Rejet de l’eau de Fukushima dans le pacifique : Tokyo condamne des actes anti-japonais imputés à la Chine

29/08/2023 mis à jour: 03:16
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Photo : D. R.

Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, a condamné hier les jets de pierre ayant notamment touché l’ambassade et des écoles nippones en Chine depuis le début, jeudi dernier, du rejet en mer des eaux de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima. «Il y a eu de nombreux faits de harcèlement téléphonique, dont on pense qu’ils proviennent de Chine et des cas de jets de pierres, contre l’ambassade et des écoles japonaises. Il faut dire que ces faits sont regrettables», a déclaré F. Kishida à la presse, cité par l’AFP.

Le Japon a, par ailleurs, convoqué lundi l’ambassadeur chinois à Tokyo pour protester contre la vague de harcèlement téléphonique en provenance de Chine que subissent des entreprises nippones depuis quelques jours. «Nous lui avons demandé instamment d’appeler le peuple chinois à agir de manière calme et responsable», a ajouté F. Kishida. «Même après le rejet (de l’eau de Fukushima) dans l’océan, les Etats-Unis, par exemple, se sont déclarés satisfaits du processus sûr, hautement transparent et justifié d’un point de vue scientifique mis en oeuvre par le Japon. Nous aimerions transmettre ces voix de la communauté internationale au gouvernement chinois», a indiqué le Premier ministre nippon.

La Chine a suspendu depuis la semaine dernière toutes les importations de produits de la mer en provenance du Japon, en réaction au début du rejet de l’eau issue notamment des injections nécessaires pour refroidir des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi après qu’elle ait été ravagée par le tsunami de 2011 dans le nord-est du Japon.

Ce processus a été validé par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et Tokyo assure qu’il sera sans danger pour l’environnement et la santé humaine. Interrogé lundi, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a déclaré que Pékin «veille toujours à la sécurité et au respect des droits et intérêts légitimes des étrangers en Chine, conformément au droit». «Nous appelons vivement la partie japonaise à prendre en compte les inquiétudes légitimes de toutes les parties, d’arrêter immédiatement le déversement en mer d’eau contaminée par le nucléaire», et à traiter le problème «de manière responsable», a-t-il ajouté.

Depuis le début de l’opération, des entreprises japonaises, apparemment choisies au hasard, ont commencé à recevoir des milliers d’appels provenant de numéros chinois. Sur les réseaux sociaux, des internautes chinois ont partagé des vidéos les montrant en train d’appeler des numéros japonais, certains posts recevant des dizaines de milliers de «likes» (j’aime). Depuis le début du rejet, «il y a eu un grand nombre d’appels téléphoniques et d’autres formes de harcèlement» dont «on soupçonne qu’ils viennent de Chine», a déclaré hier le vice-ministre des Affaires étrangères japonais, Masataka Okano, à l’ambassadeur chinois.

«Un certain nombre d’incidents similaires se produisent également en Chine à l’encontre d›entreprises liées au Japon. C’est extrêmement regrettable et nous sommes profondément préoccupés», a ajouté le diplomate, selon le communiqué de son ministère. L’ambassade du Japon à Pékin a demandé ce week-end à ses ressortissants sur place de s’abstenir de parler fort en japonais, et a annoncé hier avoir renforcé les mesures de sécurité devant les écoles japonaises et les missions diplomatiques dans le pays.

Au total, le Japon compte évacuer dans l’océan Pacifique plus de 1,3 million de mètres cubes d’eau «tritiée» de Fukushima jusqu’au début des années 2050, selon le calendrier actuel. Cette eau a été traitée pour la débarrasser de ses substances radioactives, à l’exception du tritium, puis diluée avec de l’eau de mer avant le rejet dans l’océan, afin que son niveau de radioactivité ne dépasse pas le plafond visé de 1500 Bq/L, soit un niveau 40 fois inférieur à la norme japonaise pour ce type d’opération. Des tests de l’eau de mer réalisés depuis le début du rejet ont confirmé que le niveau de radioactivité était conforme aux prévisions et ne dépassait pas le plafond fixé, selon les autorités nippones.         

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