Prix capricieux et pénuries cycliques

05/01/2022 mis à jour: 07:20
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La disponibilité des produits en amont est desservie par le dérèglement du circuit de distribution / Photo : H. Lyès

Les prix s’envolent à nouveau et les crises reviennent en force en ce début d’année. Huile de table, pain, lait et même des produits agricoles connaissent une forte pression au grand dam du consommateur lambda.

L’année 2022 commence sous de mauvais auspices. Le pouvoir d’achat des Algériens en prend un sérieux coup. Le scénario d’avril 2021 se répète ces derniers jours, avec une crise qui touche l’huile de table. Un produit de large consommation qui se fait rare sur les étals des grandes surfaces. A Aïn Naadja, quartier populaire de la capitale, les bidons de 5 litres sont inexistants.

Seules les bouteilles de la marque Fleurial  remplissent les étals sans trouver d’acheteurs pour cause de hausse de prix. La bouteille de 2 litres est cédée à 700 DA. Même situation dans le marché de Birkhadem, pourtant connu pour être la place marchande la moins chère de tout Alger.

La pression de l’huile de table, qui a commencé dès le mois de décembre, touche également le lait en sachet. Il en est de même pour tous ses dérivés qui connaissent une hausse des prix qui dépasse les 10 à 20%.

Les bouteilles de lait caillé ne sont plus disponibles dans les supérettes. Leur prix qui ne dépassait pas les 120 DA est passé à 150 DA. Les prix des yaourts aussi ont augmenté de 3 à 5 DA. Ceci sans parler des viandes, notamment blanches, dont le prix a doublé depuis plusieurs mois sans connaître de baisse, comme le prévoyaient certains experts.

De leur côté, les boulangers ont décidé à la veille de la nouvelle année d’augmenter le prix de la baguette de pain (de 10 à 15 DA). Les raisons invoquées sont liées à la hausse des prix des intrants essentiels à la fabrication du pain. Ceci arrive au moment où les associations des commerçants appellent à la «retenue».

«Il y a des quantités suffisantes»

Le ministère du Commerce dément toute rupture dans les stocks, notamment pour l’huile de table. La production de cette matière couvre, rassure-t-il, les besoins nationaux à 170%. «Nous avons vérifié la situation du stock d’huile de table et rien n’est anormal», rassure un cadre au ministère du Commerce, qui précise que le «stockage excessif» des citoyens en prévision du mois de Ramadhan est «incompréhensible».

Pour Mohamed Mokrani, directeur de l’organisation des marchés et des activités commerciales au ministère du Commerce, la «spéculation» est à l’origine de cette situation. Pour lui, la raison avancée par les opérateurs économiques, à savoir la loi de finances (LF-2022) entrée en vigueur, n’est pas la cause de ces pénuries ni même de la hausse des prix.

Ce texte de loi n’a prévu, selon lui, aucune disposition dans ce sens. «Nous faisons un check régulier des stocks et dans les marchés de gros. Que ce soit pour les produits de large consommation, les fruits et légumes ou les produits d’épicerie, il y a des quantités suffisantes. Tous les indicateurs quant à l’approvisionnement du marché en matières essentielles, telles que le sucre, le lait, l’huile de table, la semoule et la farine, sont au vert», rassure le responsable.

Pour la question du pain, M. Mokrani reconnaît que le prix réglementé de la baguette de pain est «obsolète» par rapport au coût de revient de ce produit de large consommation.

Le directeur affirme être sensible aux revendications des 8400 boulangeries du pays. Plusieurs réunions ont eu lieu, précise-t-il, afin de trouver des solutions avec les opérateurs et les appliquer sur le terrain. «Des décisions vont être prises sur la base d’un rapport envoyé aux hautes autorités du pays», annonce-t-il. Le dossier qui prévoit la révision de la TVA sur les intrants est en cours d’étude... 

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