Tout récemment l’Algérie a fêté, à travers ces quatre coins, l’An amazigh. Les rituels ont été assez riches et diversifiés. Chaque région a pu afficher, à cette occasion, ses spécificités aussi bien culinaires que vestimentaires. Le point commun de cette mosaïque de goûts et de couleurs réside évidemment dans la profondeur des racines civilisationnelles qui plongent profondément dans l’histoire de l’humanité. La consécration de ce repère identitaire au titre de fête nationale officielle lui a donné une ampleur et une ferveur populaire jamais égalées. Les préjugés religieux et régionalistes longtemps entretenus à son sujet pour des considérations purement idéologiques ont fini par céder devant la vérité historique et surtout l’attachement d’un peuple à ses origines. Yennayer rassemble tous les Algériens dans un esprit de fête le temps d’une journée de surcroît chômée et payée. Cette réconciliation d’un peuple avec son passé ancestral lui rappelle qu’il repose sur une histoire maintes fois millénaire. Elle n’est pas celle que le colonisateur français tente de faire admettre à tout prix. Il va sans dire que de tout temps les nations se mesurent à la profondeur de leurs racines dans l’histoire humaine. L’An amazigh s’ajoute ainsi aux autres vestiges historiques et dessins rupestres qui parsèment le territoire national pour témoigner de la portée millénaire de son existence. L’ouverture du pays au tourisme international jettera un regard sur l’immensité du génie humain qui a marqué d’une encre indélébile le flanc des pierres de la cité perdue de Séfar. C’est un musée à ciel ouvert qui regorge de quelque 15 000 dessins rupestres. Ils retracent depuis des milliers d’années l’évolution de la vie humaine, les changements climatiques et les migrations de la faune. Par son importance unique au monde, le site est inscrit au patrimoine mondial de l’humanité. Les témoignages des touristes, en visite sur les lieux, ne tarissent pas d’éloges à la beauté surnaturelle de cet endroit hors du commun et encore plus à sa charge historique et culturelle. La même considération peut être portée aux autres régions du pays, tant les sites et les vestiges historiques se dressent en repères identitaires immuables. L’épreuve du temps et l’indifférence des responsables concernés par le patrimoine culturel remettent en cause cette pérennité. Ils sont les parents pauvres de la politique des ministères de tutelle qui se sont succédé depuis l’indépendance du pays. Les campagnes de restauration des monuments tardent à venir en dépit de leur état de dégradation avancée due notamment aux agressions humaines. Les défenseurs de ce patrimoine matériel ne cessent d’alerter les pouvoirs publics sur la nécessité de sauvegarder leur intégrité. Il y va de nos repères identitaires. Ils sont là, majestueux. Ils se dressent contre l’oubli par soi-même et contre l’ignorance des autres.