’années nommé Musa Baluku. . 

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