La Russie a mis fin en juillet à l’accord par lequel l’Ukraine pouvait exporter ses céréales et menace depuis d’attaquer des navires au départ de l’Ukraine en mer Noire. L’Ukraine dépend désormais de routes terrestres et d’un port fluvial peu profond, ce qui limite considérablement ses volumes d’exportation de céréales.
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, se rendra «bientôt» à Sochi, en Russie, pour discuter avec son homologue russe, Vladimir Poutine, de la reprise de l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes, a annoncé hier le porte-parole de son parti, Omer Celik, selon l’AFP. «Notre président a pris l’initiative (de pourparlers pour la reprise de l’accord, ndlr) (...) pour éviter que le monde soit face à une crise alimentaire. Il visitera bientôt Sochi. Nous pensons que de nouveaux développements pourraient avoir lieu après cette visite», a affirmé O. Celik.
Aucune date n’a pour l’instant été communiquée par les autorités turques ou russes concernant cette visite. Selon l’agence Bloomberg, le chef de l’Etat turc pourrait se rendre en Russie le 8 septembre prochain, avant son départ pour le sommet du G20.
La Russie a mis fin en juillet à l’accord par lequel l’Ukraine pouvait exporter ses céréales et menace depuis d’attaquer des navires au départ de l’Ukraine en mer Noire. L’Ukraine dépend désormais de routes terrestres et d’un port fluvial peu profond, ce qui limite considérablement ses volumes d’exportation de céréales. La Turquie tente de faire revivre l’accord initial, dans l’espoir de l’utiliser comme tremplin pour des négociations de paix plus larges entre Kiev et Moscou.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré, vendredi lors d’une visite à Kiev, qu’il ne voit «aucune alternative» à la relance de l’accord initial. Ce dernier devrait se rendre à Moscou dans les prochains jours pour discuter des demandes du Kremlin et organiser une rencontre entre le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et le Rrusse Vladimir Poutine.
Discorde
Par ailleurs, le ministre ukrainien des Affaires étrangères a critiqué hier les pays voisins pour leur intention de limiter les importations de céréales en provenance de son pays au-delà de l’interdiction imposée par l’Union européenne (UE). La Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Hongrie et la Bulgarie (qui n’est pas un voisin direct de l’Ukraine) ont déclaré, la semaine dernière, qu’elles souhaitaient que l’UE prolonge l’interdiction, qui doit expirer le 15 septembre, jusqu’à la fin de l’année, pour défendre leurs propres agriculteurs.
Ces cinq Etats ont menacé de prendre des mesures à l’échelle nationale si l’UE ne prolonge pas les restrictions, que la Commission européenne a autorisées, début juin, à prolonger jusqu’au 15 septembre pour bloquer sur leur territoire la commercialisation de blé, maïs, colza et tournesol ukrainiens, qui, selon eux, provoque l’effondrement des prix sur les marchés locaux. «Nous nous y opposons catégoriquement, car cette mesure règle le marché commun», a déclaré le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kuleba, lors d’une visite à Prague.
«Cette règle violera l’Accord d’association Ukraine-UE, mais surtout elle ira à l’encontre du principe de solidarité sur lequel repose l’Union européenne», a-t-il ajouté. Il a déclaré que son pays est prêt à travailler avec les cinq membres de l’UE afin de trouver une solution à ce problème.
Il leur a également demandé «de ne pas prendre la question de l’exportation des céréales en otage dans leurs processus politiques internes», alors que la Pologne, en particulier, se prépare à des élections législatives. «S’ils se comportent de la sorte, nous n’aurons d’autre choix que de défendre farouchement nos droits et ceux des agriculteurs ukrainiens», a ajouté le chef de la diplomatie ukrainienne. Bien qu’alliée de l’Ukraine, la Pologne s’est opposée à Kiev au sujet des importations de céréales, ce qui a déclenché une querelle diplomatique entre les deux pays sur ce sujet.
En juillet, un conseiller présidentiel polonais, Marcin Przydacz, a déclaré que Varsovie donnait la priorité à «la défense des intérêts des agriculteurs de l’UE en demandant la prolongation des restrictions sur les importations de céréales ukrainiennes». Il a appelé l’Ukraine à montrer de la reconnaissance pour «le rôle que la Pologne a joué» en la soutenant contre l’intervention russe. Kiev a réagi en convoquant à son ministère des Affaires étrangères l’ambassadeur de Pologne. Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, l’UE est devenue une voie de transit et une destination d’exportation majeure pour les céréales ukrainiennes.