Ouverts vendredi, les travaux du 16e congrès du Front Polisario se sont poursuivis hier dans la wilaya de Dakhla, dans les camps de réfugiés sahraouis, et devraient se prolonger jusqu’au 17 janvier.
Placé sous le slogan «Intensifier la lutte pour chasser l’occupant et parachever la souveraineté», le congrès a vu la participation de quelque 2000 délégués représentant les forces vives du peuple sahraoui dans les camps de réfugiés, dans les territoires sahraouis occupés ainsi qu’au niveau de la diaspora, aux côtés des représentants des institutions de la République arabe démocratique sahraouie. Comme de tradition, l’on a relevé également aux travaux de ce congrès une forte présence de délégations étrangères représentant les comités de soutien et de solidarité et les personnalités amies du peuple sahraoui venus d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine.
Hier, le secrétaire général sortant du Front Polisario et président de la Rasd, Brahim Ghali, a présenté devant les congressistes les rapports moral et financier mettant en exergue les principaux acquis, sur tous les plans, réalisés par la cause sahraouie depuis le 15e congrès. Le SG du Polisario a mis l’accent dans son intervention sur la conjoncture internationale dans laquelle se tient le congrès dominée par la pandémie de Covid-19 et ses retombées sociales et économiques sur le monde. Abordant le contexte géopolitique dans la région, en rapport avec le conflit du Sahara occidental, Brahim Ghali a relevé qu’«en dépit des conjonctures exceptionnelles marquant la reprise de la lutte armée, le 13 novembre 2020, en raison de la violation de l'accord de cessez-le-feu par le Maroc et sa tentative de s'attaquer à des civils sahraouis à El Guerguerat, un bond qualitatif a été réalisé à tous les niveaux, partant de la modernisation de l’Armée de libération sahraouie (ALS) et de son équipement en moyens matériels et humains disponibles pour s'adapter aux exigences imposées par la conjoncture». Le SG du Front Polisario a également évoqué un axe stratégique de la lutte du peuple sahraoui : la résistance populaire dans les territoires occupés, qui a mis à nu la nature répressive et policière du makhzen et les atteintes graves aux droits de l’homme commises contre les populations civiles. Il a, à cet égard, mis l’accent sur l’impératif stratégique du «front de la terre occupée et son renforcement par les moyens nécessaires en vue d'alimenter la résistance», parallèlement à la consolidation «des fronts médiatique et diplomatique». Les congressistes auront à examiner au cours de leurs travaux toutes les orientations contenus dans le bilan moral et financier présenté par le SG du Polisario, qui constituera une plateforme de travail en vue de l’élaboration des résolutions et recommandations à soumettre au congrès pour établir une feuille de route qui devrait structurer, sur tous les plans, la lutte du peuple sahraouie, dans la perspective de l’étape à venir.
Large mouvement de soutien et de solidarité à la cause sahraouie
à travers le monde
Le principe de l'intensification de la lutte pour chasser l'occupant et parachever la souveraineté sur l’ensemble du territoire sahraoui occupé fait, à cet égard, l’unanimité de toutes les composantes du peuple sahraoui. Au-delà de la réaffirmation de l’engagement des Sahraouis, peuple et dirigeants, à poursuivre et intensifier la lutte armée en tant qu’unique choix laissé aux Sahraouis pour faire entendre leur voix, les Sahraouis ont relevé avec satisfaction, à travers les nombreuses marques de soutien exprimées par les délégations étrangères présentes au congrès, la solidarité grandissante et agissante des opinions internationales éprises de paix et de justice à la cause sahraouie. C’est le sens de la déclaration faite hier par Mahrez Lamari, militant des droits de l’homme et des peuples, qui a appelé hier l'ONU «à agir avec fermeté pour mettre fin à l'arrogance et l'entêtement du Maroc et permettre au peuple sahraoui de jouir de son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance». Dans une déclaration publiée à l'occasion du 16e congrès du Front Polisario, M. Lamari a indiqué que «la persistance du conflit entre le Maroc et le Sahara occidental constitue une préoccupation majeure pour tous les citoyens épris de paix et de justice et imprégnés des valeurs nobles de l'humanité». «Ce conflit, qui n'a que trop duré, continue de faire peser une menace réelle sur la paix et la sécurité dans la région», a-t-il indiqué. «L'ONU ne doit pas encourager le Maroc à poursuivre sa rébellion contre le droit international et à intensifier les violations des droits humains dans les territoires occupés du Sahara occidental», a-t-il souligné. Plusieurs autres chefs des délégations étrangères ont fait part de leur soutien indéfectible à la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance dans des déclarations faites à l’occasion de ce congrès.
Le Maroc corrompt des parlementaires et des journalistes
en Amérique Latine
«En Amérique latine, la République arabe sahraouie et le Front Polisario bénéficient du soutien des gouvernements progressistes et des peuples de cette région», a indiqué le président de l’Association d’amitié avec la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et président du mouvement socialiste Allendiste chilien, Esteban Silva Cuadra, dans une déclaration aux médias, en marge du 16e congrès du Front Polisario. Esteban Silva Cuadra, qui est aussi analyste politique, a fait savoir que l’Amérique latine est représentée par une forte délégation lors de ce congrès. «Des dirigeants du Chili, du Venezuela, du Nicaragua, de Porto Rico, de Cuba, du Panama et d’autres pays d’Amérique latine sont venus, ici, pour exprimer la solidarité des peuples d’Amérique latine et des Caraïbes avec la lutte du peuple sahraoui», a-t-il déclaré. Par ailleurs, M. Cuadra a souligné que le 16e congrès du Front Polisario «se déroule à un moment historique pour la lutte juste du peuple sahraoui pour son autodétermination et son indépendance totale, à savoir la reprise du conflit armé» avec le Maroc. «La communauté internationale, notamment les peuples d’Afrique, d’Amérique latine et des Caraïbes ainsi que d’Asie, doivent accompagner le Front Polisario et renforcer leur solidarité avec le peuple sahraoui», a-t-il indiqué.
Par ailleurs, le président de l’Association d’amitié avec la RASD a fait savoir que le Maroc utilise les mêmes méthodes de corruption en Amérique latine que celles usitées au Parlement européen. «En Amérique latine, on a dénoncé la même méthode de corruption qui consiste à soudoyer des députés, des sénateurs, des politiciens et des journalistes», a-t-il assuré, soulignant que des preuves concrètes quant à l’implication du Maroc dans un scandale, pouvant être encore pire que celui qui secoue actuellement le Parlement européen, existent. De son côté, le président de l’Association d’amitié avec le peuple sahraoui de Séville, en Andalousie, Fernando Peraita, a mis l’accent sur la nécessité de donner de la visibilité à la cause sahraouie en Espagne, qui demeure la puissance administrante du Sahara occidental. «On essaye de maintenir la cause sahraouie vivante en Espagne pour que les Espagnols sachent qu’il y a un peuple qui lutte pour sa liberté», a-t-il déclaré. Sur un autre registre, M. Peraita a dénoncé le revirement du gouvernement espagnol sur le conflit au Sahara occidental, le qualifiant de «décision honteuse». La parlementaire argentine et militante pour la cause sahraouie Julia Perié a, quant à elle, insisté sur l’importance que représente le 16e congrès du Front Polisario. Selon elle, «ce congrès est fondamental pour dénoncer ce qui se passe au Sahara occidental et faire la lumière sur les souffrances du peuple sahraoui». Dans une déclaration à l’Aps, en marge des travaux du congrès, Mohamed Sidati, représentant du Front Polisario en France, a affirmé que les révélations concernant le «Marocgate», retentissant scandale de corruption au sein du Parlement européen (UE), ne sont que «la partie émergée de l’iceberg», soulignant que d’autres eurodéputés et institutions européennes sont impliqués dans ce vaste réseau de corruption dirigé par Rabat. A ce titre, M. Sidati a fait remarquer qu’outre plusieurs eurodéputés, des comités et des commissions du Parlement européen sont également impliqués dans ces affaires de corruption, citant à titre d’exemple les Commissions des affaires étrangères, des Droits de l’homme, de la pêche et de l’agriculture. C’est tout le mécanisme du Parlement européen qui est impliqué, d’où la nécessité pour cette institution européenne de faire son mea culpa et reprendre sa position de soutien au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, a-t-il indiqué.