Prise en charge des femmes et des filles victimes de violence : Des associations appellent à mettre en place un guichet unique

22/11/2023 mis à jour: 04:30
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Comment optimiser les mécanismes de prise en charge des femmes victimes de violence afin de libérer celles-ci de la peur, de l’aider et de l’assister, depuis la signalisation de l’agression, jusqu’à la réparation judiciaire, en passant par le constat des dommages physiques et moraux, le dépôt de plainte, les mesures de protection, le procès etc. 
 

Pour 11 associations, la réponse est dans l’instauration d’un guichet unique de prise en charge de cette catégorie vulnérable de la société. De ce fait, et à quelques jours de la commémoration de la proclamation du 25 novembre de chaque année comme Journée internationale pour l’élimination des violences, ces associations ont appelé les institutions de l’Etat à adopter la solution du guichet unique qui, selon elles, facilitera la procédure de prise en charge et rendra celle-ci accessible à toutes les victimes et à travers l’ensemble du territoire national. 
 

«Le phénomène de la violence à l’égard des femmes n’est pas des moindres, il tend à s’exacerber d’année en année et le dispositif existant n’est plus à même d’y faire face dans son fonctionnement actuel. 

La volonté politique s’est exprimée par la mise en place d’une stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes, d’un numéro vert, de l’ouverture de deux centres d’accueil à Mostaganem et Annaba, la formation des policiers à la prise en charge des victimes et l’accueil humanisé des services de médecine légale», déclarent les associations signataires du plaidoyer, SOS femmes en détresse, Tharwa N’Fadhma n’Soummer, Association nationale femmes en communication, Femmes algériennes revendiquant leurs droits (Fard), Association Graine de paix, Association nationale des élues locales, Association des femmes rurales (Afud) de Béjaïa, Djazairouna, Fédération algérienne des personnes handicapées (Faph) et la Ligue de prévention et de sauvegarde de la jeunesse et de l’enfance, qui, disent-elles, «mènent des actions d’écoute, d’accueil, d’accompagnement et d’hébergement». 

Néanmoins, expliquent-elles, «l’écart entre le nombre de femmes violentées et celui des femmes qui parviennent au bout du parcours judiciaire reste énorme. L’analyse de la situation a fait émerger, en priorité, l’urgence de la création d’un guichet unique pour fédérer et coordonner tous les efforts existants». 
 

«Nous savons qu’elles déposent une main courante mais…»

Le collectif d’associations affirme qu’après avoir été validé, le mémorandum «a fait l’objet d’une remise aux différentes parties prenantes, dont la présidence de la République, les ministères de la Justice, de la Solidarité, de la Santé, de l’Emploi, (…) afin de recueillir leur soutien, leur adhésion et leur appropriation d’une action qui s’inscrit dans le processus de réparation d’une violation extrême d’un droit fondamental». 

Et de conclure : «Cette première étape réalisée, la suivante consistera à élaborer le contenu du guichet unique, à savoir sa composante et ses attributions, déterminer son implantation la plus indiquée et identifier les intervenants à former.» 

Le mémorandum rappelle qu’en 2006, «une femme sur dix a subi des violences physiques et deux sur dix ont fait l’objet de violence verbale répétée, alors qu’en 2022, 2,6% des femmes interrogées lors d’une enquête sur la violence ont affirmé avoir été frappées au moins une fois au point d’avoir mal, durant les 12 mois qui ont précédé l’enquête. Ce qui correspond à près de 900 000 femmes violentées en une année».

 Elles soulignent, par ailleurs, que l’époux occupe la première place des auteurs de violence, avec 1236 cas de violences physiques sur les femmes, suivi des membres de la famille avec 560 cas, des frères avec 233 cas, des fils avec 179 cas, des amants avec 118 cas, des pères avec 37 cas et des fiancés avec 37 cas. 

Les personnes étrangères aux victimes occupent la seconde place des agresseurs, avec 1704 cas. 

Pour les associations, les violences physiques sont les plus dénoncées par les victimes, avec 57,72% des plaintes déposées au niveau de la police, suivies des mauvais traitements avec 38,63% des plaintes, du harcèlement sur la voie publique (1,04%), des homicides avec 0,50% des plaintes, des coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort avec 0,11%, des plaintes, soit respectivement (31 et 7 victimes). 

Les auteurs de ce mémorandum qualifient d’«énorme» l’écart entre le nombre de femmes violentées et celui des femmes qui déposent plainte. «Nous savons que de nombreuses femmes ayant déposé une main courante pour sévices ne confirment pas la plainte. D’autres ne déposent pas plainte facilement. Lorsqu’elles le peuvent ou le font, elles se rendent chez le médecin légiste, soit directement soit sur réquisition du procureur, afin de faire constater les violences subies.» 

Elles mettent en avant l’éparpillement des structures ou des mécanismes de prise en charge de ces violences depuis le médecin légiste jusqu’au procès, en passant par les structures de soins, les services de police et de gendarmerie, les tribunaux, le procès, le ministère de la Solidarité, les lieux d’accueil et de placement, etc. Face à toutes ces étapes compliquées et décourageantes, les associations plaident pour «un allégement des démarches et une coordination entre tous les intervenants dans le circuit de la prise en charge à travers un guichet unique multisectoriel et pluridisciplinaire pour la prise en charge des femmes et des filles victimes de violence.

 Il s’agit d’un lieu physique qui regrouperait l’ensemble des services et des ressources utilisés pour accueillir, déposer et traiter des plaintes en toute confidentialité jusqu’à la réinsertion de la victime. 

Tous les interlocuteurs seraient dans un même lieu pour accueillir les victimes, les informer, les accompagner et faciliter leurs démarches. Ce guichet devra coordonner l’intervention des acteurs (police, gendarmerie, médecin légiste, procureur, associations, ministère de la Solidarité). 

Le chef de file peut être le commissariat ou l’unité de médecine légale au niveau de chaque wilaya et commune». 
 

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