L’issue de la présidentielle du 7 septembre a été chaotique sur le volet résultats. Le scénario qui s’est produit, le jour du scrutin et durant la semaine qui a suivi, n’était prévu ou attendu même par les plus pessimistes. On ne parle pas des scores obtenus par chacun des candidats à cette joute électorale.
Mais de la grave cacophonie et de la polémique engendrée par l’annonce des chiffres concernant d’abord le taux de participation et, ensuite, les résultats du scrutin, dénoncés par les trois candidats qui ont mis en cause directement l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).
Les «correctifs» apportés, samedi, par la Cour constitutionnelle, qui a proclamé les résultats définitifs de l’élection, n’ont pas dissipé les doutes sur ces résultats devenus problématiques. Et pour cause, l’énorme écart entre les données fournies par l’instance de Mohamed Charfi, président de l’ANIE, et l’institution présidée par Omar Belhadj.
Cette dernière, selon les chiffres proclamés, a revu tous les résultats, y compris ceux concernant la participation et la répartition des suffrages exprimés. Que s’est-il passé ? Une véritable énigme qui ne sera certainement pas résolue de sitôt. Pour l’instant, tous les doigts accusateurs sont pointés vers l’ANIE et son président, Mohamed Charfi, qui ne dit rien depuis dimanche 8 septembre.
Des voix s’élèvent pour réclamer la dissolution de cette instance qui, estiment-elles, «a failli». C’est le cas du Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui n’est pas satisfait du score de son candidat, Abdelaali Hassani Cherif, même après les réajustements effectués par la Cour constitutionnelle.
Pour cette formation politique, «l’ANIE est responsable de cette mascarade et doit être dissoute». Cette autorité, créée à la veille de la présidentielle du 12 décembre 1999, avant d’être institutionnalisée à la faveur de la révision de la Constitution de 2020, a montré ses limites bien avant cette date. Les conditions de sa mise en place, sa composition ainsi que les moyens, notamment humains, mis à sa disposition l’ont sérieusement handicapée.
Un autre parti, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), pose quant à lui la problématique de l’indépendance de cette Autorité, dont les membres sont désignés par le chef de l’Etat.
La même question a été soulevée par Abdelaali Hassani Cherif lors de sa conférence du lundi 9 septembre, précisant que «l’opposition qui avait demandé sa création voulait une instance totalement indépendante».
Maintenant que le «mal est fait», comment faire pour qu’un scénario analogue à celui du 8 septembre 2024 ne se reproduise pas à l’avenir ? La question devrait être sérieusement prise en charge, surtout que les couacs ont tendance à se répéter et à s’aggraver.
Le premier grave incident, passé sous silence à l’époque, a eu lieu à l’occasion du scrutin présidentiel de 2019. Les responsables, rappelons-le, ont été, par la suite, poursuivis en justice et lourdement condamnés. Ce fait confirme que le problème est profond et qu’il nécessite un traitement radical et audacieux. Il y va de l’image et de la réputation de tout un pays.