Production de l’hydrogène vert : «L’Algérie peut devenir le principal fournisseur de l’Europe»

26/06/2024 mis à jour: 08:15
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L’hydrogène vert nécessite une technologie de pointe, que ce soit pour sa production, son transport ou son stockage - Photo : D. R.

Pour le Dr Lagha Chegrouche, directeur à l’Institut North African, l’Algérie «peut, à elle seule, satisfaire les besoins du marché européen du fait de ses réserves conséquentes pouvant être constamment renouvelées, mais aussi pour son emplacement dans une région où le risque de diffusion d’éventuels conflits est moins présent par rapport à d’autres régions comme le Proche Orient».

Confrontés à de multiples défis, le Vieux Continent mise beaucoup sur l’Algérie pour accélérer le processus de décarbonation et garantir sa sécurité énergétique à moyen et long terme. Pour trouver une alternative aux énergies conventionnelles, des pays comme l’Allemagne, l’Italie et la France, l’Autriche, se tournent déjà vers l’hydrogène vert.

Pour de nombreux experts, l’Algérie recèle un énorme potentiel et a, par conséquent, un grand rôle à jouer dans ce domaine. «Le grand atout de l’Algérie c’est qu’elle a beaucoup de soleil et personne ne peut le lui enlever. Son expérience dans la production, le stockage et le transport du GNL sont aussi des avantages qui peuvent l’aider à devenir un grand producteur et exportateur de l’hydrogène vert à l’avenir», a souligné Belkacem Ould Bouamama,  directeur de recherche et professeur à l’école polytechnique de Lille, hier, en marge des travaux du 9e symposium international sur les hydrocarbures et la chimie qui s’est tenu à l’ex-INH de Boumerdès.

Organisé à l’occasion du 61e anniversaire de la création de l’institut, l’évènement a vu la participation de plus de 120 cadres de Sonatrach, des chercheurs de divers horizons ainsi que des doctorants et des étudiants en hydrocarbures. «Ce symposium revêt une importance particulière au vu de la conjoncture internationale et des défis qui se posent à l’industrie pétrolière et gazière en Algérie et à travers le monde», indique le Pr Hamada Boudjemaâ, doyen de la faculté des hydrocarbures, principal pourvoyeur de Sonatrach en ingénieurs.

«Nos étudiants doivent constamment renouveler leurs connaissances et se mettre au diapason des nouveautés scientifiques et techniques et de ce qui se fait ailleurs. Car notre pays est confronté à une équation à trois inconnues auxquelles il faudra trouver des solutions», a-t-il ajouté.

Le Pr Hamada cite une progression de 3 ou 4% de la consommation interne, l’augmentation de la population et une industrialisation en nette croissance, précisant que la stratégie mise en œuvre par les pouvoirs publics a permis à l’Algérie de consolider sa position dans le domaine énergétique et de gagner la confiance de ses partenaires.

S’agissant de l’hydrogène vert, le Pr Ould Bouamama estime que l’Algérie peut devenir le principal fournisseur de cette énergie renouvelable vers l’Europe.  «La France et l’Allemagne veulent importer deux tiers de leurs besoins de l’Algérie. L’hydrogène peut être utilisé pour les véhicules mais aussi pour accélérer la carbonation de l’industrie.

Cela en plus de pouvoir  produire de l’ammoniac. C’est pour cette raison que l’Europe fait les yeux doux à l’Algérie», a-t-il expliqué en rappelant le projet H2Med, dont la réalisation a été décidée l’année passée à l’issue de la visite de la Première ministre Italienne, Giorgia Meloni, en Algérie.

Le projet, dont le coût est estimé à 2,5 milliards de dollars, porte en effet sur la réalisation d’un nouveau gazoduc de 837 km qui va relier les deux pays via la Tunisie, avec une capacité de 8 à 10 milliards de mètres cubes/an pour acheminer du gaz, de l’ammoniac et de l’hydrogène. L’Algérie a signé aussi un autre accord avec l’Allemagne, qui s’est engagé à réaliser une usine dans le Sud du pays pouvant produire jusqu’à 20 MW. «L’Algérie affiche une grande volonté politique pour réussir ce challenge et diversifier ses exportations.

Car le pétrole n’est pas une source éternelle. Si le prix de l’essence atteint 2,5 euros, il peut être abandonné et remplacé par les énergies renouvelables», a-t-il encore indiqué. Pour se lancer dans ce domaine, plusieurs ingénieurs ont bénéficié de formations spécialisées à M’sila et d’autres le seront incessamment à Boumerdès. «L’hydrogène vert nécessite une technologie de pointe, que ce soit pour sa production, son transport ou son stockage.

L’expérience acquise par l’Algérie dans le domaine du GNL est un atout majeur. Puisqu’on a pu le liquéfier il sera facile de le transporter», a-t-il encore appuyé. Pour sa part, le Dr Lagha Chegrouche, directeur à l’Institut North African, a évoqué la question des hydrocarbures au plan géostratégique.

Pour lui,  l’Algérie «peut, à elle seule, satisfaire les besoins du marché européen du fait de ses réserves conséquentes pouvant être constamment renouvelées, mais aussi pour son emplacement dans une région où le risque de diffusion d’éventuels conflits est moins présent par rapport à d’autres régions comme le Proche Orient». 
 

 

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