L’indice CyclOpe sur les prix des matières premières prévoit une nouvelle baisse des cours pour l’année 2024. Après un niveau de recul des prix mondiaux de 14% enregistré en 2023, l’indice s’attend à une poursuite de la tendance baissière cette année, à l’exception de l’uranium, du cuivre, de l’aluminium, du cacao, du blé et du tourteau de soja.
«Dans un contexte de croissance mondiale plutôt molle, nombre de marchés des métaux et de l’énergie resteront excédentaires», prévoit le rapport annuel publié hier. Regroupant les variations des prix des principales matières premières, le rapport CyclOpe prévoit du côté des produits agricoles, un recul de 10 points de pourcentage pour le maïs et le sucre, de 6 points pour le soja, de 7 pour le riz, de 16 pour le coton, de 14 pour la laine, de 18 pour l’huile de palme et 19 pour l’huile de soja.
«2024 sera l’année d’El Nino», phénomène climatique se manifestant par des hausses de températures provoquant des épisodes de sécheresse notamment en Amérique latine et en Océanie. Ce phénomène touchera particulièrement les récoltes au Brésil dont le soja, du maïs, le sucre et le café.
Pour les minerais et métaux, la même source entrevoit deux tendances qui s’opposent avec les minerais de la transition énergétique jugés qualifiés de stratégiques notamment le cobalt, le nickel et le lithium qui garderont un rythme baissier, contrairement au cuivre devant poursuivre sa progression et «retrouver le seuil de 10 000 dollars la tonne dans le courant même de l’année».
Le cuivre est appelé à devenir «la plus stratégique de toutes les matières premières dans les années à venir», précise le même rapport alors que contrairement aux autres métaux stratégiques (liés à la transition énergétique) et sur lesquels «la montée en puissance de la demande se fait encore attendre».
CyclOpe fait remarquer qu’en 2023, «la demande en lithium et en cobalt a été moins forte qu’anticipé, et la production indonésienne de nickel s’est développée plus rapidement». Ainsi, les cours du lithium ont perdu 54% en moyenne contre une perte de 46% pour le cobalt. Les cours du charbon devraient également poursuivre la même tendance baissière qu’en 2023, notamment avec la réduction des achats européens et peut-être aussi chinois.
Par contre, une progression est à prévoir en 2024 pour le prix de l’uranium qui sera soutenu par la reprise du nucléaire ainsi que les inquiétudes géopolitiques touchant des zones comme le Niger et le Kazakhstan. «Début 2024, l’uranium a passé au comptant la barre des 100 dollars la livre alors qu’il valait 20 dollars fin 2016», indique CyclOpe.
Du côté des matières énergétiques, le même rapport s’attend à une moyenne de prix pour le pétrole entre 70 et 80 dollars le baril ainsi qu’une réduction des cours du gaz naturel avec la montée des capacités de liquéfaction.
«Il y a beaucoup d’incertitudes géopolitiques, climatiques et sanitaires que l’exercice de prévision demeure bien difficile sur des marchés qui réagissent à toutes les tensions de la planète dont ils sont au fond les meilleurs révélateurs», estime Phillipe Chalmin, économiste et auteur dudit rapport