Rapport de l’OPEP 2023 sur la demande mondiale : Encore des décennies de croissance pour le pétrole

10/10/2023 mis à jour: 07:24
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Dans les prochaines décennies, le monde continuera à avoir besoin de pétrole - Photo : D. R.

Selon l’OPEP, la demande mondiale de pétrole sera tirée par les pays non membres de l'OCDE, avec l'Inde comme principal moteur, alors qu'elle déclinera à partir de 2025 dans la zone OCDE.

L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) s'attend à une hausse continue de la demande mondiale de pétrole d'ici à 2045, contrairement aux projections pessimistes de l’AIE qui anticipent son déclin au cours de cette décennie.

Dans son rapport 2023 sur les perspectives de la demande pétrolière mondiale publié hier, repris par l’AFP, elle affirme que la demande de pétrole va atteindre 116 millions de barils par jour (mb/j) d'ici 2045, selon son scénario de référence, soit 16,5% de plus qu'en 2022. C'est environ 6 mb/j de plus que dans sa précédente estimation communiquée en 2022 (109.8 mb/j). Pour l'OPEP, le pétrole a encore des décennies de croissance devant lui.

Le secrétaire général de l’OPEP, le Koweïtien Haitham Al Ghais, a d'emblée prévenu, selon l’AFP toujours, que cette demande avait «le potentiel d'être encore plus élevée». «Ce qui est clair, c'est que le monde continuera à avoir besoin de davantage d'énergie dans les décennies à venir», a-t-il souligné, selon l’AFP, dans ce rapport de 298 pages publié à moins de huit semaines du début de la conférence de l'ONU sur le climat, la COP28, à Dubaï, où des dizaines de pays tenteront d'imposer un objectif de sortie des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon).

Selon cette organisation, la demande mondiale de pétrole sera tirée par les pays non membres de l'OCDE, avec l'Inde comme principal moteur, alors qu'elle déclinera à partir de 2025 dans la zone OCDE (principalement des pays riches).

Pour combler cette demande, des investissements pétroliers d'ici 2045, estimés à 14 000 milliards de dollars, seront nécessaires. Environ 610 milliards de dollars en moyenne par an. «Il est vital que ceux-ci soient réalisés, c'est bénéfique à la fois pour les producteurs et les consommateurs», a assuré Haitham Al Ghais.

Il a mis en garde contre les projections de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui visent à permettre au monde d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. «Les appels à arrêter les investissements dans de nouveaux projets sont malavisés et pourraient conduire au chaos énergétique et économique», a-t-il averti. En 2021, l'AIE, une agence de l'OCDE, avait, rappelle l’AFP, surpris le monde et ulcéré les pays pétroliers, en appelant à abandonner tout nouveau projet d'exploration d'hydrocarbures.

«Aucun nouveau projet pétrolier et gazier en amont à long terme n'est nécessaire», a encore dit récemment l'AIE, dont le scénario de neutralité carbone passe par un effondrement de la demande de pétrole, à 24 mb/j en 2050, grâce à l'essor des énergies propres. L'OPEP assure que les «objectifs ambitieux» des économies développées sur les énergies bas carbone «sont de plus en plus en contradiction avec les réalités du terrain», avec des investissements «considérablement à la traîne».

L’organisation a néanmoins étudié deux autres scénarios, dont l'un avec plus de renouvelables, aboutissant à une baisse de la demande de pétrole de 18 mb/j par rapport à sa référence de 2045. Tandis qu'un autre scénario, basé sur une croissance économique plus élevée et une moindre coordination des politiques climatiques, aboutit à une hausse de 6,3 mb/j en 2045.

Les cours du pétrole se sont envolés de plus de 4% hier après l'offensive surprise ce week-end du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël. Le Brent a bondi de 4,7% à 86,65 dollars et le West Texas Intermediate était en hausse de 4,5% à 88,39 dollars au début des échanges sur les places asiatiques.

L'attaque surprise et la déclaration de guerre dimanche d'Israël au mouvement islamiste palestinien a déjà fait plus de 1100 morts et une nouvelle montée des tensions est redoutée au Proche-Orient. Des experts s’interrogent sur le risque d’extension du conflit dans la région. A. By.

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