Projet immobilier à Dély Ibrahim : Le calvaire des habitants du Bois des Cars 2

06/06/2024 mis à jour: 16:06
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Regards d’égout éventrés, route saccagée, réseau d’AEP endommagé... - Photo : D. R.

Egouts éventrés, route affaissée en plusieurs endroits, canalisations d’eau endommagées, avec ce que cela implique comme déperdition de cette matière précieuse en ces temps de stress hydrique chronique...

L’ouverture d’un chantier dans un quartier résidentiel est toujours source de désagréments, de nuisances multiformes et de dégradation de la chaussée, des réseaux d’assainissement et d’alimentation en eau potable. Cela sans compter les préjudices causés parfois aux habitations par des situations d’affaissement du terrain générées par le non-respect des règles d’urbanisme lors des travaux de terassement.

C’est précisément le calvaire que vivent les résidants du quartier Bois des Cars 2 de Dély Ibrahim, sur les hauteurs d’Alger. Depuis l’ouverture il y a plus de deux mois, d’un chantier de réalisation d’un projet immobilier appartenant à la Spa ENPI et situé à proximité du rond-point de Dély Ibrahim, les habitants du quartier vivent, de jour comme de nuit, au rythme insoutenable du bruit des gros engins de pelles excavatrices, de forage des pieux, le tout agrémenté par un incessant carrousel de camions de gros tonnage (20 tonnes), sortant du chantier, chargés à n’en plus pouvoir des déblais évacués vers la décharge.

Les premiers signes de dégradation de la chaussée et des équipements du quartier, notamment les réseaux d’assainissement et d’alimentation en eau potable, commencent déjà à apparaître. Egouts éventrés, route affaissée en plusieurs endroits, canalisations d’eau endommagées, avec ce que cela implique comme déperdition de cette matière précieuse en ces temps de stress hydrique chronique...

Les résidants constatent, impuissants, les dégâts collatéraux occasionnés à leur site par ce chantier de la discorde. Les nerfs sont mis à rude épreuve. A 20 heures sonnantes, les camions de gros tonnage (20 tonnes ), surdimensionnés pour les travaux en zone urbaine, investissent le quartier dans un ballet incessant, assourdissant, au milieu d’un nuage de poussière, de vibrations des vitres, portes et fenêtres, suscitant une peur panique auprès des âmes sensibles.

Au mépris de la réglementation relative à l’aménagement des horaires de travail au niveau des chantiers ouverts dans des zones d’habitations, le bruit des pelles excavatrices et des camions qui s’invitent dans les soirées des riverains ne connaît pas de répit ; il se prolonge tard dans la profondeur de la nuit, voire jusqu’à des heures indues au lever du jour.

Depuis l’ouverture du chantier, les riverains ne connaissent plus ce que le mot sommeil signifie ni la douceur d’un sommeil réparateur, après une dure journée de labeur. Selon les témoignages des riverains, le maître d’ouvrage assure être détenteur d’une autorisation de l’APC de Dély Ibrahim pour renforcer la cadence du travail par une vacation de nuit s’étalant de 20 heures à 6 heures.

Au-delà de la contestation des horaires de travail de nuit appliqués au niveau du chantier, les résidants du quartier s’interrogent comment ce projet immobilier a-t-il pu être avalisé par les services de l’urbanisme alors qu’une nouvelle réglementation interdisant l’implantation des promotions immobilières dans les zones d’habitation résidentielles a été édictée pour lutter contre la prolifération anarchique de ce type de construction.

L’Etat peut-il s’autoriser à violer ses propres lois ? Pour ne pas avoir à affronter la colère et l’hostilité des résidants des quartiers où s’érigent des promotions immobilières, beaucoup de promoteurs ont trouvé l’astuce en opérant quasiment dans la clandestinité. On ne connaît ni le maître d’ouvrage, ni la nature du projet, ni le délai de réalisation ou encore l’entreprise de réalisation...

Autant d’ informations que le promoteur est tenu, au regard de la loi, à afficher publiquement sur un panneau au niveau du chantier. «Spa Enpi». C’est la seule indication apposée pudiquement le long de la clôture du chantier de la discorde de Dély Ibrahim. Le statut d’entreprise publique, la nature stratégique d’un projet, fut-il frappé du sceau officiel, autorisent-ils tous les dépassements de la part des gestionnaires ?

Le slogan «entreprise citoyenne» ne doit pas être un slogan creux. «Alors que nos enfants sont plongés dans l’ambiance des examens qui exige de la concentration, de la sérénité, un sommeil réparateur, on leur inflige des nuits blanches, anxiogènes, avec ce chantier qui empoisonne la vie de notre quartier, s’indignent les habitants du Bois des Cars 2 de Dély Ibrahim.

Des concertations et des démarches sont en cours pour informer et sensibiliser les autorités compétentes sur le climat délétère qui règne dans ce quartier et qui risque de prendre d’autres proportions si des mesures urgentes ne sont pas prises pour faire respecter les lois et réglements de l’urbanisme par tous : par les auto-constructeurs et par les chantiers publics. O. B.

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