En marge de sa visite dans la daïra de Meghila, au nord de la wilaya de Tiaret, jeudi dernier, le chef de l’exécutif a touché du doigt à un problème majeur, préoccupant et que d’aucuns ont tort de relativiser voire de sous-estimer la portée quand on se remémore les drames humains vécus depuis le début des années 1990 à ce jour. La dernière catastrophe en date, restée encore vive dans les mémoires, a été enregistrée à la mi-octobre 2022 quand à la suite d’une bourrasque, l’on a enregistré cinq morts dans une même famille. On ne va pas énumérer toutes les tragédies vécues dans la région depuis les années 1970 dont celui plus dramatique de Tiaret ville et leurs lots de pertes humaines mais évoquer le problème à l’aune d’une visite officielle du wali dans une région de surcroît des plus sujettes à des inondations, il ne serait pas vain de secouer le cocotier. Disons des mémoires oublieuses et des œuvres bâclées. C’est dans ce contexte et à la lumière d’une discussion à bâtons rompus entre Ali Bouguerra et un jeune entrepreneur qu’est apparu nécessaire de réviser les approches et en finir avec un certain amateurisme entrepreneurial. Au Douar Ouled Chehba, relevant de la commune de Sebt dans la daïra de Meghila, la réalisation d’un ouvrage avec gabionnage sur PCD (Plan communal de développement), il s’est avéré que ni l’étude ni l’entreprise de réalisation ne furent à la hauteur des attentes des populations locales, car, dira à l’adresse du wali un jeune citoyen outré, : «Monsieur le wali, cet ouvrage ne tiendra pas car il a fait ses preuves lors des dernières précipitations.» Et au wali attentif à cette préoccupation citoyenne majeure de répliquer : «S’il faut qu’on injecte une rallonge, on le fera pour peu qu’il faudrait tout revoir.» Un échange instructif qui a mis à nu certaines carences managériales dont il faudrait vite les rehausser. Le drame de Ksar Chellala étant là pour corroborer certaines approches qui devraient tenir compte non seulement des avis de techniciens mais aussi des populations concernées. A Ksar Chellala, «ce n’est pas tant le canal qui a été une des causes du drame mais des travaux en amont non effectués», dira sous le sceau de l’anonymat un technicien à la retraite en marge de la visite d’une délégation parlementaire au lendemain du drame. Sur ce même canal, réalisé par l’APC et la direction des travaux publics on a adjoint un dalot pour faciliter l’accès à un site touristique et lequel dalot a été plutôt un goulot d’étranglement qui a concouru aux eaux en furie de sortir du lit pour aller se déverser en aval sur le quartier sinistré. Même erreur quelques bornes plus loin, dans la commune de Nadhora, où les inondations avaient bloqué la localité pendant plusieurs heures du fait du non-curage du canal, devenu par la grâce de l’incivisme mais aussi de négligences, une décharge à ciel ouvert. Bémol, trois mois après la catastrophe, la notification de l’opération du canal à Ksar Chellala et évalué à près de 80 milliards de centimes n’a pas encore été faite bien qu’elle serait inscrite selon certaines autres sources. Le diagnostic et la fiche techniques auraient été établis. En plus de ces opérations, lutter contre les inondations suppose certaines autres mesures comme la restauration et la fixation des sols en amont, réalisation de barrages écreteurs de crues. Globalement, l’opération protection des centres urbains des inondations reste une préoccupation légitime, urgente mais nécessité des financements qu’il faudrait mobiliser, bien qu’en ces temps de vaches maigres, la donne parait incongrue avec la rareté des précipitations et le stress hydrique pour en parler. Quatorze villes dites vulnérables aux inondations sont concernées car exposées parmi lesquelles, Tiaret, Sougueur, Aïn Bouchekif, Ksar Chellala, Zmalet Emir Abdelkader, Nadhora, Sidi Ali Mellal et Sidi Hosni. L’une des villes ayant bénéficié, à succès de cette protection fut la ville de Medrissa et à un degré moindre Tousnina, la ville des eaux. Depuis 2010, la direction des ressources en eaux s’attelle à réaliser ces projets de protection car il va de la sécurité des biens et des personnes. Au niveau du chef-lieu de wilaya, la zone située du côté de Echara sur les hauteurs nord-est de la ville a besoin de gigantesques travaux car à proximité est inscrite au titre de zone d’habitation nouvelle ce qui est communément appelé la nouvelle ville, là où s’érigent des milliers de logements, tous types d’habitats confondus, des équipements publics ainsi que des aménagements qui y vont avec. Autant engager dès à présent de vastes programmes de défense et de restauration des sols (les fameux DRS) dévolus au secteur des forets. En aval, il s’agit d’interdire ces constructions anarchiques jusque dans les lits d’oueds ou leurs périphéries et d’inculquer l’esprit civique pour ne pas faire de nos villes des dépotoirs à ciel ouvert.