Pour soutenir l'adhésion de la Finlande à l’OTAN : Le chef d’état-major américain à Helsinki

04/06/2022 mis à jour: 17:17
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Le chef d'état-major américain, Mark Milley, reçu par le président finlandais, Sauli Niinisto

Le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, a rencontré hier à Helsinki le président finlandais, Sauli Niinistö, pour témoigner du soutien des Etats-Unis à l’adhésion de la Finlande et la Suède à l’Otan, rapporte l’AFP. «Il est clair que d’un point de vue militaire, la Finlande et la Suède, si leurs candidatures sont approuvées, renforceront nettement les capacités militaires de l’Otan», a déclaré le général Milley aux journalistes l’accompagnant dans sa tournée. 

Le plus haut gradé américain a précisé être venu «discuter de la voie à suivre pour leur adhésion à l’Otan et des opérations, activités, exercices, etc. que nous, Etats-Unis, en tant que pays membre de l’Otan, pouvons effectuer pour les soutenir afin d’améliorer notre niveau de préparation et notre interopérabilité».

 Le général Milley est attendu aujourd’hui en Suède, autre pays nordique que la guerre en Ukraine a conduit à renoncer à des décennies de non-alignement pour demander son entrée dans l’Alliance atlantique. Si l’armée finlandaise ne compte que 13 000 professionnels, le pays de 5,5 millions d’habitants, qui partage quelque 1300 km de frontière avec la Russie, affiche un nombre impressionnant de 900 000 réservistes avec une armée en temps de guerre capable d’atteindre 280 000 soldats. La Suède, de son côté, possède une armée de métier de 25 000 personnes, auxquelles s’ajoutent quelque 30 000 réservistes.

 Mais elle a, comme la Finlande, un accès à la mer Baltique qui pourrait ainsi devenir un «lac Otan», en dehors des eaux russes au large de l’enclave russe de Kaliningrad et de Saint-Pétersbourg. «Ces deux armées sont d’ores et déjà compatibles avec l’Otan», a souligné le général Milley.  La candidature des deux pays nordiques se heurte à l’opposition d’Ankara, qui reproche à la Finlande et la Suède d’héberger des «terroristes» du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et leurs alliés. Les deux pays cherchent des assurances de sécurité avant l'adhésion formelle, qui leur garantira un soutien inconditionnel des alliés en vertu de l’Article V du traité fondateur de l’Otan, un processus de plusieurs mois que l’opposition d’Ankara risque de prolonger.

 En l’absence de garantie de sécurité formelle, les deux pays ont demandé une présence militaire américaine renforcée en mer Baltique et dans le nord de l’Europe. 
 

L’Allemagne se «remilitarise»
 

De son côté, le Bundestag, Chambre basse du Parlement allemand, a approuvé hier une modification de la Constitution pour la mise en place d’un fonds exceptionnel de 100 milliards d’euros visant à moderniser l’armée face à la menace russe. 

Cette adoption à une majorité des deux tiers par les députés doit permettre de remplir la promesse faite par le chancelier social-démocrate, Olaf Scholz, fin février, après le déclenchement de l’intervention russe en Ukraine : réarmer le pays au cours des prochaines années et moderniser la Bundeswehr, dont les équipements sont vétustes. 

Le Bundesrat, la Chambre haute du Parlement, devra encore valider la décision. Pour la première économie européenne, il s'agit d’assurer la défense de son territoire et de remplir ses engagements envers l’Alliance atlantique, en atteignant l’objectif de consacrer 2% du PIB national par an à la défense. «C’est le moment où l’Allemagne dit : ''Nous sommes là, quand l’Europe a besoin de nous''», a déclaré la cheffe de la diplomatie, l’écologiste Annalena Baerbock, devant les députés. Le fonds exceptionnel est financé par de la dette supplémentaire. 

Pour cela, il a fallu contourner les règles inscrites dans la Constitution nationale, appelées «frein à l’endettement», qui limitent strictement les possibilités de déficit budgétaire. C’est pourquoi le gouvernement de coalition entre sociaux-démocrates, écologistes et libéraux a eu besoin de l’appui de la principale force de l’opposition, les conservateurs CDU/CSU.  Pour sa part, la Russie a accusé hier l’Allemagne de «remilitarisation» en référence à son passé nazi. «Nous prenons cela comme une nouvelle confirmation que Berlin est sur la voie d’une nouvelle remilitarisation. On sait bien comment ça peut se finir», a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. 
 

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