Le chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Josep Borrell, et son homologue iranien Hossein Amir-Abdollahian ont annoncé, hier à Téhéran, la reprise «dans les prochains jours» des pourparlers sur le dossier nucléaire de la République islamique, rapporte l’AFP.
Les deux diplomates ont fait ces déclarations lors d’une conférence de presse conjointe à Téhéran après un tête-à-tête. «Ma visite a pour principal objectif de briser la dynamique actuelle, c’est-à-dire la dynamique de l’escalade», a déclaré J. Borrell, accompagné lors de sa visite d’un jour à Téhéran du coordinateur de l’UE chargé de superviser le dialogue de Vienne, Enrique Mora. «Nous allons reprendre les discussions» sur le nucléaire iranien «dans les prochains jours», a-t-il affirmé.
Et «quand je dis dans les prochains jours, cela veut dire rapidement et immédiatement». Pour le chef de la diplomatie européenne, un des obstacles majeurs bloquant les progrès dans les négociations est l’inimitié entre l’Iran et les Etats-Unis, deux pays qui n’entretiennent pas de relations diplomatiques depuis 1980.
«Il y a des décisions qui doivent être prises à Téhéran et à Washington, mais nous avons convenu aujourd’hui que cette visite sera suivie par la reprise des négociations également entre l’Iran et les Etats-Unis facilitées par mon équipe pour tenter de résoudre les problèmes en suspens», a-t-il dit.
Il a souligné devant son interlocuteur iranien les avantages économiques que pourrait tirer l’Iran d’une relance de l’accord de 2015, alors que ce pays souffre des sanctions. De son côté, H. Amir-Abdollahian a soutenu que son pays est «prêt à reprendre les pourparlers dans les prochains jours».
«Ce qui est important pour la République islamique d’Iran, c’est le plein avantage économique que l’Iran doit tirer de l’accord conclu en 2015 », a-t-il ajouté, en référence surtout à la levée des sanctions. «Nous essaierons de résoudre les problèmes et divergences à travers les pourparlers qui reprendront bientôt», a-t-il poursuivi. Les deux dirigeants n’ont pas avancé de date précise pour la reprise des pourparlers.
Blocage
Les pourparlers lancés à Vienne en avril 2021 entre l’Iran et les grandes puissances, à savoir la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne sont au point mort depuis mars. Washington et Téhéran s’accusent de les bloquer.
Les Etats-Unis y prennent part d’une manière indirecte, via l’UE. Les discussions visent à réintégrer Washington au pacte de 2015 prévoyant des limitations au programme nucléaire iranien, dénoncé en 2018 par l’ex-président américain Donald Trump, et à ramener l’Iran au respect intégral de ses engagements dictés par ce pacte.
Conclu par l’Iran et le Groupe 5+1 (Etats-unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), cet accord vise à garantir le caractère civil du programme nucléaire de la République islamique, accusée de chercher à se doter de l’arme atomique malgré ses démentis, en échange d’une levée progressive des sanctions internationales asphyxiant l’économie iranienne. Mais l’administration Trump a rétabli les sanctions américaines, provoquant l’ire de l’Iran.
L’administration américaine de Joe Biden a dit vouloir revenir dans l’accord de 2015, à condition que Téhéran renoue avec ses engagements, tandis que l’Iran exige auparavant la levée des sanctions.
Début juin, après que les Etats-Unis et les Européens ont fait voter une résolution au niveau de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) dénonçant le manque de coopération de Téhéran, l’Iran a déconnecté des caméras de surveillance de l’instance onusienne sur ses sites nucléaires. Mais il a ensuite souligné que ces mesures sont «réversibles» en cas d’accord à Vienne.
Après la désactivation des caméras, le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a averti que si le blocage persiste, «dans trois ou quatre semaines» l’AIEA ne serait plus en mesure de surveiller le programme nucléaire iranien.