Rentrée scolaire à Boumerdès : La hantise de la surcharge des classes

05/09/2022 mis à jour: 06:00
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Des écoles en préfabriqué subsistent encore

La prochaine rentrée scolaire risque d’être très difficile à Boumerdès. Le retour au système d’enseignement habituel n’a pas fait que des heureux parmi la famille éducative locale. Beaucoup de parents et d’enseignants affichent d’ores et déjà leur appréhension quant à la disponibilité des établissements scolaires face au nombre grandissant des élèves et le déficit que connaît la région en termes d’infrastructures scolaires. 

Cette année, le secteur sera renforcé par 6 groupements scolaires, 5 CEM et un lycée et des dizaines de classes dans les établissements saturés. Ce qui est insuffisant eu égard au programme alloué au profit de la wilaya afin d’améliorer les conditions de scolarité des élèves des trois paliers. Un programme très consistant qui comprend 68 écoles primaires, 11 lycées et 18 CEM. 

Cependant, 80% de ces projets sont en souffrance, et ce, malgré que la plupart remontent à plusieurs années. «Notre wilaya est la moins lotie en matière d’infrastructures éducatives. Cette année, on risque de se retrouver avec des classes de plus de 50 élèves. Les autorités n’ont pas fait grand-chose pour atténuer le problème. 

On construit de nouvelles cités, mais on ne pense jamais les doter d’écoles ou d’autres équipements. On le fait souvent en retard. Les établissements en préfabriqué sont toujours là alors que la plupart des sites de chalets sont éradiqués. Pourquoi on pense au relogement et pas à l’avenir de nos enfants», s’offusque Rabah Mammeri, le coordinateur local du Cnapest. A Boumerdès, 4 parmi les 6 écoles projetées peinent à prendre forme. La tension sera de mise dans plusieurs cités notamment à Foes, Sablière, 11 Décembre ou Boukerroucha. «La norme internationale est de 25 élèves. Chez nous, parfois on dépasse 45. Quand on aura un tel nombre, ni l’élève ne va assimiler le cours ni l’enseignant ne pourra donner un bon rendement. 

La promiscuité va tout compromettre. L’année passée j’enseignais 24 élèves. Tout se passait très bien. Le volume horaire était certes très réduit, mais je consacrais tout mon temps au cours. Les perturbateurs trouvent leur compte quant la salle est archicomble», explique Merzak, enseignant de français dans CEM à Bordj Menaïel. A Thénia, des centaines d’élèves vont suivre les cours dans des écoles en préfabriqué. «On a 10 écoles dont 5 sont des chalets. Ces derniers devaient être remplacés depuis plusieurs années. Les projets ont été inscrits, les entreprises désignées mais les travaux peinent à démarrer», s’indigne un parent. 

Au total, ce sont 37 écoles en préfabriqué qui tardent à être démolies à travers la wilaya dont 8 à Boudouaou, 4 à Bordj Menaïel, 3 à Tidjllabine, 3 à Corso, etc. Même les établissements contenant de l’amiante, au nombre de 17 (4 primaires et 13 CEM) vont encore recevoir les élèves cette année malgré les risques pouvant découler de cette matière hautement cancérigène, dénonce un parent d’une élève scolarisée au CEM Bouiri Boualem. Dans un rapport élaboré en juillet dernier, l’APW prévoit le recours aux classes roulantes dans pas moins 30 établissements. Le problème du manque de places pédagogiques se posera avec acuité dans les communes de Khemis El Khechna, Boumerdès, Ouled Moussa, Boudouaou, Hammadi et Ouled Haddadj.

 En sus de la surcharge des classes, le manque d’enseignants constitue l’autre préoccupation de la famille éducative. Le recours exagéré aux vacataires n’est pas sans impact sur la scolarité des élèves, estime Mustapha Doulache, un syndicaliste du Cnapest qui fait état du recrutement de plus de 700 contractuels en 2021. Même l’encadrement pédagogique n’est pas toujours garanti. L’année passée, plusieurs établissements n’avaient pas de directeurs, ni de surveillants généraux ou d’ascenseurs.      
 

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