Pourquoi les femmes sont-elles (souvent) plus frileuses que les hommes ?

21/01/2023 mis à jour: 06:33
AFP
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Avec des températures maximales à 19°C imposées dans les lieux de travail ou recommandées à la maison, certaines personnes peuvent avoir plus de mal à supporter le froid que les autres, et notamment les femmes. Hormones, métabolisme différent, masse musculaire plus faible… Explications.

Alors que les températures avoisinant les 0°C sont de retour, l’éternel constat revient lui aussi : nous ne sommes pas tous égaux face au froid. Si certains ne peuvent pas sortir sans s’être préalablement emmitouflé d’une grosse écharpe, d’un bonnet, de gants et d’une double couche de pulls, d’autres peuvent se balader en t-shirt sans aucun problème. Divers facteurs peuvent expliquer cela, comme des différences d’alimentation et d’activité physique (le mouvement créant de la chaleur) ou encore des problèmes pathologiques (comme un dysfonctionnement de la thyroïde, qui joue sur la régulation de la chaleur, ou des soucis de circulation sanguine). Mais les explications principales ne se trouvent pourtant pas là. Bien souvent, ce sont les femmes qui semblent être celles qui souffrent le plus des basses températures. Cette intuition a été plusieurs fois confirmée par différentes études scientifiques : la température idéale dite de confort se situerait entre 22°C et 24°C chez les hommes, contre 24,5°C et 26°C chez les femmes, soit une différence de deux degrés entre les deux sexes.

En 1998, une étude américaine publiée dans The Lancet constatait ainsi que les mains des femmes étaient 1,6°C plus froides que celles des hommes en moyenne, tandis que leur température interne, elle, était légèrement supérieure. Conclusion : la chaleur perdue au niveau des extrémités (qui relaient la sensation de froid au cerveau) au profit des organes internes accentue la sensation de froid chez les femmes.

Deux ans plus tard, en 2000, une équipe canadienne menée par Peter Tikuisis avance qu’il faut aussi tenir compte de la corpulence des sujets. Elle constate ainsi que cinq hommes et six femmes de corpulence similaire plongées dans un bain à 18°C pendant une heure se refroidissent aussi vite (avec une perte de 0,47° C par heure). Les femmes, dont la masse musculaire – qui produit elle-même de la chaleur – est généralement moindre que les hommes, seraient plus frileuses pour cette raison précise. Mais d’autres experts, comme le directeur de recherche au CNRS Emmanuel Bourinet, avancent de leur côté que cette inégalité entre hommes et femmes viendrait avant tout de leurs différences hormonales : «Les molécules réceptrices du froid sont régulées par la testostérone, ce qui fait qu’en fonction du sexe, on a une activité qui n’est pas égale», expliquait-t-il à Sud-Ouest.

En effet, la testostérone inhiberait la sensation de froid. «Nous avons fait l’expérience sur des souris et des rats, raconte la chercheuse. Quand on leur enlevait la testostérone, par castration, les mâles devenaient plus frileux. Et lorsqu’on leur redonnait la testostérone, ils récupéraient la thermosensation initiale : ils étaient moins sensibles au froid», a indiqué Dimitria Gkika, maîtresse de conférence en physiologie au Monde. 

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