Projet immobilier de 240 logements au Bois des Cars Ii ( Dély Ibrahim) : Le cauchemar continue pour les résidants

17/07/2024 mis à jour: 00:28
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Les habitants du quartier subissent de nombreux désagréments - Photo : D. R.

Depuis le lancement du projet, les habitants vivent l’enfer au quotidien, de jour comme de nuit. Bruit intenable des pelleteuses et autres engins lourds, ballet incessant des camions de gros tonnage.

Et ça repart ! Après une relative et éphémère accalmie de quelques jours, le cauchemar reprend pour les habitants du quartier Chahid Ahmed Boudoum, Bois des Cars II Dely Ibrahim. Le quotidien El Watan s’est fait l’écho dans ses colonnes dans une précédente édition du mouvement de colère des résidants du quartier provoqué par les désagréments causés par le lancement des travaux de réalisation par l’Entreprise nationale de promotion immobilière (ENPI) d’un projet immobilier de 240 logements au milieu de ce quartier résidentiel.

Depuis le lancement du projet, les habitants vivent l’enfer au quotidien, de jour comme de nuit. Bruit intenable des pelleteuses et autres engins lourds, ballet incessant des camions de gros tonnage (2,5 tonnes), pourtant interdits par la réglementation en vigueur, pour opérer en zone d’habitation urbaine, plongeant le quartier dans une atmosphère irrespirable de poussière et de nuisances sonores assourdissantes, dégradation avancée  de la chaussée sur l’itinéraire emprunté par les convois de camions, détérioration des réseaux d’alimentation en eau potable avec l’apparition de fuites en plusieurs endroits qui se déversent dans les avaloirs, dans l’indifférence totale du promoteur immobilier…

Les résidants ne savent plus à quelle porte frapper pour se faire entendre et arrêter la spirale infernale de l’état de dégradation avancé dans lequel se trouve leur site. Boire le calice jusqu’ à la lie,  c’ est ce à quoi doivent par-dessus tout se résoudre les habitants du quartier avec cette décision de l’entreprise de réalisation d’instaurer une vacation de travail de nuit au mépris de la réglementation relative à la préservation de la quiétude des citoyens, de 20 heures à... 6 heures du matin.

Les résidants du quartier constatent avec regret et impuissance le retour depuis quelques jours des camions de gros tonnage y compris au-delà des heures légales de travail. Avec le même rythme de rotations ininterrompues, le concert de crissement de pneus, ronflement des moteurs, vibrations insoutenables des habitations infligées aux nerfs et aux oreilles des citoyens.

Dans le quartier, on ne dort plus, il n’ y a plus de vie de famille, les soirées des foyers sont meublées par le vacarme extérieur ambiant avec au bout ce «réveil» matinal contraignant pour le travailleur qui doit rejoindre son poste de travail après des nuits agitées. Pourtant, les habitants du quartier avaient commencé à espérer une prise en charge de leurs doléances par les pouvoirs publics à la suite de la médiatisation de leur première action de protestation qui avait suscité une réaction diligente des autorités.

«Nous étions rassurés quand on a reçu dans le quartier la visite d’une délégation composée de représentants du ministère de l’Habitat et des autorités locales accompagnés du chef du projet immobilier», confient des résidants. Des engagements ont été pris, nous dit-on, pour mettre de l’ordre dans l’organisation et le fonctionnement du chantier. Mais selon toute apparence, ce n’était là que de la poudre aux yeux, de vaines promesses pour faire baisser la tension sociale qui montait du côté des résidats.

La réfection promise de la route endommagée n’aura été qu’un colmatage superficiel des trous béants à l’aide de quelques pelletées de béton qui n’ont pas résisté au passage des premiers véhicules. Les horaires indus de la vacation du travail de nuit sont maintenus. Les fuites d’eau ne sont pas réparées, en dépit de leur signalement aux services de la Seal par les résidants.

Idem pour le réseau d’assainissement… Ne voyant rien venir de la part des pouvoirs publics, des jeunes du quartier ont initié des actions coups-de-poings  sporadiques en empêchant le passage des camions de gros tonnage aux heures indues de la nuit. La situation peut dégénérer à tout moment. Le sujet est au cœur de toutes les discussions dans le quartier.

Les langues se délient. On s’interroge même sur l’opportunité d’un projet immobilier aussi imposant (240 logements) au milieu d’un quartier résidentiel donnant sur un axe routier très fréquenté et déjà fortement engorgé au niveau du rond point de Dély Ibrahim menant vers Chéraga.

La bulle immobilière explose

 Nombreux sont les résidants du quartier qui envisagent déjà à fuir le quartier en pensant au calvaire que réserve ce point noir, à la mobilité des automobilistes et des riverains après la réception du projet immobilier. Attirés par la forte demande sur des logements de standing dans cette commune située sur les hauteurs d’Alger, de nombreux projets de promotion immobilière ont été réalisés au niveau de cette APC au cours de ces dernières années. C’est carrément la course au trésor, à l’ acquisition des assiettes de terrain.

Et comme les terrains nus sont devenus aujourd’hui rarissimes, pour ne pas dire inexistants, les promoteurs immobiliers se rabattent sur les quartiers résidentiels. L’ astuce consiste à acheter une ou deux villas mitoyennes qui seront démolies pour édifier à leur place des ensembles immobiliers revendus à un prix fort.

On ne s’embarrasse plus ni du respect de la réglementation ni de la préservation du cadre de vie du citoyen. Pour le projet immobilier en construction au Bois des Cars II de Dély Ibrahim, l’étonnement est d’autant plus grand encore quand on sait que le maître d’ouvrage est un promoteur immobilier public supposé être plus regardant sur les aspects de la réglementation et la quiétude des citoyens.

Eriger un projet d’habitat aussi dense, avec ce que cela implique comme nouveau flux de véhicules et de population générés par cette réalisation, à deux pas d’un rond-point, déjà fortement congestionné, à toute heure, s’apparente à un pied de nez en bonne et due forme aux règles les plus élémentaires en matière d’aménagement de l’espace urbain et de la ville.

Alors que les nations développées réfléchissent en termes de vision intégrée de la ville et de l’espace urbain dans lequel le logement n’est qu’un élément de l’aménagement du territoire mais pas une finalité, le défi des pouvoirs publics de venir à bout de la crise de l’habitat dans des délais records, semble être compris par les organes d’exécution comme un feu vert à tous les dépassements.  Quand le bâtiment va, tout va, dit l’adage ! Pas à n’ importe quel prix. O. B.

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