Pour un développement humain durable démocratique et participatif

31/05/2023 mis à jour: 02:35
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Le lancement du premier Rapport Mondial sur le Développement Humain en 1990 a rouvert les débats portant sur certains domaines du développement qui devaient être réexaminés. La croissance économique, notait le rapport, ne saurait être la seule mesure des progrès. 

Il est important de dire, que le développement consiste à élargir la gamme des choix humains dans les domaines de l’enseignement, de la santé, des possibilités d’emplois et des loisirs, des revenus, des droits humains, et la liberté politique et économique. Le développement humain est un processus qui conduit à l’élargissement du spectre des possibilités qui s’offrent à chacun. En principe, elles sont illimitées et peuvent évoluer avec le temps. Mais quel que soit le stade du développement, elles impliquent que soit réalisées : trois conditions essentielles vivre longtemps et en bonne santé, acquérir un savoir et avoir un accès aux ressources nécessaires pour jouir d’un niveau de vie convenable. Si ces conditions ne sont pas satisfaites, de nombreuses possibilités restent inaccessibles. 
 

Le développement humain présente deux aspects : d’une part, la création de capacités personnelles par les progrès obtenus en matière de santé, de savoir et d’aptitude, et d’autre part, l’emploi que les individus font de ces capacités dans leurs loisirs à des fins productives, culturelles, sociales et politiques. Si le développement humain n’équilibre pas ces deux aspects, il peut en résulter une immense frustration. Bien que l’on commence à comprendre la plupart des mesures politiques qu’implique le concept de développement humain, de nombreuses ambiguïtés persistent. 

Le danger est grand de voir le développement humain devenir une mode plutôt qu’une pratique, un slogan plutôt qu’un plan d’action. Le développement humain se préoccupe à la fois de développer le potentiel humain et de l’utiliser de façon productive. 

Le premier terme de l’équation implique qu’il faut investir dans l’individu, le second que l’individu doit contribuer à la croissance du PNB et de l’emploi, les deux aspects sont essentiels. Il est également faux de penser que le développement humain est avant tout sectoriel, qu’il vise uniquement à investir dans l’enseignement, la santé et les autres services sociaux. L’épanouissement de l’individu est certes vital, mais n’est pas le seul aspect de la question. Le concept du développement humain englobe également la croissance au profit de l’individu, notamment la création d’opportunités économiques pour tous. 

Il implique encore que le développement se fera par l’individu dont la participation est essentielle, cette procédure comprend donc ces trois aspects, et non un seul. Le troisième malentendu consiste à penser que les stratégies de développement humain, ne s’adresse qu’aux groupes sociaux les plus pauvres, et que le principal objectif est de satisfaire leurs besoins fondamentaux. Il est bien vrai que ces besoins et les objectifs humains sont au centre de ces stratégies. 

Mais l’éventail des objectifs à poursuivre peut s’entendre depuis la survie des groupes les plus vulnérables jusqu’à la mise en place de programmes audacieux dans les domaines de la science et de la technique. Les choix des gens sont fondamentaux, mais ces choix différent en fonction du niveau du développement. A cet effet, ce concept est large et général. Il couvre toute la panoplie des choix accessibles aux êtres humains, quel que soient les sociétés auxquelles ils  appartiennent, et quel que soit leur niveau de développement. Dès lors, le débat sur le développement ne porte plus seulement sur les moyens (croissances du PNB) mais s’étend aux fins. 

Le développement humain se soucie autant des possibilités d’engendrer une croissance  économique : il a tout autant trait à la satisfaction des besoins fondamentaux des individus qu’à tout le spectre des aspirations humaines, et les dilemmes qui se posent au Nord ont autant d’importance que la misère qui sévit au Sud. Cette vision humaine  ne se réfère à aucun modèle préétabli. 

Il tire son aspiration des objectifs à long terme d’une société. Il construit le développement autour des individus et ne favorisent jamais le développement aux détriments de la population. Un système idéal de mesures et de contrôle du développement humain devrait inclure de nombreuses variables, de manière à fournir une image aussi complète que possible. L’utilisation de l’espérance de vie comme l’un des principaux indicateurs du développement humain repose sur trois considérations : la valeur intrinsèque de la longévité, le fait qu’elle aide les individus à poursuivre des objectifs variés, et son association avec d’autres caractéristiques, telle qu’une bonne santé et une nutrition adéquate.
 

L’importance de l’espérance de vie (comme l’un des principaux indicateurs) est fondamentalement lié à la valeur que les individus accordent à la possibilité de vivre longtemps et bien. Certes,  l’espérance de vie est très élevée, mais assurer une existence heureuse et utile aux personnes âgées et aux infirmes consiste en une tâche difficile et astreignante. Pour les populations moins favorisées, la vie est placée sous le signe de la détresse et des privations, celles-ci accordent sans doute une plus grande valeur à l’évolution de l’espérance de vie. La longévité permet aussi de poursuivre des objectifs plus précieux. Il se peut que vivre de longues années ne soit pas le seul objectif des individus. Mais pour réaliser leurs ambitions, il leurs faut pouvoir espérer vivre suffisamment longtemps pour développer leurs capacités, utiliser leurs talents et mener à bien leurs projets.
 

Une longue vie est en corrélation étroite avec une nutrition adéquate, une santé et une éducation appropriée
L’espérance de vie est donc une mesure supplétive de plusieurs autres variables du développement humain. Ce dernier comporte de multiples facettes. Pour refléter cette complexité, tout indicateur du progrès humain doit donc agréger d’autres indicateurs. 
 

Or, si ceux-ci sont trop nombreux, l’indicateur offre une image moins nette et donc plus difficile à utiliser et interpréter, d’où la nécessité d’un compromis, qui allie les avantages qu’une approche multidimensionnelle avec la nécessité de rendre compte des privations les plus significatives. Sans liberté, le développement humain est incomplet.
 

Tout au long de l’histoire, des individus ont sacrifié leur vie pour accéder à la liberté nationale et personnelle. Un indicateur de développement humain doit donc accorder un poids suffisant à la liberté dont jouit une société dans la poursuite de ses objectifs matériels et sociaux. Si l’objectif du développement est de permettre à chacun de faire davantage de choix, cela ne doit pas être au détriment des générations futures. En d’autres termes, le développement doit être durable. 
 

Le plaidoyer pour un développement durable, c’est-à-dire, qui peut être soutenu dans le temps, ne se résume pas à réclamer la protection de l’environnement. Le développement durable implique au contraire un nouveau concept de croissance économique qui doit offrir équité et égalité des chances à tous les individus  et pas seulement à quelques privilégiés. 

Ceci sans continuer à détruire les ressources naturelles limitées et sans compromettre la capacité de notre pays à assurer la subsistance de ses habitants Le développement durable est un processus par lequel les politiques économiques, fiscales, commerciales, énergétiques, agricoles et industrielles sont toutes conçues en vue d’instaurer un développement qui soit économiquement, socialement, et écologiquement durable. Par conséquent, la consommation actuelle ne saurait être financée en contractant des dettes économiques que d’autres devront rembourser. L’investissement dans la santé et l’éducation de la population d’aujourd’hui doit se faire sans pour autant créer des dettes sociales pour les générations futures. Les ressources naturelles doivent être exploitées de manière à ne pas s’endetter sur le plan écologique en altérant l’équilibre qui existe entre la population et l’environnement.
 

En somme, les conditions nécessaires pour instaurer un développement durable sont les suivantes :
 

-Éliminer la pauvreté.                
-Diminuer la pression démographique.               
-Répartir plus équitablement les ressources.               
-Assurer une meilleure santé, une instruction et une formation de qualité aux populations.
-Décentraliser la gouvernance et instaurer une gestion participative.
-Mettre en place un système d’échanges plus équitable et plus ouvert, comprenant une augmentation de la production pour la consommation locale.
-Garantir une meilleure compréhension de la diversité des écosystèmes, trouver des solutions adaptées aux problèmes écologiques locaux et surveiller plus attentivement les activités de développement sur l’environnement.
 

Notre pays doit se fixer ses propres buts et concevoir sa propre stratégie. Il a la tâche difficile. Il doit formuler ses objectifs à long terme, calculer les coûts et les intégrer au sein des stratégies d’investissement. Il doit également effectuer les changements radicaux, tant au plan des institutions que des cadres politiques, qui lui permettront de réaliser ses objectifs. Il a donc à définir un nouveau cadre de planification nationale. Il ne s’agit pas là d’un simple exercice technocratique. 
 

Des changements de cette envergure exigent une mobilisation de la volonté politique nationale, car la mise en œuvre d’une véritable stratégie de développement humain ne manquera pas d’introduire des changements dans  la société.

Le développement humain tel que défini dans le premier Rapport sur le Développement humain en 1990 est d’élargir la gamme des choix offerts à la population, qui permettent de rendre le développement plus démocratique et plus participatif.
Ces choix doivent comprendre des possibilités d’accéder au revenu et à l’emploi, à l’éducation, aux soins de santé et à un environnement propre et ne présentant pas de danger.
L’individu doit également avoir la possibilité de participer pleinement aux décisions de la communauté et jouir des libertés humaines, économiques et politiques. 

 

Par le Docteur : MOUSSA TAMADARTAZA   
Médecin, ancien sénateur 

 

Référence:
-Rapport mondial sur le développement humain 1990
-Programme des nations unies pour le développement
- Les objectifs du  milliaire pour le développement 

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