L’organisation Western Sahara Resource Watch (WSRW) a lancé un avertissement à destination des multinationales intéressées par le projet marocain de transport d’énergie produite au Sahara occidental occupé vers le Maroc.
L’ONG met en garde contre les «risques juridiques et de réputation» liés à une éventuelle participation à ce projet controversé. Dans des courriers adressés aux entreprises concernées, WSRW rappelle que le Sahara Occidental est considéré par l’ONU comme un territoire «non autonome» sans puissance administrante légitime. Elle cite également la décision de la Cour internationale de justice (CIJ), qui a déclaré les revendications marocaines sur le territoire «nulles et non avenues».
Ces conclusions ont été confirmées par une jurisprudence constante de la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE), laquelle considère le Sahara Occidental comme «séparé et distinct» du Maroc, déniant à ce dernier toute souveraineté ou mandat administratif sur la région. La CJUE a annulé plusieurs accords entre l’Union européenne et le Maroc, notamment dans les domaines de la pêche et du commerce, car ces accords incluaient le Sahara occidental sans le consentement explicite du peuple sahraoui.
L’ONG rappelle que la notion de consentement est un corollaire fondamental du droit à l’autodétermination. En outre, la Cour distingue clairement entre la population sahraouie autochtone, détentrice de ces droits, et la population actuelle, largement composée de colons marocains.
Le Front Polisario, reconnu comme représentant légitime du peuple sahraoui par les Nations unies, a été autorisé à plaider devant les tribunaux européens pour défendre les droits de son peuple. Cette reconnaissance renforce les arguments juridiques contre les projets économiques menés par le Maroc sur ce territoire occupé.
Le projet en question, initié par l’Office national de l’électricité du Maroc (ONEE), prévoit la construction d’une ligne électrique de 1400 km reliant Dakhla, dans le Sahara occidental occupé, à Casablanca. Cette infrastructure devrait transporter 3 GW d’énergie, avec une première phase opérationnelle en 2026 et une seconde en 2028. Cependant, selon WSRW, l’appel d’offres pour ce projet a été prolongé six fois cette année en raison de l’absence de candidats.
Cette hésitation reflète les préoccupations des entreprises face aux risques légaux et réputationnels liés à leur implication. Sara Eyckmans, représentante de WSRW, souligne que ce projet compromet encore davantage les droits légitimes des Sahraouis. «Ils ne veulent pas de ce projet, qui ne fait que renforcer la dépendance du Maroc à l’énergie produite sur leur territoire», déclare-t-elle.
Elle ajoute que les entreprises impliquées dans ce type de projets doivent être conscientes des risques considérables, tout comme les États qui cherchent à coopérer avec le secteur énergétique marocain tout en évitant de s’associer à une occupation illégale. Ce projet énergétique s’inscrit dans un contexte de mobilisation internationale croissante contre l’exploitation des ressources naturelles sahraouies.
WSRW, ainsi que d’autres organisations, plaident pour que les entreprises et les gouvernements respectent le droit international et évitent de s’impliquer dans des initiatives qui alimentent le conflit et bafouent les droits du peuple sahraoui. Avec une telle résistance, le projet marocain d’ «autoroute électrique» pourrait bien devenir un symbole des défis juridiques et éthiques liés à l’exploitation des ressources dans les territoires occupés.