Programme nucléaire iranien : Berlin dit «regretter» l’absence de «réponse positive» de Téhéran

13/09/2022 mis à jour: 15:03
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Le chancelier allemand, Olaf Scholz

Le chancelier allemand Olaf Scholz a indiqué hier «regretter» l’absence de «réponse positive» de Téhéran aux propositions destinées à relancer l’accord sur le nucléaire iranien. «Je regrette que l’Iran n’ait pas encore donné de réponse positive aux propositions des coordinateurs européens», a déclaré le dirigeant allemand lors d’une conférence de presse commune à Berlin avec le Premier ministre israélien, Yair Lapid, selon des propos recueillis par l’AFP. «Il n’y a aucune raison pour que l’Iran n’accepte pas ces propositions. Mais nous devons prendre note que ce n’est pas le cas et que cela n’arrivera certainement pas dans un proche avenir», a regretté le chancelier. 
 

Pour Y. Lapid, qui milite pour que les puissances occidentales ne relancent pas l’accord, ces négociations tournent à «l’échec». Dans un communiqué commun diffusé samedi, les gouvernements français, allemand et britannique ont rappelé que «début août, après un an et demi de négociations», le coordinateur de l’accord de 2015, à savoir le chef de la diplomatie européenne Josep Borell «a présenté un ensemble de textes finaux qui devaient permettre à l’Iran de remplir à nouveau ses obligations au titre» du pacte et «aux Etats-Unis de revenir à l’accord». 

Mais Téhéran a de son côté demandé une nouvelle fois la clôture d’une enquête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) concernant des traces d’uranium enrichi retrouvées sur trois sites non déclarés. Ce que le chef de l’Agence, Rafael Grossi, refuse. 
 

Cette demande de la République islamique a suscité de «sérieux doutes» du côté de Berlin, Londres et Paris concernant sa réelle volonté de relancer l’accord sur le nucléaire. 
 

Le discours de la République islamique
 

Hier l’Iran a affirmé qu’il est prêt à coopérer avec l’AIEA pour «balayer» les doutes soulevés par cette dernière sur le caractère pacifique du programme nucléaire de Téhéran. «La République islamique est prête à coopérer avec l’AIEA pour balayer les fausses impressions concernant ses activités nucléaires pacifiques», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères iranien, Nasser Kanani, lors de sa conférence de presse hebdomadaire. 

Il a ajouté que son pays «répondra en fonction de l’approche de l’agence». Cette déclaration intervient alors qu’a débuté ce même jour la réunion du Conseil des gouverneurs de l’AIEA à Vienne. 

A l’ouverture de cette rencontre, le directeur général de l’agence onusienne a affirmé être «prêt» à trouver une solution avec l’Iran. «Notre but n’est pas d’aggraver la situation ou de créer des problèmes, nous voulons juste clarifier cette question», a expliqué R. Grossi. «(…) Nous avons trouvé des traces d’uranium dans des endroits qui n’ont jamais été déclarés, qui n’étaient jamais censés avoir hébergé une activité nucléaire, et nous posons des questions», a-t-il observé. 

Dans un rapport présenté à ses Etats membres, l’agence onusienne avait indiqué mercredi «ne pas être en mesure de garantir» que le programme iranien soit «exclusivement pacifique» vu «l’absence de progrès» sur la question des trois sites non déclarés où sont détectées des traces d’uranium. Rapport jugé «sans fondement» par l’Iran. 
 

Depuis avril 2021, l’Iran est engagé dans des pourparlers sous la médiation de l’Union européenne (UE) pour relancer l’accord de 2015, avec la Grande-Bretagne, la Chine, la France, l’Allemagne et la Russie, et indirectement les Etats-Unis. Washington s’est retiré en 2018 de ce pacte conclu entre Téhéran et ces mêmes grandes puissances. 

Pacte destiné à limiter le programme nucléaire iranien, en échange de la levée de sanctions américaines. Le 26 juillet dernier, Josep Borrell a soumis un projet de compromis et a appelé les parties engagées dans les pourparlers à l’accepter pour éviter une «dangereuse crise». Après plusieurs mois de blocage, les discussions ont repris le 4 août dans la capitale autrichienne pour une énième tentative de sauver le pacte. L’objectif des pourparlers, auxquels les Etats-Unis participent de manière indirecte, est de remettre le processus sur les rails. 

L’Union européenne (UE) a soumis, le 8 août aux Iraniens et aux Américains, une «version finale» d’un accord prévoyant la levée de sanctions économiques contre l’Iran, notamment sur le pétrole, en échange de restrictions sur son programme nucléaire. 

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