Les manifestations se sont multipliées depuis deux ans contre la Monusco, à qui les habitants reprochent de ne pas parvenir à neutraliser les dizaines de groupes armés qui sévissent dans l’est de la RDC depuis près de 30 ans, notamment les rebelles du M23.
Au moins dix personnes ont été tuées, hier, à Goma, dans le cadre d’une manifestation à l’appel d’une secte contre l’ONU en République démocratique du Congo (RDC), réprimée par l’armée avant qu’elle débute dans cette région en proie à des violences, rapporte l’AFP. Les membres d’une secte implantée à Goma, mêlant rites chrétiens et animistes et dont le dernier nom qu’ils se sont donné est «Foi naturelle judaïque et messianique vers les nations» ont appelé, fin août, à manifester, hier, contre la Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo (Monusco) et à s’introduire dans leurs bases pour les forcer au départ.
Les cadres de la secte ont indiqué, hier, avoir identifié les domiciles du personnel de la Monusco et déclaré être prêts à piller leurs habitations. Avant que la manifestation, interdite quelques jours plus tôt par la mairie de Goma, ne débute, «les FARDC (armée congolaise) nous ont attaqués au local de notre radio et à notre temple et ont tué six personnes», a affirmé Moleka Maregane, «chargé de sécurité» de la secte.
Il a ajouté qu’au cours de cet assaut lancé par l’armée, leur leader «Mutumishi» (signifiant pasteur en swahili), Efraimu Bisimwa, a été arrêté. Peu après 12h00 (10h00 GMT), le gouvernorat du Nord-Kivu a déclaré dans un communiqué qu’un «groupe de bandits armés, drogués et manipulés (...) ont prémédité et semé le chaos dans notre ville», revendiquant le départ de la Monusco, de la force régionale de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est «ainsi que de tous les Occidentaux, y compris leurs ONG».
Le lieutenant-colonel Guillaume Ndjike, porte-parole du gouverneur militaire, a indiqué que «dans les rangs des adeptes», 158 personnes ont été arrêtées. Dans les vidéos et les photos de l’arrestation, des mineurs, torses nus, sont visibles au milieu de femmes et d’hommes, assis par terre et gardés par des militaires.
De son côté, le maire par intérim de Goma, le colonel Faustin Napenda Kapend, a confirmé qu’un policier a été lynché par les membres de la secte. Présent sur place, il a également confirmé l’incendie de leur temple par les forces de sécurité. Par ailleurs, des sources hospitalières ont indiqué avoir admis, dans la matinée, 33 personnes blessées dans ces violences, dont trois sont décédées. Ces événements violents s’inscrivent dans une série d’attaques et de manifestations contre la mission de l’ONU en RDC, accusée d’inefficacité dans la lutte contre les groupes armés. En juillet 2022, dans plusieurs villes des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, des manifestants ont pris d’assaut les installations de la Monusco.
L’hydre des groupes armés
Selon les autorités, 36 personnes, dont quatre Casques bleus, ont été tuées. En juin dernier au cours d’une visite à Kinshasa, le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, a expliqué que l’ONU étudie comment retirer sa force de maintien de la paix en RDC «le plus rapidement possible» mais de manière «graduelle et responsable».
Et d’ajouter qu’«il y a une frustration d’une partie de la population (...) parce que la situation sécuritaire est encore préoccupante» mais qu’«il y a aussi des manipulations, des fake news (...), parce que tout le monde n’a pas intérêt au retour de la paix».
Les manifestations se sont multipliées depuis deux ans contre la Monusco à qui les habitants reprochent de ne pas parvenir à neutraliser les dizaines de groupes armés qui sévissent dans l’est de la RDC depuis près de 30 ans, notamment les rebelles du M23. La province du Nord-Kivu, frontalière du Rwanda et de l’Ouganda, est au coeur des violences armées en cours depuis près de 30 ans dans l’est congolais, avec des rébellions répétées et des drames humanitaires constants.