Près de vingt ans après sa suppression : L’Algérie rétablit le visa pour les Marocains

28/09/2024 mis à jour: 01:11
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Les ressortissants marocains voulant se rendre en Algérie doivent désormais obtenir un visa. La décision a été annoncée, jeudi dernier, par le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, précisant que la mesure de rétablir l’obligation d’obtention du visa d’entrée sur le territoire algérien pour tous les ressortissants étrangers détenteurs de passeport marocain entre en vigueur immédiatement. 

«L’Algérie, toujours mue par des valeurs de solidarité tissées par les liens humains et familiaux qui unissent les deux peuples frères, algérien et marocain, avait évité, lors de la décision de rupture des relations diplomatiques avec ce pays, en août 2021, de remettre en question la liberté et la fluidité de la circulation des personnes», précise la même source. En annonçant cette mesure du gouvernement, le communiqué accuse le Maroc «d’actes attentatoires à la sécurité nationale».

 «Profitant du régime d’exemption des visas, malheureusement, le royaume du Maroc s’est livré à diverses actions attentatoires à la stabilité de l’Algérie et à sa sécurité nationale, avec l’organisation, à grande échelle, de réseaux de crime organisé, de trafic de drogue et d’êtres humains, de contrebande, d’immigration clandestine et d’actes d’espionnage, ainsi que le déploiement d’agents de renseignement sionistes, détenteurs de passeports marocains, pour accéder librement au territoire national», précise la même source.


Contrôle strict des points d’accès 

Selon le communiqué, «ces actes constituent une menace directe sur la sûreté nationale de notre pays et imposent un contrôle ferme et strict de tous les points d’accès et de séjour en territoire national». Selon les autorités, le «royaume du Maroc est tenu pour seul responsable de l’actuel processus de dégradation des relations bilatérales par ses agissements hostiles à l’Algérie». 

Pour rappel, les relations algéro-marocaines se sont gravement détériorées depuis 2021. Le Royaume marocain s’est rendu coupable, selon les autorités, de plusieurs actes hostiles, à commencer par une volonté d’inonder l’Algérie par des quantités industrielles de drogue, dont des centaines de tonnes ont été saisies par l’ANP et différents services de sécurité à proximité des frontières ouest. 

Plus grave encore, le Maroc a acquis du matériel sophistiqué d’espionnage destiné, entre autres, à surveiller des responsables et des citoyens algériens. Il s’agit du logiciel de fabrication israélienne, Pegasus, qui a été aussi utilisé pour espionner des responsables français. Cette affaire a été dénoncée, en juillet 2022, par le ministère des Affaires étrangères (MAE).

 «L’Algérie exprime sa profonde préoccupation suite aux révélations (…) faisant état de l’utilisation à large échelle par les autorités de certains pays, et tout particulièrement par le royaume du Maroc, d’un logiciel d’espionnage dénommé Pegasus contre des responsables et citoyens algériens», avait dénoncé le MAE. Et d’ajouter : «Etant directement concernée par ces attaques, l’Algérie se réserve le droit de mettre en œuvre sa stratégie de riposte et se tient prête à participer à tout effort international destiné à établir collectivement les faits et à faire la lumière sur la matérialité et l’ampleur de ces crimes qui menacent la paix et la sécurité internationales, ainsi que la sécurité humaine.»


Attaques contre des civils 

Poussant encore plus loin son hostilité à l’égard de l’Algérie, le Maroc est passé carrément à l’assassinat ciblé de civils. Entre 2021 et 2022, deux attaques de drones ont été perpétrées près de la frontière avec la Mauritanie, faisant trois morts et des blessés. La cible était des transporteurs, dont les camions ont été criblés de balles. Fin juillet dernier et à la veille du scrutin présidentiel du 7 septembre courant, le parquet de Tlemcen a annoncé l’arrestation de plusieurs personnes, dont quatre de nationalité marocaine, accusées de faire partie «d’un réseau d’espionnage».

 «Le juge d’instruction près le tribunal de Tlemcen a ordonné, dimanche, le placement en détention provisoire de sept individus, dont quatre Marocains, suite au démantèlement dernièrement d’un réseau d’espionnage et de renseignement, en vue de porter atteinte à la sûreté de l’Etat», a indiqué le parquet. 

Selon la même source, «les personnes identifiées par l’enquête tombent sous les accusations criminelles d’intelligence avec un pays étranger, ou l’un de ses agents», pour «crime d’espionnage», ainsi que pour «entrée illégale sur le territoire pour trois des ressortissants marocains». Le réseau en question, ajoute le parquet, «a recruté des ressortissants marocains et algériens dans le but de porter atteinte à des institutions sécuritaires et administratives algériennes». Pour rappel, le visa entre l’Algérie et le Maroc a été supprimé depuis 2005, soit 11 ans après son rétablissement en 1994 suite à une tension diplomatique. Le Maroc avait accusé directement l’Algérie d’être à l’origine de l’attentat perpétré dans un hôtel à Marrakech. 

Le royaume chérifien avait alors décidé d’imposer le visa aux ressortissants algériens. En guise de réciprocité, l’Algérie a appliqué la même procédure, avec en plus, la fermeture des frontières terrestres avec le Maroc. Il a fallu attendre 2005, pour voir le président, Abdelaziz Bouteflika, et le roi du Maroc, Mohammed VI, se mettre d’accord pour supprimer l’obligation de visa pour les déplacements des citoyens des deux pays. Les frontières terrestres, en revanche, sont restées fermées, malgré l’insistance du roi du Maroc qui a appelé, à plusieurs reprises, à leur ouverture.  Madjid Makedhi

 

Le président Tebboune préside une réunion du HCS restreint

Le président de la République, chef suprême des forces armées, ministre de la Défense nationale, Abdelmadjid Tebboune, a présidé, jeudi, une réunion du Haut Conseil de sécurité restreint, indique un communiqué de la présidence de la République.

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