Préhistoire. Quartier Malki à Alger : Une cité nommée «Cheval»

06/07/2022 mis à jour: 18:46
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Photo : D. R.

Raconter le récit du cheval Barbe, c’est transcender les siècles et revisiter les batailles épiques, les chevauchées des grandes Aguelids numides, de Jugurtha à Takfarinas, en passant par Massinissa et Yuva. C’est aussi relire cette présence admirable du Barbe durant les résistance populaires de Cheikh El Mokrani, Lala Fatma N’Soumer, Cheikh El Berkani, l’Emir Abdelkader, de Bouamama et Ouled Sidi Cheikh. Le fils de Mahieddine, ou le chevalier de la foi a consacré toute une poésie au cheval.

Ce cheval appelé Barbe est une espèce de pure race évoluant dans toute la région de l’Afrique du Nord, en général, et l’Algérie en particulier. Dans une interview sur Jow TV, la préhistorienne du CNRPH, Mme Ginette Aumassip, a rappelé l’origine algérienne du cheval Barbe en précisant que les premiers ossements remontant à plus de 15 000 ans avant notre ère ont été découverts dans le site Aterien des Phacochère à la cité Malki, ex-Allobroges.

Elle a fait référence également à la génétique et plus précisément aux travaux de recherche entrepris par une équipe de scientifiques espagnols qui a certifié la présence de cette filiation génétique du Barbe dans pratiquement toutes les espèces équines. En effet, trois grands chercheurs de la préhistoire, MM. Djillali Hadjouis, Belkacem Bagtache et Madame Verra Eisenmann ont révélé l’existence d’une espèce d’équidés propre au Maghreb, et ce, à travers des fouilles menées en 1983 à la Cité Malki.

Ces opérations ont vu par la suite la contribution de Mme Chaïd, une chercheure de l’ex-Crape. Cet animal, baptisé Equus Algericus, a vécu dans l’ère du pléistocène moyen et celui datant du supérieur. Un autre cheval, au nom de malekeinsis, rappelant le nom de la cité Malki, cette découverte scientifique a honoré également la mémoire de Malki Mohamed, un facteur de la cité Allobroges assassiné par l’Oas le 22 avril 1962.

L’histoire du site Aterien des Allobroges fut le fruit du hasard et surtout le résultat de la curiosité d’un enfant de la cité Malki, Salim Belhadjouri, grâce à qui, tout le processus de recherche préhistorique a été déclenché, lui qui a remis à son père le fossile d’une mâchoire trouvée derrière le bâtiment I. L’objet en question a été déposé au Crape, l’actuel Centre national de recherches préhistorique, anthropologique et historique.

L’établissement muséal, en guise de remerciement, a remis un abonnement à vie à toute la famille. Parmi les grands chercheurs qui ont focalisé leur travaux sur le site Aterien des Phacochères, le professeur Balout et son équipe de Crape (Centre national de recherches préhistorique, anthropologique et ethnographique). Alertés également par les travailleurs du chantier de l’entreprise Berti, chargée de la construction de la Cité Malki, l’équipe chargée des fouilles a dépoussiéré le site en question, dévoilant ainsi un autre repère, ô combien important dans la cartographie des sites préhistoriques d’Alger.

Ce grand homme de science, Lionel Balout, a été gratifié de tous les honneurs dès 1957 et installé membre de la Commission d’histoire d’archéologie de l’Afrique du Nord pour évoluer après dans plusieurs postes liés au patrimoine et à la conservation des musées, notamment celui du Bardo.

A ce titre, nous pouvons lire dans la revue Lybica, éditée par l’ex-Crape en 1983, une publication de Djillali Hadjouis et Bagtache Belkacem dans laquelle ils ont fait la lumière sur les vertébrés quaternaires de l’Afrique du Nord.

Il s’agit de la présence de deux nouvelles espèces dans le continent africain, l’une représente un cheval de provenance eurasiatique, et l’autre a trait à l’Asinien, une espèce plus grande que l’âne actuel, dont les traits ressemblent plus à ceux des ânes de l’Afrique septentrionale de la fin du pliocène.

L’heure aujourd’hui est à la valorisation de ces sites situés dans des lieux urbains qui demeurent inconnus des habitants, aucune plaque indicative ne fait référence à ce cheval Barbe. Les élèves des deux écoles Mohamed Malki gagneraient à visiter le site Aterien des Allobroges se trouvant juste derrière le mur de l’école. 

YAM

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