France
De notre correspondant
Dès 20h hier soir, le président Emmanuel Macron a appelé à un «large rassemblement clairement démocrate et républicain» face au Rassemblement national qui a remporté le premier tour des élections législatives.
Les sondages avaient prévu que le Rassemblement national (extrême droite) serait en tête avec les dissidents des Républicains (droite) qui, entraînés par leur «patron» Eric Ciotti, ont rejoint le mouvement de Jordan Bardella. Et dimanche soir à 20h, les premières tendances accordaient à cet attelage autour de 35% des suffrages au niveau national. En deuxième position, le Nouveau Front populaire (Parti socialiste, Parti communiste, La France insoumise et les Ecologistes) pourrait atteindre la barre des 30%. Sous la bannière de «Ensemble la République» (ex-majorité présidentielle macroniste, centre droit) est loin derrière avec 20%. L’atmosphère était à la déprime hier soir. Enfin, la droite décrocherait à peine 10%.
577 sièges à pourvoir avec une majorité absolue à 289 députés
La particularité de ce scrutin sera le nombre important de triangulaires (trois candidats restant en lice) en raison de la participation très forte, entre 65 et 70%, taux qui abaisse le seuil de qualification au second tour. On parle de plus de 250 triangulaires. Cela complique les premières projections divulguées hier soir indiquant une nouvelle Assemblée répartie en trois groupes : un fort contingent pour le Rassemblement national (entre 260 et 310 députés, alors que la majorité est à 289) ; la gauche (NFP) qui décrocherait une représentation en baisse à moins de 150 députés.
Le mouvement présidentiel d’Emmanuel Macron sera donc le 7 juillet le perdant absolu avec moins de 120 députés. Pour ses trois dernières années, le président Emmanuel Macron devra cohabiter avec une opposition désormais actée dans les urnes. Sachant que la Chambre compte 577 députés et qu’hormis les 85 députés élus au premier tour, il reste des centaines de nouvelles campagnes en perspective pour le scrutin de dimanche prochain. Avec les jeux de désistement et les appels à voter pour tel ou tel camp qui influeront sur les résultats finaux. Les tractations des états-majors ont débuté hier soir et dès mardi on y verra plus clair dans ce charivari politique en cours.
La crainte de troubles à l’ordre public
Point majeur de cette élection historique, le ministère de l’Intérieur avait établi hier un dispositif exceptionnel de sécurité, surtout dans les grandes villes, pour prévoir tout débordement induit par des résultats électoraux qui changent le visage de la France et annoncent des clivages violents dans les mois à venir. Sur France Inter, mercredi dernier, le préfet de police Laurent Nuñez annonçait se préparer «à gérer toutes les configurations.
On peut avoir des manifestations de voie publique qui peuvent dégénérer». Le ministre de l’Intérieur (par ailleurs candidat à la députation), Gérald Darmanin, indiquait qu’une «partie de l’ultragauche et de l’ultradroite peuvent profiter de ce moment pour créer des émeutes, essayer d’attaquer des lieux de pouvoir». «Nous nous y préparons, les policiers et les gendarmes seront en nombre.»
Si la vigilance était de mise hier soir, l’inquiétude concerne surtout le soir des résultats du second tour, le 7 juillet. Il faut ajouter que le chaos engendré par une désormais potentielle victoire du RN n’est pas exclu. Une situation dont le site France Infos résumait, il y a déjà 15 jours, l’état d’esprit de nombre d’associations solidaires et humanitaires que le RN pourrait réduire à l’inactivité, conduisant des pans entiers de population, dont les étrangers dans le désarroi.
«Il va y avoir une résistance, on ne peut pas renoncer à nos valeurs humanistes.» Hier encore, sur le site de Libération, un agriculteur à la retraite votant à Lyon donnait son sentiment sur l’importance possible du score du RN : «Au niveau sociétal, il y a de gros risques, sur les libertés, l’emprise sur les médias ou l’éducation, c’est ce qui fait le plus peur.»
Le Nouveau Front populaire annonçait d’ailleurs hier soir une grande mobilisation place de la République. Pas question donc à gauche de concéder un pouce de terrain à l’extrême droite.
Macron appelle à un «large rassemblement»
Le président français Emmanuel Macron a appelé, hier, à un «large rassemblement démocrate et républicain» au second tour des élections législatives en France face au parti d’extrême droite Rassemblement national (RN), arrivé largement en tête au premier tour de ce scrutin. «La participation élevée au premier tour (...) témoigne de l’importance de ce vote pour tous nos compatriotes et de la volonté de clarifier la situation politique», a-t-il dit dans une déclaration écrite. «Face au Rassemblement national, l’heure est à un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour», a-t-il ajouté.