Poursuite de la guerre contre Ghaza et le Liban : Les États-Unis et l’Allemagne, principaux pourvoyeurs d’armes d'Israël

13/10/2024 mis à jour: 10:20
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Alliée principale d'Israël, l’administration américaine n’a pas fléchi un moment son appui militaire et politique à l'Etat sioniste - Photo : D. R.

En dépit de la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) et des appels de plus en plus nombreux à un embargo sur les livraisons d’armes à Israël, les Etats-Unis, l’Allemagne et le Royaume-Uni continuent d’assurer un soutien militaire, aux forces israéliennes.

Pendant que Beyrouth brûle sous les bombes israéliennes, que Ghaza  subit depuis plus d’une année une guerre dévastatrice qui a fait plus de 42 000 morts, plus de 10 000 portés disparus et près de 100 000 blessés, que la Cisjordanie occupée est assiégée et fait l’objet d’offensives militaires violentes qui ont pour conséquence près de 600 morts en une année, les livraison d’armes à Israël n’ont pas fléchi, malgré la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) et les appels à l’embargo sur l’armement que de nombreux pays ont déjà mis à exécution.

Allié important d'Israël, la France, par la voix de son président Emmanuel Macron, a fini par rejoindre ces derniers, en appelant, jeudi, à l’interdiction de la vente d’armes à Tel-Aviv.  Bien plus. Il a accusé «d’incohérence»,  les gouvernements  qui appellent à un cessez-le feu à Ghaza tout en continuant à approvisionner les forces israéliennes en armes meurtrières.

Sous le fallacieux prétexte du droit à la légitime défense d’une force occupante,  les Etats-Unis et de nombreux pays européens ont, dès le 7 octobre 2023, soutenu la guerre génocidaire contre Ghaza. Dérive après dérive, le comportement de l’armée sioniste a été jugé par la Cour internationale de justice (CIJ) comme «génocidaire», et par la Cour pénale internationale (CPI) comme des actes de «crimes de guerre» et de «graves violations» du droit humanitaire, suscitant,  chez de nombreux pays,  la crainte de se voir complices dans l’épuration ethnique qui se déroule sous les yeux du monde et à ce jour.

Alliée principale d'Israël, l’administration américaine n’a pas fléchi un moment son appui militaire et politique à Tel-Aviv, malgré son offensive militaire qui prend une tournure extrêmement dangereuse pour la paix dans la région,  en l’élargissant  au Liban, à l’Iran, au Yémen, à la Syrie et à l’Irak, en attendant d’autres pays ciblés par son projet expansionniste.

Dans un nouveau rapport sur «Costs of War Project» sur les dépenses américaines, publié il y a quelques jours,  l’Institut américain Watson Bronwn d’études internationales a estimé à 22,76 milliards de dollars, le montant dépensé  par l’administration américaine pour les opérations israéliennes et connexes dans la région, du 7 octobre 2023 au 30 septembre 2024. Le rapport affirme en outre que le montant global «inclut les 17,9 milliards de dollars que le gouvernement américain a approuvés en matière d’aide à la sécurité pour les opérations militaires israéliennes à Ghaza et ailleurs depuis le 7 octobre,  soit bien plus que toute autre année depuis que les Etats-Unis ont commencé à accorder une aide militaire à Israël en 1959».

Le rapport précise, néanmoins, que cette enveloppe ne «représente qu’une partie» du soutien financier américain fourni pendant cette guerre et précise que c’est la marine américaine qui a «considérablement intensifié ses opérations défensives et offensives contre les militants houthis au Yémen», en soulignant que «les opérations US dans la région, y compris au Yémen, ont déjà coûté au gouvernement 4,86 ​​milliards de dollars, inclus dans la somme de 22,76 milliards de dollars».

La «raison d’état» de l’Allemagne et «les intérêts» géostratégiques US

Officiellement, depuis le 7 octobre 2023, l’administration américaine a livré à Israël 57 000 obus d’artillerie, 36 000 cartouches de canon, 20 000 fusils M4A1 et 13 981 missiles antichars. Au mois d'août dernier, elle a approuvé cinq contrats (qui attendent leur validation par le Congrès), de vente d’armes majeures, dont 50 avions de combat F-15, des munitions pour chars, des véhicules tactiques, des missiles air-air et 50 000 obus de mortier, entre autres équipements, pour un montant total de plus de 20 milliards de dollars.

Depuis le début de la guerre, Washington n’a pas cessé d’intensifier son aide à Israël tout en appelant à un cessez-le-feu et à éviter de cibler les civils. Pendant que Washington s’opposait  à une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU  exigeant la fin de la guerre, le président Biden a contourné le Congrès et utilisé une disposition d’urgence pour vendre environ 14 000 obus de char – d’une valeur de 106,5 millions de dollars à l’Etat hébreu.

En juillet 2024, alors que des centaines de Palestiniens ont été tués dans les raids aériens sionistes à Rafah, malgré l’ordre de la CIJ pour évacuer la zone, le président Biden, a autorisé les livraisons de bombes de 227 kg, et au mois d’août,  il a validé  cinq opérations de vente d’armes pour plus de 20 milliards de dollars, actuellement au niveau du Congrès. Un autre accord est approuvé un mois après, pour un montant de 8,7 milliards de dollars. Au mois de mars 2024, pendant qu’Israël bloquait une file interminable de camions d’aide militaire en Egypte, au point de passage de Rafah,  la presse américaine a fait état de la connaissance, par l’administration, de la décision d’Israël de fermer hermétiquement la frontière à l’aide humanitaire, alors que la population était confrontée à la famine, aux maladies, à la malnutrition et bien plus.

Fin septembre, Israël a assassiné le chef du Hezbollah libanais à Beyrouth, en lançant sur l’immeuble où il se trouvait  plus de  80 bombes, anti-bunker de 900 kg chacune,  de fabrication américaine qui ont réduit en cendres au moins trois tours d’habitations. Rien n’a changé dans la politique américaine vis-à-vis d'Israël auquel elle fournit 70% des armes,  en dépit des appels à l’embargo sur les armes à destination d'Israël qui deviennent de plus en plus nombreux.

Plusieurs Etats  ont pris la décision de cesser les livraisons d’armes à Israël, dès le début de la guerre génocidaire contre Ghaza. Il s’agit, entre autres, de l’Irlande, l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Nicaragua, le Chili, l’Afrique du Sud, la Turquie, pour ne citer que ceux-là mais d’autres comme l’Allemagne et le Royaume- Unis continuent d’aider militairement Israël à ce jour.

L’Allemagne livre à Israël 29% de l’armement dont il a besoin pour sa guerre contre Ghaza.  Voici une récente étude élaborée par EuroVerify, un site européen qui analyse la réponse des pays européens aux appels à un embargo et  les raisons du soutien de chacun des Etats à Israël. Ainsi la position de l’Allemagne est analysée comme faisant partie de sa «raison d’Etat», ou Staatsräson, en raison de son rôle dans l’Holocauste. Cela signifie que Berlin est de loin le plus grand fournisseur européen d’armes à l’Etat juif. 

La France, qui selon le site, qui  a assuré avoir cessé de transférer des armes à Israël, «a toutefois continué à lui fournir des pièces susceptibles d’être utilisées dans sa propre production nationale d’armes» écrit EuroVerify. Considérée comme le 3e fournisseur d’armes d'Israël, avec 1% des ventes, l’Italie, malgré son annonce de cessation d’exportation d’armes vers Tel-Aviv, a reconnu par son ministre de la Défense, «que des commandes signées avant le 7 octobre 2023, avaient été expédiées pendant la guerre», alors que la loi italienne interdit l’exportation d’armes létales vers des pays en guerre.

Le Royaume-Uni a annoncé avoir suspendu 30 des 350 licences d’exportation d’armes vers Israël, après avoir constaté «un risque clair que certaines exportations militaires vers l’Etat hébreu soient utilisées dans les violations du droit humanitaire international». Selon EuroVerify, le Royaume-Uni fournit toujours à Israël des composants des avions de combat F-35 utilisés dans la guerre contre Ghaza. 

 

 

 

 

 

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