Présidentielle à la Sierra Leone : Sous un air de revanche

25/06/2023 mis à jour: 01:02
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Environ 3,4 millions de personnes ont été appelées hier aux urnes pour choisir leur président entre 13 candidats. Le chef de l’Etat  sortant Julius Maada Bio brigue un second mandat face à son principal concurrent Samura Kamara. Les Sierra-Léonais doivent aussi élire leur Parlement et les conseils locaux. Un tiers des candidats devront être des femmes, en vertu d’une nouvelle loi.

Le principal concurrent de Julius Bio pour la présidentielle Samura Kamara a notamment dénoncé «les centres de vote congestionnés», dans une déclaration à la presse, après son vote dans la capitale samedi. Cette élection est déterminante pour «le futur de la Sierra Leone», a-t-il ajouté sans répondre à la question de savoir s’il accepterait ou non les résultats, selon des propos recueillis par l’AFP. Un candidat doit recueillir 55% des votes valables pour être élu au premier tour.

Cette présidentielle porte un goût de revanche : en 2018 J. Bio, ancien militaire à la retraite de 59 ans, est opposé à S. Kamura, technocrate de 72 ans et chef du Congrès de tout le peuple (APC). Le premier, candidat du Parti du peuple de la Sierra Leone (SLPP), l’a alors emporté au second tour avec 51,8% des voix. Depuis, J. Bio a eu à gouverner l’un des pays les plus pauvres de la planète, durement touché par la Covid-19, puis la guerre en Ukraine. L’ancienne colonie britannique peinait déjà à se remettre d’une guerre civile sanglante (1991-2002) et de l’épidémie d’Ebola (2014-2016). L’inflation et l’exaspération à l’encontre du gouvernement ont provoqué en août 2022 des émeutes qui ont causé la mort de 27 civils et six policiers.

Le président-candidat a dit privilégier l’agriculture et réduire la dépendance de son pays aux importations alimentaires. Samuel Kamura ministre des Finances, puis des Affaires étrangères avant l’avènement de Bio en 2018, a indiqué vouloir restaurer la confiance dans les institutions économiques nationales et attirer les investisseurs étrangers. La cherté de la vie est la préoccupation commune à une très grande majorité de Sierra-Léonais. Les prix de produits de base comme le riz sont montés en flèche. L’inflation était en mars de 41,5% sur un an.
Après des décennies de troubles, de coups d’Etat et de régimes autoritaires, la Sierra Leone élit son président depuis la fin des années 1990.

Le président Bio lui-même a été membre d’un groupe d’officiers qui a pris le pouvoir par la force en 1992, et leader en 1996 d’un nouveau putsch avant d’organiser des élections libres, puis de partir pour les Etats-Unis. 

Les défenseurs des droits humains dénoncent la persistance de graves abus, y compris de la part du gouvernement ou au nom du gouvernement. L’ouverture en février d’un procès pour corruption contre Samura Kamara, juste après sa désignation comme candidat, a soulevé des questions.

Le risque de violence est l’une des inconnues, bien que la campagne ait été plus calme que les fois précédentes à Freetown.  Macksood Gibril Sesay, ancien membre de la commission électorale, se dit inquiet du fait qu’après les émeutes d’août 2022, il n’y ait «pas eu de processus de guérison». 

«Tout le monde sait bien que les élections sont une période où il suffit d’une étincelle pour qu’il y ait le chaos partout».

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